Un roman peut- il changer le regard du lecteur sur des faits de société ?
Dissertation : Un roman peut- il changer le regard du lecteur sur des faits de société ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar hiqsn • 15 Décembre 2021 • Dissertation • 1 171 Mots (5 Pages) • 2 401 Vues
INTRODUCTION
Victor Hugo affirme dans la préface des Misérables que tant que la société continuera d’être « ignorance et misère » « des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles ».
Lors d’une interview, Laurent Gaudé a dit : « Si quelqu'un me dit qu'à la lecture d’Eldorado son regard a changé sur l'immigration, c'est le principal compliment que l'on puisse me faire. »
Nous allons voir si comme le pense cet auteur contemporain un roman peut changer le regard du lecteur sur des faits de société. Un roman est une œuvre de fiction où l’auteur fait appel à son imaginaire. Il invite le lecteur à partager son regard sur des faits de société comme l’immigration ou le racisme.
Cette hypothèse suppose qu’un livre n’a pas seulement vocation à divertir mais aussi à faire réfléchir le lecteur. D’abord, nous montrerons qu’un roman peut changer la vision du monde des lecteurs. Puis, nous analyserons les limites du pouvoir de la fiction. Enfin, nous étudierons le sujet sous un angle contemporain.
THESE
Dans un premier temps, oui, un livre peut changer le regard du monde
a) Premièrement, l’écrivain a le pouvoir des mots. En effet, il dispose d’un grand nombre de moyens pour nous faire rire, pleurer, émouvoir. Une fois que nous avons adhéré au récit grâce à sa qualité d’écriture, l’auteur peut alors nous faire passer des messages.
Au-delà de la fiction, il peut faire appel à la poésie ou à la fable. Ainsi, La Fontaine avec ses fables a dénoncé les travers de la cour de Louis XIV sans tomber sous le coup de la censure. Plus près de nous, Laurent Gaudé nous sensibilise, avec son roman Eldorado, sur le sort des migrants d’Afrique qui, poussés par la guerre ou la misère, traversent la Méditerranée à leur risque et péril en jouant la carte de l’émotion.
Donc, la fiction peut à la fois nous émouvoir et nous donner à réfléchir.
b) Deuxièmement, le livre est un miroir tendu au lecteur. En effet, il va se mettre à la place des personnages du récit, partager leurs vies. Il va éprouver de la compassion, adhérer à leurs combats. Cette identification est à la fois une ouverture au monde et une remise en question personnelle. A la place du héros, comment le lecteur aurait agi.
Ainsi nous pouvons le voir dans Les Misérables. Victor Hugo dénonce les écarts sociaux de son époque à travers le personnage de Cosette. Les lecteurs sont pris de pitié pour cette pauvre fillette violemment exploitée par la famille Thénardier.
L'écrivain peut aussi plaider une cause comme l'abolition de la peine de mort pour Victor Hugo dans « Le dernier jour d’un condamné » en nous mettant à la place d’un condamné à mort. Par ailleurs, avec "Le Comte de Monte-Cristo", Alexandre Dumas dénonce les erreurs judiciaires en nous faisant vivre les tourments du héros. En définitive, l’identification donne davantage de poids au récit.
c) Troisièmement, un écrivain peut s'inscrire dans le mouvement littéraire de son époque. En effet, plusieurs auteurs peuvent écrire sur les mêmes sujets. Ce qui donne plus de poids à leurs idées.
Ainsi, on peut voir qu’au XVIIIème siècle, les philosophes du siècle des Lumières prônaient la tolérance et le progrès, préparant le terrain à la chute de la monarchie et l’avènement de la révolution de 1789. Par exemple, Voltaire avec Zadig dénonce l’esclavage.
On peut également prendre l’exemple du courant du réalisme porté, dans la seconde moitié du XIXème siècle, par de grands auteurs comme Balzac, Zola ou Hugo. Avec eux, le roman devient un "miroir" de la société pour mieux dénoncer ses travers. En d’autres termes, la fiction provoque chez le lecteur une prise de conscience sur des sujets du réel.
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