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Psg Rachete Le Monde

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Par   •  18 Février 2015  •  TD  •  4 500 Mots (18 Pages)  •  470 Vues

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Rachat du Paris Saint-Germain, lancement d'Al-Jazeera Sports, prise de participation dans Total et LVMH, premier actionnaire de Lagardère, acquisition du Carlton à Cannes... Depuis que les médias ont découvert la boulimie d'investissements du Qatar hors de ses frontières, une question est sur toutes les lèvres : que cherche ce minuscule émirat du Golfe grand comme la Corse ? Pour quelle raison cet ancien village de pêcheurs de perles - certes richissime grâce à ses gigantesques réserves de gaz, les troisièmes au monde - affiche-t-il autant d'ambitions ?

En moins d'un an, le pays a obtenu l'organisation de la Coupe du monde de football 2022, renfloué les studios de cinéma Miramax mis en vente par Disney aux États-Unis, investi deux milliards de dollars dans le secteur minier au Soudan et placé un autre milliard dans un fonds d'investissement en Indonésie. En 2012, son patrimoine international devrait atteindre la somme faramineuse de 219 milliards de dollars, ce qui fait du Qatar le premier investisseur du monde.

Sur le plan diplomatique, cette dernière année a marqué un net infléchissement de l'attitude de Doha : depuis le conflit en Libye, l'émirat a troqué sa légendaire diplomatie conciliatrice contre un interventionnisme musclé dans les affaires intérieures des pays arabes. Quitte à mécontenter ces derniers, voire les couches les plus conservatrices de sa population - rappelons qu'environ 200 000 Qatariens vivent aux côtés d'un million et demi d'expatriés.

La projection de puissance du Qatar s'explique par la vision d'un homme en avance sur son peuple, désireux de sécuriser l'avenir de cette micro-monarchie coincée entre des voisins aussi puissants que l'Arabie saoudite et l'Iran, et qui n'hésite pas à transgresser des tabous pour parvenir à ses fins. Cet homme s'appelle cheikh Hamad al-Thani, l'actuel émir du Qatar. À 60 ans, il est assurément le dirigeant arabe le plus atypique.

« L'émir n'est pas quelqu'un de brillant, dit de lui l'un de ses amis français, mais il aspire à faire de son pays un État moderne. Ses ambitions s'étendent à la planète entière, il veut que le Qatar joue un rôle de médiateur entre les protagonistes des conflits qui secouent le Moyen-Orient. Plutôt que de rivaliser avec Dubaï (1), il préfère se spécialiser dans l'investissement humain et scientifique. Il n'aime pas les gens du Golfe, qu'il trouve fermés sur eux-mêmes. »

Le côté visionnaire de l'émir est à la fois son atout et son talon d'Achille. À ses yeux, le rayonnement du Qatar repose sur trois piliers : la chaîne Al-Jazeera pour exister ; la base américaine pour se protéger ; et les investissements à l'étranger comme moyen d'assurer son indépendance financière et d'exercer une influence politique sur les affaires du monde.

Le différend avec le père

Pour comprendre le Qatar d'aujourd'hui, il faut revenir aux sources du pouvoir de cheikh Hamad. Le premier tabou qu'il fit voler en éclats eut pour décor une nuit d'août 1995. Profitant de l'absence de son père - Khalifa, l'émir de l'époque, en vacances en Suisse -, l'impétueux ministre de la Défense renversa le monarque. Hamad entretenait une relation difficile avec son père. Les deux hommes divergeaient sur l'avenir du Qatar, en particulier sur le sort des énormes réserves de gaz que Doha partage avec l'Iran dans les eaux du golfe Persique.

L'héritier plaidait pour le recours aux majors américaines et à la technologie du gaz naturel liquéfié (GNL) qui permettrait au Qatar d'exporter son trésor dans le monde entier et de devancer l'Iran sur ce juteux marché (2).

Conservateur, l'émir épousait, lui, la mentalité wahhabite traditionnelle - « Pour vivre heureux, vivons cachés » -, celle de ses lointains cousins saoudiens, de l'autre côté de la frontière dans le désert.

L'émancipation sociale n'était pas une priorité pour le père qui avait péniblement imposé l'idée de citoyenneté en réduisant les droits acquis par les groupes d'origine bédouine susceptibles d'être en compétition avec l'aristocratie au pouvoir à Doha.

En le renversant, cheikh Hamad a, du même coup, « tué » le modèle ultraconservateur de ses voisins saoudiens qui ne lui pardonneront jamais ce parjure. Mais l'héritier avait mûrement préparé son putsch. Il avait prévenu les Américains ainsi que certains dirigeants du Golfe, notamment les Émiratis. La veille, il avait également très opportunément réuni les chefs des tribus, sous les caméras de la télévision officielle. Le lendemain, en voyant ces images, ses sujets croiront que les piliers de la société traditionnelle avaient prêté allégeance au nouveau dirigeant...

Deux hommes de son clan vont jouer un rôle important pour asseoir son pouvoir : Hamad Bin Jassem, l'actuel premier ministre, qui deviendra le chef d'orchestre de la diplomatie qatarienne ; et le chef d'état-major, le général Hamad al-Attiyah, très impliqué dans le récent conflit libyen.

L'une des premières décisions du nouvel émir sera d'expulser la légion de conseillers égyptiens qui avait continué de comploter à l'ambassade d'Égypte et au sein des forces armées. Les germes du différend avec Le Caire sont plantés. Al-Jazeera les exploitera quinze ans plus tard au cours de la révolte populaire qui poussera Hosni Moubarak hors du pouvoir.

Al-Jazeera pour exister

Installé sur le trône, cheikh Hamad affiche d'emblée une priorité : donner une visibilité internationale à son pays. L'émir, qui a étudié à la prestigieuse Académie royale militaire de Sandhurst en Grande-Bretagne, raconte volontiers ses frustrations à ses hôtes : « Lorsque je voyageais en Europe du temps où j'étais jeune, dans les aéroports les policiers me demandaient sans cesse : mais c'est où, le Qatar ? »

Pour « marquer » son pays sur la carte du monde, il lance Al-Jazeera en 1996, quelques mois seulement après sa prise de pouvoir. Rapidement, la chaîne devient la « Voix des Arabes », brisant le monopole occidental de CNN et de la BBC sur l'information en continu. Al-Jazeera dépassera les espoirs placés en elle par cheikh Hamad qui l'utilisera comme l'instrument de sa diplomatie, au service d'une certaine cause islamiste - l'émir n'oublie jamais qu'il est comme ses sujets un wahhabite - et des intérêts du Qatar, dans le sport notamment. Ainsi, c'est Al-Jazeera qu'Oussama

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