L'éducation sentimale, Flaubert
Rapport de stage : L'éducation sentimale, Flaubert. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar eliott.chiq • 13 Juin 2019 • Rapport de stage • 2 817 Mots (12 Pages) • 499 Vues
Commentaire littéraire
Plan
Axe I Un regard réaliste et esthétique sur paris
1. Le parcours visuel de Frédéric
2. Une peinture réaliste du Paris du XIXème siècle
3. Un tableau animé
Axe II L’ennui
1. Un personnage ennuyé
2. L’ennuie au dégout
3. Paris est devenue gris, sale et morne
Introduction
Le passage qui nous est proposé est extrait du chapitre 5 de L’Éducation sentimentale de Gustave Flaubert, paru en Frédéric vient de découvrir que la femme qu’il aime est partie en province. Triste et désœuvré, il contemple Paris depuis sa chambre puis sort se promener dans Paris. Nous étudierons comment Flaubert peint un tableau réaliste de Paris, à travers le regard lassé de Frédéric Moreau. Nous verrons d’abord de quels éléments, conférant au passage son réalisme, est composé ce tableau parisien. Puis nous analyserons comment l’ennui de Frédéric, en modifiant ses perceptions, imprègne le paysage qu’il contemple ou parcourt.
Axe I
Le texte propose un regard réaliste et esthétique sur Paris, regard qui est fonction des allées et venues ou du regard de Frédéric. Le passage suit le parcours parisien de Frédéric, qu’il reste immobile ou qu’il soit en mouvement. En effet, il est structuré par les différents regards que Frédéric porte sur Paris : «Il passait des heures à regarder, du haut de son balcon». Commence alors une description de ce qu’il choisit d’observer : «Ses yeux délaissant à gauche le pont de pierre de Notre- Dame et trois ponts suspendus, se dirigeaient toujours vers le quai». Puis, renonce à cette activité : «Il rentrait dans sa chambre ; couché sur son divan, il s abandonnait à une méditation» et se décide à sortir : «Enfin, pour se débarrasser de lui-même, il sortait». Commence alors une seconde description des quartiers que Frédéric chemine : «Il remontait, au hasard, le quartier latin (...), et, parvenu devant le Luxembourg, il n’allait pas plus loin. Quelquefois, l’espoir d’une distraction l’attirait vers les boulevards». C’est pour cette raison que le but du texte est en focalisation interne via le regard ennuyé de Frédéric. Son premier «parcours» est une observation cyclique du paysage depuis son balcon : une description précise et réelle de Paris à l’époque de Flaubert. La première phrase de la description prend soin d’indiquer précisément où se trouve Frédéric : «Il passait des heures à regarder, du haut de son balcon, la rivière qui coulait». Celui-ci habite près des bords de Seine, et depuis son balcon se trouve une vue dégagée ; et son balcon lui permet aussi d’avoir un point de vue surélevé et panoramique. La phrase de Flaubert, parfaitement rythmée (trimètre : 9/6/6), permet au lecteur de se laisser prendre à la fois par un rythme et par une vision. Le narrateur insiste sur le temps passé par le personnage à regarder : « Il passait des heures à regarder» où cette lenteur justifie une description longue, qui s’attarde. En effet, la phrase dépeignant ce qu il voit est très longue, montrant la lenteur du regard de Frédéric qui balaie tout le paysage. Cette phrase part d’une vue générale pour arriver à un point particulier : la rivière au caniche. Elle est construite en progression à thème linéaire, chaque propos nouveau en entraîne un autre et ainsi de suite : la rivière, les quais, le ponton, les blanchisseuses, les gamins, la vase, le caniche. Le texte est d’ailleurs, comme très souvent chez Flaubert, et particulièrement dans ce roman de l’ennui, e majorité à l’imparfait, si l’on exclut la première phrase d’introduction : «Comme il n’avait aucun travail, son désœuvrement renforçait sa tristesse. Il passait des heures à regarder (...) Il rentrait», «il sortait», «il remontait», «avaient un aspect» «on entendait».
Le narrateur fait aussi défiler sous les yeux du lecteur des noms de lieu, toute une géographie parisienne, qui va du pont de Notre-Dame aux Tuileries. Le parcours est précis ; habilement, le narrateur note ce que Frédéric décide de ne pas contempler, en indiquant dans quel sens s’oriente son regard ; ainsi, le lecteur peut aisément se représenter ce que «ses yeux délaissaient» : «à gauche le pont de pierre de Notre-Dame et trois ponts suspendus». Puis son regard : «se dirigeaient toujours vers le quai aux Ormes». Ses yeux se détournent alors vers les monuments de la capitale qu il cite les uns après les autres : les églises, et deux monuments historiques la colonne de Juillet et le dôme des Tuileries (qui sera détruit pendant la Révolution de 1848 sous les yeux de Frédéric.). Mais le narrateur ne se contente pas de ce parcours ; comme un peintre réaliste, il compose un véritable tableau, avec un décor, des couleurs, des jeux de lumière : «sur un massif de vieux arbres, pareils aux tilleuls du port de Montereau (...) le génie de la colonne de Juillet resplendissait à l’orient comme une large étoile d’or, tandis qu’à l’autre extrémité le dôme des Tuileries arrondissait, sur le ciel, sa lourde masse bleue». De plus, comme s’ils renaissaient sous le regard du personnage, les lieux semblent vivants et presque doués d’une vie autonome ; ce n’est plus Frédéric le sujet mais les lieux : «se levaient en face (...) le génie de la colonne de Juillet resplendissait à l’orient (...) le dôme des Tuileries arrondissait, sur le ciel, sa lourde masse bleue». Le paysage, d’abord gris («la rivière qui coulait entre les quais grisâtres, noircis, de place en place, par la bavure des égouts»), s’est peu à peu éclairé et coloré d’or et de bleu. Des formes se sont dressées, détachées de l’ensemble, et sont apparues : «se levaient en face, parmi les toits confondus», «le dôme des Tuileries arrondissait, sur le ciel, sa lourde masse bleue». Il y a bien là une recréation d’une œuvre picturale de toute beauté. On retrouve des notations semblables, jouant sur les contrastes entre ombre et lumière, dans la dernière partie du texte : «il arrivait sur de grandes places désertes, éblouissantes de lumière, et où les monuments dessinaient au bord du pavé des dentelures d’ombre noire». La phrase est ciselée, le «dessin» que forment «les dentelures d’ombre noire» est ainsi rendu dans toute sa finesse et sa délicatesse. Puis, lorsque Frédéric se décide à sortir, le narrateur décrit un nouveau
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