Sport Et Humanisme

Le sport est-il humaniste ?

Sur l’humanisme, les définitions, on le sait, sont pléthoriques. On a dit que c’était un mouvement d'esprit représenté par humanistes de la Renaissance et caractérisé par un effort pour relever la dignité de l'esprit humain et le mettre en valeur ; une doctrine philosophique postulant que l'humain est, de toutes les valeurs, la plus importante ; toute théorie, mouvement ou personne qui se porte à la défense de l'homme et veut son épanouissement, et que sais-je encore ?...

À la lumière de ces fragments définitionnels, peut-on dire que le sport est un humanisme ?

Il ne l’est certainement pas quand :

1) Il carbure à la lutte de chacun contre tous.

2) Il devient la vitrine de la vitalité et de la grandeur d’une nation (instrumentalisation politicienne) et vecteur du fanatisme patriotique.

3) Les fins extra-sportives (médiatiques et commerciales) prennent autant, voire plus d’importance que le sport en question.

4) La pratique d’un sport est l’indice d’inégalité entre les sexes (Coupe du Monde 2010… des hommes ? Tour de France 2010 … des hommes ? )

5) « Ma » victoire est « ta » défaite personnelle ou celle d’une équipe adverse réifiée en ennemie. L’exploit sportif obtenu « grâce aux autres » est présenté comme une victoire « contre eux » - voir l’ouvrage d’Albert Jacquard Halte aux jeux !, Stock, 2004.

6) Tous les coups sont bons pour gagner au mépris du fair play et de l’esprit sportif (de « la main de Dieu » maradonienne (1986) à celle de Thierry Henry, etc.).

7) Le principe « Que le meilleur gagne » est remplacé par « Que le plus mieux dopé l’emporte ».

8) La performance d’un athlète dépend des laboratoires pharmaceutiques, des prothésistes (Oscar Pistorius et ses deux prothèses en fibre de carbone), des experts de la robotique et des généticiens.

9) Le sport devient post-humain (athlètes hybrides, bioniques, mi-biologiques, mi-électroniques et mi-mécaniques ).

10) Il induit des comportements individuels et collectifs irrationnels et criminels (hooliganisme et émeutes).

11) La quête du record l’emporte sur le plaisir du spectacle (voir le livre de Isabelle Queval S’accomplir ou se dépasser ?, essai sur le sport contemporain, Gallimard 2 004).

12) Il devient maniaquerie et dépendance au détriment des autres activités de l’esprit humain.

13) La compétition tue l’émulation.

14) La rage de gagner l’emporte sur le plaisir de jouer.

15) Il devient dangereux pour la vie même des compétiteurs (décès à la boxe, en Formule 1, et autres sports extrêmes) - voir les nombreux ouvrages de David Le Breton sur ce dernier sujet.

16) Il présente de hauts risques pour la santé physique et mentale des athlètes professionnels (fractures et lésions corporelles permanentes), amateurs (idem)

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