Dossier d'étude d'un auteur - Kubrick
Étude de cas : Dossier d'étude d'un auteur - Kubrick. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Sabah EID • 24 Novembre 2021 • Étude de cas • 3 089 Mots (13 Pages) • 440 Vues
L’imagerie macabre hôtelière investit les propos narratifs, du plus tendre avec le Grand Hôtel des Bains (Mort à Venise, Luchino Visconti, 1971) à l'effroyable Bates Motel (Psychose, Alfred Hitchcock,1960) jusqu'à plus récemment avec le El Royale (Sale temps à l'hôtel El Royale, Drew Goddard,2018).
C'est pourtant, à la vision de La Coccinelle jaune, roulant sur les routes périlleuses qui mène à l'Overlook que s’inscrit l’hôtel au cinéma dans la culture populaire. Réalisé seulement trois ans après la publication du roman Stephen King, Stanley Kubrick réalise The Shining soit la visite guidée d’un hôtel abritant des forces obscures.
30 ans après, à son réveil, L’Overlook devient l’hôtel Cortez, cette fois ci sous une chaleur ardente, celle de Los Angeles. La saison 5 de la série d’anthologie American Horror Story diffusée en 2010 s’inscrit comme la continuité dans l’œuvre de Kubrick et plus particulièrement dans le lien établi entre le personnage de John et celui qu’interprète l’hôtel. A travers une étude comparative de ces œuvres filmiques et sérielle nous tenterons de répondre à la problématique suivante :
Comment se manifeste l’esthétique visuel du « ne pas déranger » ?
En confrontant deux passages du second épisode, Chutes and Ladders (grimpe à l’échelle), de la série American Horror Story à The Shining, nous constaterons une volonté à reproduire au détails près la mise en scène kubrickienne, établi dans un premier temps par une esthétique de l’hôtel propice à l’ivresse incontrôlée soit l’introspection humaine réduisant les héros du récit à se confronter à leur plus grosse frayeur : la perversion de leur enfant.
Lieu renvoyant à l'excitation qu’entraîne le voyage, mais aussi de l'incertitude que provoque le décor nouveau, l'hôtel exprime avant tout l'inconfort, celui de ne pas être chez soi. Le sentiment de malaise que peut ressentir l'individu logeant à l'hôtel s'inscrit parfaitement à l'inexplicable des phénomènes paranormaux lié au genre horrifique, assurément mieux que la maison hantée. Cet espace donne des indications beaucoup plus rationnelles quant à une possible atmosphère mystique et inexplicable.
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L’hôtel se divise en plusieurs lieux de confinement, soit des chambres. Ici, l’architecture, que ce soit celle de L’Overlook ou du Cortez permet un nombre conséquent de chambres, amplifiant la probabilité d’une rencontre avec l’horreur. Il n’est pas étonnant que la définition du décor hôtelier, justifie la connotation de la chambre maudit, une constante dans le film, ou avec le cas abordé, de la série d’horreur. Après l’asile renvoyant à la folie mentale, le cirque celle du physique, on n’admet le choix des créateurs Ryan Murphy et Brad Falchuk d’aborder la peur incontrôlable opposée à l’esthétique soigné, propre de l’hôtel, copié à celui de l’Overlook. Le chef décorateur Mark Worthington, qui travaille sur American Horror Story depuis le début et, qui à l’instar de Kubrick joint une véritable esthétique liée à un vécu, des origines, rendant presque le lieu comme un individu à part entière.
L’hôtel Cortez est construit dans les années 20 à Los Angeles par James March qui y vivait avec sa bonne, Hazel Evers, et sa femme, Elizabeth. La décoration associée à l’Art Déco honore l’esthétique de l’époque où le bâtiment fût construit, emprunté à l’image des décors du cinéma classique hollywoodien. Pourtant, l’hôtel servait en réalité à cacher ses activités meurtrières à travers un labyrinthe, le même qu’associe Kubrick à l’œuvre de King pour prouver symboliquement la dégradation mentale de ses personnages. Worthington le définie l’hôtel comme un espace hors du temps, "relativement intact et pourtant, vous avez l’impression d’un saut dans le passé".
On suppose que « ce saut dans le passé » auquel fait référence Worthington correspond aux propos établis par Fredric Jameson qui exprime la nostalgie de Kubrick d’une époque magnifiée et dont il rend hommage par l’immortalisation du mobilier dans un espace qu’on ne veut et, surtout, qu’on ne peut changer. Pour Kubrick, « le décor et l’interprétation doivent être aussi quotidiens que possible », car c’est dans « l’intrigue que se trouve l’étrange ». On comprend donc les consignes données à son chef décorateur, Roy Walker à considérer le décor comme si ça avait l’air d’un véritable hôtel, là où rien d’étrange ne devrait arriver pour éviter de rentrer dans le piège du cliché de l’hôtel hanté.
Néanmoins, à l’instar de l’Overlook, ce qui va mener vers l’édification d’un bâtiment débute toujours par une explication des plus trouble : situé dans le Colorado, l’hôtel est construit en 1909 sur les restes d’un cimetière indien renvoyant au décor navajos des lieux. L’histoire de l’hôtel Cortez se réfère au même sujet historique, le nom de l’hôtel se référant à celui de Hernan Cortès, un conquistador espagnol qui s’était emparé de l’empire aztèque.
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Notons alors que les origines entre celle du Cortez et de L’Overlook correspondent bien.
Dans chacun des deux récits, l’hôtel est décrit comme désert, n'hébergeant aucune forme humaine, déjà synonyme d’étrange. Ce ne sont pas les conditions météorologiques pour l’Overlook ou la déco jugée trop kitsch par les suédoises que ces hôtels se retrouve visuellement vide. Ils sont justement envahis, abritant d’autres formes de vie, relevant du surnaturel. Le réalisateur du second épisode de la série, Bradley Buecker, justifie sa mise en scène via l’imagerie kubrickienne en associant à l’image, une coïncidence entre les actions perpétrées par Jack et celle de John.
John est inspecteur, Jack est le gardien de l’hôtel. Les deux personnages ne se retrouve pas dans l’hôtel pour des raisons touristiques mais pour justement devoir s’approprier l’espace inconnu, chacun se devant d’avoir une connaissance géographique des lieux, Jack en tant que gardien et John pour les besoins d’une enquête. Pourtant, jamais l’un d’entre eux n’arriveront vraiment à l’aboutissement de leur devoir car les occupants les en empêcheront.
A l’arrivée à L’Overlook, Mr.Ullman fait traverser le salon Colorado pour la première fois via un travelling magistral qui passe devant des fenêtres
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