Étude d'un livre de Duras
Commentaire de texte : Étude d'un livre de Duras. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 7 Juin 2013 • Commentaire de texte • 587 Mots (3 Pages) • 1 552 Vues
« Toutes les images sont absentes, le ciel est vide, mais le mouvement est là, vivant, sans heurt, rythmé- c’est le mouvement presque immobile, bien silencieux, L’eau nous porte, L’eau nous berce. L’eau nous endort. L’eau nous rend notre mère »
L’eau porte en elle le poids pesant de l’être humain, comme la mère qui porte dans ses entrailles le germe qu’elle nourrit de son sang et berce dans son étreinte ; Ô si chaleureuse ! Issu du giron maternel, l’être humain cherche éternellement à y retourner et de s’y réinstaller pour jouir de l’amour que seule la mère pourra offrir. L’eau devient alors le substitut maternel qui invitera l’être humain à venir se retrouver en s’y perdant. De l’union des deux entités naîtra alors un être libre qui préservera son essence naturelle. L’eau se transforme, dès lors en une invitation dans l’univers du désir et de l’amour pour transcender vers le fantasme, l’imaginaire ainsi que l’onirique.
Ce que les mots peineront à dire, l’eau pourra déceler. C’est cela l’écriture …une écriture qui tout en restant silencieux, procure un tel bonheur et un état de plénitude. L’écriture devient alors, source et procuratrice de jouissance et laissera couler allègrement le désir, le bonheur, la liberté, le fantasme et le rêve de cet ailleurs, tout comme l’eau coule vers l’infini. Dès lors, nous nous laisserons transporter sur cette douce mélodie, née de la fusion de l’eau et des mots. L’écriture devient alors, une écriture de la liberté et de soi. Cette littérature aura pour la femme une dimension salutaire car elle a depuis longtemps été confinée à une position inférieure que ce soit dans la vie ou dans l’écriture.
Ainsi, l’écriture devient une arme qui donnera à la femme, qui ne cherche pas à se démarquer des hommes et de leurs écritures, un moyen de briser les chaînes de l’ordre préétablie qui la confine à être une femme et non un être humain. À travers la littérature, la femme met en avant son désir d’exister en tant qu’entité à part entière. Tel, a été le cas de Marguerite Duras, née Donnadieu, qui a, dans Le marin de Gibraltar, publié en 1952, fait d’un homme, le narrateur, son porte-parole contre l’ordre préétablie.
D’apparence banale, l’intrigue devient captivante au fur et à mesure qu’elle est dévoilée. La marginalité de Marguerite Duras et son aversion des règles se transposent dans ce roman. Le marin de Gibraltar met en exergue le désir féminin, interdit par l’ordre patriarcat et nous fait découvrir un univers romanesque qui diffère complètement de celui présent dans des romans tels que Moderato cantabile (1958), Le ravissement de Lol.V.Stein (1964), Le vice-consul (1965) et L’amant (1984), pour n’en citer que quelque uns. L’éternelle déchirure et l’impossibilité du désir et du plaisir féminin mis en avant dans ces romans mentionnés, ne sont pas présentes dans l’univers du Marin de Gibraltar. La mer dans ce roman, n’est pas un espace négatif. Les mots de Marguerite Duras se mêlent à l’eau, plus précisément à celle de la mer, pour ouvrir un espace où la femme pourra s’affirmer comme être humain et cessera d’exister en tant que construction de l’ordre préétablie.
Cette étude présente une approche analytique qui se fera en trois parties.
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