La valeur rituelle du rampokan macan
Fiche de lecture : La valeur rituelle du rampokan macan. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar WhiteSlimes • 26 Avril 2014 • Fiche de lecture • 1 532 Mots (7 Pages) • 687 Vues
À Java, les souverains ont rarement participé à des chasses au tigre et n'ont jamais tué directement un félin. Les rituels tels que le rampokan macan remplacent ces activités de chasse. Il prend place uniquement sur l'île de Java, dans les cours royales et dans quelques régions centrales. Les preuves de son existence s'étalent de 1605 à 19061. Il est d'abord réalisé pour fêter la fin du jeûne du Ramadan, au moins dans les royaumes de Surakarta et de Yogyakarta, puis les observations plus tardives montrent une réalisation plus fréquente du rituel2.
Des témoignages de combats de tigres contre des buffles ou des éléphants sont rapportés durant le xvie siècle et le xviie siècle dans toute l'Asie du Sud-Est, notamment au Viêt Nam, en Thaïlande ou au Laos. Le rampokan macan ne peut donc pas être vu comme une cérémonie d'inspiration strictement javanaise2. Deux témoignages dans l'île de Java, un en 1650 et l'autre en 1686, font respectivement état de combats entre deux bovins et entre deux tigres. Cette période pourrait être un moment d'expérimentation, lorsque le rituel n'était pas encore fixé3.
Le premier témoignage au rampokan macan venant d'une source indigène est le Babad Tanah Jawi (Chroniques du pays de Java), daté des années 1700, lorsque le sunan Amangkurat II, souffrant d'une paralysie des jambes, organise une grande cérémonie. Les premières allusions au rampogan sima datent de 1620 et 1700, toutefois, la première vraie description revient à François Valentijn4 vers 17065. Il décrit également ce qu'il appelle une « capture de tigre » et qui ressemble au rampokan macan : à l'occasion d'une réunion de la noblesse4, des structures sont construites sur un terrain ouvert. Environ 10 000 piqueurs débusquent un tigre afin de l'amener jusqu'au sunan, où le félin se tue, encerclé par les piques. Un ou deux Javanais trouvent généralement la mort lors de cette cérémonie. Les différences sont notables avec les témoignages du xixe siècle, notamment parce que cette capture n'a pas lieu dans l'alun-alun5.
La valeur rituelle du rampokan macan s'affaiblit et la cérémonie devient peu à peu une simple festivité, ou un spectacle pour amuser les foules ou les visiteurs hollandais de la compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC)Note 1. La date exacte de cette perte de symbolique est débattue. Elle est parfois placée dès la fin du xviiie siècle : en 1791, le rampokan macan de la cour de Yogyakarta fait déjà partie d'une série de divertissements à destination d'invités européens. Le déclin est parfois situé plus tardivement, autour des années 1860, lorsqu'il ne se déroule plus dans les cours royales, mais dans celles des régents6.
Les derniers rampokan macan prennent place dans les villes de Kediri et Blitar au tout début du xxe siècle7.
Déroulement[modifier | modifier le code]
À l'origine, le rampokan macan est composé de deux parties : le sima-maesa, un combat entre un tigre et un bovin, puis le rampogan sima, la confrontation du tigre avec un cercle d'homme armés de piques. Toutefois, la composition du rituel varie au cours des siècles. Au cours du xviie siècle, les témoignages des observateurs européens semblent décrire des cérémonies dont le déroulement n'est pas encore fixé3. La première partie est signalée pour la première fois à la cour d'Amangkurat Ier (r. 1646-1677) par Rijcklof van Goens, mais elle est dans l'ensemble moins souvent décrite que le rampogan sima8. Lorsque le rampokan macan perd sa valeur rituelle au cours du xviiie siècle ou au milieu du xixe siècle et quitte les cours royales, la première partie est abandonnée6.
Le sima-maesa[modifier | modifier le code]
Illustration montrant un tigre enfourché par un buffle domestique dans une arène avec des spectateurs au-dessus.
Combat entre un tigre et un buffle à Java. Illustration de 1868.
La première partie, appelée sima-maesa, consiste en un combat entre le tigre et un buffle domestique9 ou, plus rarement, un Banteng10. Le déroulement de ce combat est décrit de manière similaire par les observateurs européens. Le souverain, qui peut être le sunan du royaume de Surakarta ou le sultan du sultanat de Yogyakarta, arrive entouré de sa garde de femmes âgées et des insignes royaux. Il s'assoit dans un pavillon ouvert appelé pendopo. Avant que le combat ne commence, le souverain adresse des questions rituelles à son premier ministre, le Raden Adipati, notamment au sujet du contentement du peuple et des récoltes du riz. Le combat peut ensuite commencer sous l'ordre du souverain. Le bovin est parqué dans une cage circulaire de bois et de bambou d'environ 3 à 4,5 mètres de diamètre ; il a les cornes blanchies et des guirlandes
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