Passe Temps Favori Des Jeunes

Alors que mardi sortait chez nous le très addictif (et violent) «Call of Duty», ils sont chaque jour des milliers à rester scotchés devant leur écran à mitrailler des ennemis virtuels. Et pourtant, les armes contre les addictions aux nouveaux médias sont encore quasi inexistantes.

Marc* est un passionné de jeux vidéo. De ceux qui passent des heures devant leur écran. De ceux qui vivent le jeu comme un sport. De ceux qui font des championnats en ligne. A 19 ans, cet étudiant en graphisme est passé par des périodes difficiles: «J’ai commencé très jeune sur la PlayStation 1. Je devais avoir cinq ou six ans. Puis j’ai découvert World of Warcraft (WoW pour les intimes). C’est ce qui m’a causé le plus de tort. J’ai perdu deux ans de ma vie et une année d’études à cause de cette saloperie. Dès que j’ai vu mes notes, j’ai effacé mon personnage.» Son conseil pour ne pas connaître la même mésaventure? Ne pas jouer.

Avec 4 millions de pré-commandes, le jeu Call of Duty, sorti ce mardi, déchaîne tout autant les passions et les addictions que World of Warcraft. Car la situation de Marc n’est pas exceptionnelle, elle concerne même de nombreux jeunes.

«Un ami, aspiré par les jeux vidéo, n'a plus de vie»

«Mon frère est un gros joueur. Comme moi il a participé à des tournois. J’ai aussi une connaissance complètement accro. Lui, il n’a plus de vie, il a complètement basculé dans World of Warcraft.» A l’évocation de cette histoire défilent les images d’un jeune homme solitaire, enfermé dans sa chambre, les rideaux tirés, au milieu d'emballages de nourriture vides. Les parents ont-ils joué leur rôle? «Ils ont divorcé très tôt, raconte le jeune homme. Mon frère et moi avions chacun notre chambre et nous mangions devant l’écran. Ma mère était dans le salon à regarder des séries. Aujourd’hui c’est différent, je prends le temps d’aller à table.»

Hormis WoW, Marc a usé ses doigts sur des jeux très populaires comme Counter Strike, Call of Duty et Starcraft II. «Je joue sept à huit heures par jour, mais je parviens à faire la part des choses. Je suis en couple depuis quatre ans. Je perçois ma passion comme un fan de musculation qui travaille son corps pendant des heures. J’ai envie d’améliorer mon temps, ma dextérité, ma technique.» Son record, Marc l’a établi lors d’un championnat de Call of Duty en restant éveillé durant 27 heures non stop...

Des présentations aux enseignants

Pour sensibiliser les profs aux jeux vidéos, Christian Kuhn les fait jouer.Cette dépendance, Christian Kuhn l’a vécue dans les années 80. A 40 ans, cet ingénieur en informatique (et pasteur!) a dû lutter durant trois ans contre son addiction aux jeux vidéo. Aujourd’hui, il se rend ponctuellement dans les écoles pour partager son expérience et aider parents et enseignants à comprendre cet attachement aux mondes virtuels. Joint par téléphone, il raconte: «Je suis dans un collège avec des élèves de 7e, 8e et 9e année pour parler des nouveaux médias et de leur consommation. Après je montrerai aux profs Left 4 Dead 2 (un jeu particulièrement violent, n.d.l.r.) afin qu’ils voient quel type de jeu plaît aux jeunes. C'est la seule manière pour qu'ils comprennent leurs élèves!»

Contacté après sa conférence, Christian Kuhn explique avoir passé un agréable moment: «Les enseignants étaient très réceptifs. Ils avaient envie de comprendre. Le médecin scolaire m'a avoué que cette présentation lui a ouvert les yeux et l'a aidé dans sa pose de diagnostics.»

«Après une semaine sans jeu,

je tremblais de tout mon corps»

Puis il enchaîne sur sa propre histoire: «Entre 12 et 15 ans, j’ai tellement joué que j’avais parfois 150 de pression. Je jouais avant de partir à l’école, je prenais mon repas de midi et celui du soir devant mon écran. Une fois, après une semaine de camping en Italie avec mes parents, je tremblais tellement qu’il a fallu trouver un restaurant avec une borne de jeu pour me calmer. C’est là que je me suis rendu compte que j’avais un problème. Les remèdes n’étaient pas

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