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Un Enfant Monstrueux - Montaigne

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Par   •  6 Mai 2013  •  4 517 Mots (19 Pages)  •  2 017 Vues

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PROBLEMATIQUE.

Comment à travers discours étayé d’une narration, Montaigne fait-il une critique acerbe de l’intolérance ?

PLAN.

I- L’art du discours.

1°- Le rôle de la structure argumentative.

2°- Les stratégies argumentatives.

II- L’appel à la tolérance.

1°- Un essayiste humaniste.

2°- La leçon d’humanité.

DEVELOPPEMENT.

I- L’art du discours.

1°- Le rôle de la structure argumentative.

● l.1 à 3 : L’exemple : Montaigne a assisté à un spectacle curieux. Un enfant était mené par les siens, présents par le champ lexical de la famille : « Nourrice (l.1), père, oncle tante » (l.2) » afin qu’il soit livré en pâture à la curiosité d’autrui, comme un phénomène de foire, ce qui est souligné par un connecteur logique de cause « A cause » (l.3), et de but « Pour ».

● l.3 à 11 : Explication de l’exemple : L’enfant est en fait collé à son siamois, lequel est sans tête, donc non viable, il apparaît donc comme un petit être monstrueux, de par sa grande différence physique, même s’il a des caractéristiques fort humaines, comme l’atteste le champ lexical du corps : « Pieds (l.4), tétins (l.7) ».

● l.12 à 15 : L’argument : Ce n’est pas parce que l’Homme a l’esprit trop étriqué pour concevoir la normalité de la différence, que cette dernière n’existe pas. Elle est avérée, ne serait-ce parce qu’elle a été créée par la grandeur divine.

● l.15 à 23 : Explication de l’argument : Quand l’Homme voit quelque chose de nouveau pour lui, il la considère comme anormale, ce qui est souligné par le champ lexical de la surprise : « Etonnement (l.14), étonne (l.20), prodige (l.21) », sans envisager que Dieu, représenté par le champ lexical de la perfection : « Parfaite, sagesse, bon, ordinaire, régulier » (l.16) ait voulu créer la diversité

● l.24 à 25 : Reprise de l’argument pour prouver qu’il y a eu démonstration : Il n’existe rien de contre nature, et donner cette appellation à ce qui est inconnu est une hérésie.

═► L’ordre canonique du schéma argumentatif est bouleversé. En effet, l’essayiste commence son argumentation par l’exemple, afin de mieux choquer le lecteur, mais aussi pour capter son attention, par une histoire courte, qui va lui permettre et d’ancrer son discours dans le réalisme, et de préparer le lecteur à recevoir une leçon explicite : Registre didactique.

2°- Les stratégies argumentatives.

● Convaincre :

Présence de connecteurs logiques de but, de cause, de conséquence, symboles d’une argumentation rationnelle : « Pour (l.2, 3), à cause (l.3), car (l.8) ».

Présence d’un exemple ciblé, précis auquel l’auteur dit avoir assisté, d’où la promesse de réalisme :

La périphrase : « Avant-hier » (l.1) ancre le récit dans une temporalité vécue par Montaigne, tout comme l’emploi des temps du passé, qu’ils soient passé simple : « Je vis » (l.1), imparfait : « Conduisaient (l.2), était (l.3), soutenait, marchait (l.4), gazouillait (l.5), semblait, était (l.6), était attaché (l.7), avait (l.8), voulait (l.11) », ou plus-que-parfait : « Etaient joints » (l.10).

L’enfant est présenté accompagné des membres de sa famille, comme le montrent les périphrases organisées en accumulation : « Nourrice (l.1), père, oncle, tante (l.2) ».

Comme pour la plupart des gens, c’est l’appât du gain qui fait agir ces personnes, ce qui est souligné par le zeugme : « Pour le montrer à cause de son étrangeté et pour tirer de cela quelque sou » (l.2-3).

L’enfant n’est pas un être éthéré, il est présenté d’une manière concrète, laquelle tend à prouver qu’il est réellement un être humain, et non un monstre hideux, avec :

Le champ lexical du corps : « Pieds (l.4), tétins (l.7) ».

Le champ lexical de l’expression : « Gazouillait (l.5), cris (l.6) ».

La comparaison : « A peu près comme les autres enfants de même âge » (l.5).

Sa différence vient du fait qu’il a son siamois, lequel n’est plus en vie attaché au thorax, ce qui est démontré par :

La gradation ascendante dans l’attachement : « Collé, attaché » (l.7).

La comparaison : « Comme si un plus petit enfant voulait en embrasser un second » (l.12-13).

Le deuxième enfant, qui n’est pas en vie, est aussi décrit le plus fidèlement possible :

Il n’a pas de tête, comme l’atteste la périphrase : « Un autre enfant sans tête et qui avait le canal du dos bouché » (l.7-8).

La personnification : « Le reste intact » (l.8).

La comparaison : « Un bras plus court que l’autre » (l.9), qui est combinée à l’allitération en [k], laquelle, soulignée par le présentatif : « C’est » évoque la fracture du bras : « C’est qu’il lui avait été cassé accidentellement à leur naissance » (l.9-10) qui prouve que s’il est difforme, cela est dû à un accident de naissance.

═► L’essayiste présente les deux enfants sans faire appel au pathos, le plus simplement possible, sans tenter de créer la pitié chez le lecteur. Il reste dans une description la plus objective possible, ce qui est démontré par les euphémismes qui tentent de minimiser au maximum l’atypisme de l’enfant, et dont la deuxième occurrence est aussi une hyperbole : « Etrangeté (l.3), ses cris semblaient bien avoir quelque chose de particulier (l.5-6) ».

S’en suit sa démonstration :

Pour mieux faire passer son message, il use de présents gnomiques, lesquels donnent à son discours une dimension d’aphorisme

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