Scène d'introduction de Dom Juan

Séances d’introduction

1) Qu’est-ce qu’un mythe ?

Mircea Eliade, Aspects du mythe : « le mythe raconte une histoire sacrée ; il relate un événement qui a eu lieu dans le temps primordial, le temps fabuleux des commencements »

Levi Strauss, Le Cru et le cuit : « les mythes n’ont pas d’auteur : dès l’instant qu’ils sont perçus comme mythes, et quelle qu’ait été leur origine réelle, ils n’existent qu’incarnés dans une tradition »

Le mythe est donc en quelque sorte incompatible avec la littérature, avec un texte fixé qui a un auteur (même anonyme). Pierre Manent, Montaigne : depuis Montaigne existe la littérature moderne, où l’écrivain n’a d’autre légitimité que lui-même, ne parle plus au nom d’un groupe mais seulement parce que son texte c’est lui. Cette fixation de l’écrit comme miroir d’un individu semble incompatible avec le mythe.

Pourtant, du moins dans le monde occidental, le mythe nous parvient par la littérature (Œdipe, les Atrides, Homère et tragiques grecs) ≠ tradition orale du conte.

Distinguer entre mythe ethno-religieux et mythe littéraire (Philippe Sellier, « Qu’est-ce qu’un mythe littéraire ? »)

Mythe ethno-religieux : récit fondateur, anonyme et collectif, qui rend compte du présent par le passé (qui explique l’ordre du monde) et est tenu pour vrai, dont la logique est celle de l’imaginaire et qui repose sur des fortes oppositions structurales.

Mythe litt : ne fonde ni n’instaure, œuvres d’un auteur, pas tenu pour vrai

Commun des deux types de mythes : saturation symbolique ; organisation serrée du récit ; a toujours plusieurs versions mais avec des passages obligés (Iphigénie : tuée par son père, sauvée ou pas par Artémis). Question du motif identitaire (ex ma thèse), question des invariants voir plus loin.

Mythes littéraires modernes : Tristan et Yseult, Faust, Don Juan (Hamlet ? Roméo et Juliette ? Macbeth ?)

2) Dom Juan, mythe littéraire et moderne

Étude littéraire d’un mythe (ce que nous allons faire) = mythocritique, mythopoétique = étude de la réception et de l’invention des mythes

Considérer le mythe hors de toute antériorité ou extériorité à la littérature, comme un agent des œuvres, ce qui travaille les œuvres, en même temps que ce qui en est le résultat.

Donc, ce qui nous intéresse est de voir ce qu’un auteur fait de cette figure, comment il revisite une tradition (comment on devient DJ), de comprendre ce qu’une époque trouve d’intéressant dans cette figure, bref d’analyser et interpréter ces appropriations singulières du « mythe » (récit, figure).

Avant de distinguer ces différentes reprises, il faut voir les invariants du mythe de Dom Juan :

Transgression : du sacrement du mariage, de l’ordre social par la famille et la religion, de la confiance des femmes

Séduction : à ce titre Dom Juan est diabolique puisqu’au lieu d’élever comme la spiritualité (e-ducere) il conduit à soi (se-ducere), il possède les âmes pour lui et non pour les mener à leur propre

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