Par delà le beau et le laid : le sublime
Commentaire d'oeuvre : Par delà le beau et le laid : le sublime. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar antoinistan • 26 Février 2018 • Commentaire d'oeuvre • 1 189 Mots (5 Pages) • 1 042 Vues
Le laid et le beau dans la littérature et le cinéma moderne
Ou : l’esthétisme comme réponse à la crise de la culture post-idéalisme
Intro :
Les différentes compositions réunies dans cette présentation rendent compte d’un processus double et contradictoire : si la beauté est aujourd’hui devenue un impératif, jamais les œuvres d’art n’ont autant cultivé la laideur, le dégoût, voire l’horreur. On semble avoir définitivement rompu avec l’opposition entre une beauté plaisante et morale, et une laideur haïssable, suscitant des sentiments négatifs allant jusqu’à la terreur. L’art ne se voue plus désormais à la seule beauté ; beauté et laideur y coexistent.
1. Le laid et le beau : deux catégories opposées, mais solidaires
A. Comment la laideur vint au monde
Si l’on rassemble un nombre de remarques provenant d’œuvres théoriques diverses, on évoque une théorie esthétique qui conçoit la laideur comme la négation pure et simple de la raison et de la morale, voire de l’humanité même. Pour l’athéiste et l’anarchiste Van de Velde, la Laideur se situe exactement à l’endroit où la doctrine chrétienne plaçait le diable et le vice, et qu’il faut éradiquer avec la dernière fermeté
Comme d’autres théoriciens qui l’avaient précédé Van de Velde voulait remonter vers les origines supposées de l’humanité pour comprendre l’élan de la création artistique.
La Beauté résulte donc de l’accord de l’homme avec ses propres facultés sensorielles. Inversement, la Laideur signifie un désaccord de l’homme avec lui-même.
La laideur est selon Van de Velde le cancer du monde moderne, dont il faut cerner l’origine pour pouvoir le traiter tel un médecin guérissant un mal.
B. Un moderne apollinien
On désigne canon de beauté les normes considérées comme belles à une certaine époque et à un certain endroit. Ces normes évoluent avec le temps et dans l'espace. Ainsi, ce qui était beau il y a un siècle ne le sera pas forcément aujourd'hui. Le beau suit l'évolution des modes et est dépendants de l'évolution des techniques.
Le temps et l'évolution socioculturelle modifient la silhouette de l'idéal corporel, c'est pourquoi, dans la deuxième moitié du XXème siècle, le monde des bourgeois s'intéresse de plus en plus aux activités sportives. Celles-ci transforment le corps en instrument et place le sportif dans le cadre des rapports de production et de consommation. La pratique sportive devient par ce biais très prisée socialement, elle donne par ailleurs une certaine vision du corps : minceur, élégance, musculature...
Emile Durkheim, grand sociologue français du XIXème siècle, assure que pour distinguer les individus il faut un facteur d'individualisation, c'est le corps qui joue ce rôle : les enfants « beaux » se font plus facilement des amis, ils sont jugés plus gentils, plus indépendants ; Les hôtesses de l’air doivent mesurer entre 1,65m et 1,75. L'apparence physique a donc une place gigantesque dans une société placée sous la piété du Roi de l’harmonie et de l’ordre : Apollon.
2. L’inversion moderne des affects associés au beau et au laid
Au vingtième siècle, il est frappant de constater combien les connotations positive et négative traditionnellement associées au beau et au laid tendent à s’inverser. Si laideur et beauté restent solidaires, la laideur devient coutumière, tandis que la beauté se fait inquiétante, sinon -mortelle.
Dans une perspective littéraire et philosophique, Françoise Rétif se penche sur la beauté fatale du chant des sirènes. Leur chant naturel et informe devait être sacrifié pour que naisse le chant maîtrisé d’Ulysse. Françoise Rétif qualifie le choix d’un idéal prônant le dépassement de la beauté sensible pour pouvoir accéder au beau intelligible. Puis, à l’ère chrétienne, la sirène se voit progressivement dépossédée de son chant ; sa puissance de séduction réside désormais tout entière dans sa beauté plastique captivante, ensorcelante, trompeuse, qui fait écran à la beauté sonore de son chant, progressivement désincarné jusqu’à être réduit au silence. La conception de ces êtres dont la beauté ne réside que dans la voix marque une esthétique de la difformité, au contraire de l’esthétique apollinienne, du beau et ordonné.
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