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Steinbeck, Des Souris Et Des Hommes

Dissertation : Steinbeck, Des Souris Et Des Hommes. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  3 Décembre 2018  •  Dissertation  •  1 715 Mots (7 Pages)  •  2 030 Vues

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Exposé sur l’excipit des Souris et des Hommes.

        L’écriture de Steinbeck témoigne de la vie expérimentale et sensible de l’auteur. Ce roman est d’une précision scientifique qui est non sans rappeler le naturalisme de ses descriptions de paysages et des comportements humains qu’il décortique et analyse. Ce sont donc ses personnages qui dans l’œuvre vont emmener le lecteur à travers une Amérique des années 1930 mais aussi à travers leur solitude et les difficultés de l’époque, leur rêve (véritable leitmotiv qui traverse le roman) ; leur désillusion et leur perte. L’extrait que nous allons étudier est l’excipit du roman, dernier chapitre dans lequel l’intrigue prend fin et laisse le lecteur émotionnellement bouleversé par le destin dramatique des deux personnages principaux. Nous allons donc nous demander comment l’excipit du roman dévoile-t-il la fatalité tragique du duo de personnage ? Nous observerons alors dans un premier temps le duo inséparable que forment George et Lennie puis dans un second temps nous nous attarderons sur la fatalité d’une structure en boucle.

  1. Un duo inséparable
  1. Lennie, l’enfant sauvage aux mœurs délétères

Lennie depuis le début de l’œuvre est décrit par des comportements animaux, dans ce passage le texte nous informe que Lennie ressemble à un « ours qui rampe » (l.29) sortant des fourrés. Son attitude est minutieusement décrite avec l’ensemble de la faune et de la flore, son comportement est muet, aucune parole n’est prononcée au début du passage et Lennie ressemble finalement à un chien aux aguets lorsqu’il boit l’eau du lac relevant la tête au moindre bruit. Mais Lennie l’animal redevient humain par la parole qu’il prend pour se parler lui-même, rappelant la folie indissociable du personnage. Son discours semble traduire la conscience de Lennie sur sa propre folie, il « n’a pas oublié » (l.49) et pense que « George ne veut plus de lui » (l.61) l’hallucination du lapin lui dira même qu’il est « encore plus dingo que d’habitude » (l.119). Son humanité ressort d’autant plus par la prise de conscience de sa folie, de sa faute et par sa culpabilité qui paradoxalement est représentée par les hallucinations décrites ici. La tante Clara et le lapin reprochent à Lennie sa folie, son incapacité à rester humain et à se comporter comme il faut, à sans cesse faire du mal à ceux qui l’entourent. Lennie est alors enfant se faisant réprimander, sa culpabilité ainsi que sa folie et sa monstruosité qu’il « a essayé et essayé » (l.87) de combattre et de renier donnent au personnage une dimension nouvelle, pathétique attirant la compassion du lecteur.
Lennie prend donc conscience de sa folie et sait qu’il doit prendre une décision pour son avenir ainsi que celui de George, qui d’ailleurs fait face à un devoir qu’il ne peut supporter.

  1. George et son devoir insoutenable.

George sait ce qu’il doit faire, il faut qu’il trouve une issue pour sortir Lennie de ce pétrin et démarrer une nouvelle vie. Les hallucinations de Lennie rappellent le dévouement que George consacre à Lennie, ils se connaissent et Lennie sait qu’il ne lui fera jamais de mal. Cependant le seul moyen trouvé est d’arrêter Lennie dans sa folie le libérer, par son décès, ce qui donne un caractère émotionnellement tragique et bouleversent à la scène. Alors George retrouve Lennie comme convenu, avant les autres, il tente de le réprimander lui aussi « si j’étais seul la vie serait si facile » (l.177) cependant il n’y parvient pas. George ainsi que le lecteur a compris que Lennie est victime de sa propre folie. George lui dit alors qu’il « n’est pas fâché. Il n’a jamais été fâché » (l.276-277). Alors George, comme il calmerait un enfant, calme Lennie en parlant de ce rêve qui lui est si cher. Mais il doit faire vite, avant que les autres ne les trouvent. George doit tuer Lennie c’est inévitable, mais « sa main tremble violemment » (l.289). Alors les autres retrouvent George désemparé par son geste, geste qu’il devait faire comme le lui rappelle Slim aux lignes 312 « Y a des choses qu’on est obligé faire des fois. » et 332 « fallait que tu le fasses, j’te jure il le fallait »
Le duo de personnage prend donc une finalité tragique par la destruction et la mort des personnages représentant l’achèvement du roman.

  1. Un duo inséparable

Le duo George et Lennie est le principal matériau du roman, il ne forme qu’une seule et même entité, on ne peut les considérer l’un sans l’autre. En effet Lennie ne peut vivre seul, dans cet extrait il évoque son départ imminent pour « aller là-haut, se chercher une caverne » (l.58), mais il en est incapable comme le lui rappelle ses hallucinations. Il est tel un animal domestique voulant s’enfuir vers l’état sauvage mais la présence de leur maître leur est vitale. Lennie ne peut se passer de George pour vivre ils « voyagent ensemble » (l.13). D’ailleurs l’apparition de George interrompt Lennie dans ses divagations et efface ses hallucinations, preuve que George canalise Lennie et le mène vers le bon chemin. On peut d’ailleurs rappeler que le drame du roman, le meurtre de la femme de Curley par Lennie a lieu parce que George n’est pas avec Lennie pour le réguler. Mais George lui aussi a besoin de Lennie, c’est sa dévotion, son attention et l’entretien qu’il lui consacre qui lui donne sa personnalité, qui le légitimise dans le roman et l’inscrit en tant que personnage dans le roman. A la fin du passage, lorsque Slim retrouve George abattu par le geste qu’il vient de commettre, George n’est plus véritablement humain. Sous le choc il est perdu, sa voix « n’est plus qu’un murmure » (l.322) ; il disparait lui aussi, et quitte le roman quelques lignes avant sa fin. Ce duo qui finissait la phrase de l’autre lors de l’affirmation de leur existence en tant que « nous » (l.204) n’existe plus, George n’a donc plus de raison d’exister, et le roman n’a plus de raison de continuer, ainsi s’achève Des Souris et des Hommes.
La mort de Lennie entraîne donc inévitablement la disparition de George et du roman en général, cette fatalité inéluctable se retrouve dans la structure même du roman, structure en forme de boucle.

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