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Restif De La Bretonne Lettre 92

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Par   •  26 Mai 2013  •  1 358 Mots (6 Pages)  •  2 770 Vues

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Dans un siècle de contestations et de critique sociale comme le XVIIIème siècle, la littérature d’idée prend place. Les auteurs de ce genre font passer le besoin de convaincre quitte à utiliser tous les procédés littéraires à leur disposition comme des répétitions, des images fortes, l’utilisation de la 1ère personne.

C’est dans ce contexte qu’il convient de situer le roman épistolaire Le Paysan perverti (publié en 1775) où l’auteur Restif de la Bretonne raconte les aventures d’un paysan venu à Paris qui sombre peu à peu dans la violence et la criminalité, sous forme d’un échange de lettres. Dans la lettre 92, le narrateur décrit Paris à travers sa population.

Restif de la Bretonne est un auteur français né en 1734 et mort en 1806 qui présenta dans certaine œuvres de nombreux tableaux qui peignent d’une manière vivante les mœurs et les allures des Français de la classe Populaire.

Nous montrerons dans un premier temps que l’extrait est un texte réaliste, puis dans un second temps nous analyserons la satire faite sur Paris et les Parisiens.

Dans ce texte, Restif de La Bretonne utilise le registre réaliste qui évoque l’urbanisation de Paris et qui fait la critique d’une société non égalitaire. Ce registre repose donc sur la représentation du monde réel. Par plusieurs procédés, le réalisme est accentué dans cette lettre.

Le Paysan perverti est un roman épistolaire, c’est un genre qui est explicite par une correspondance ou un échange de correspondances. Celui-ci fût en vogue au XVIIIème siècle et fût très utilisé par les philosophes des Lumières. Restif de La Bretonne privilégie les lettres, qui ont une visée argumentative et rendent le texte plus vivant. Malgré l’absence d’éléments à l’en-tête et au pied de la page nous savons que le narrateur écrit à ses parents comme le montre cette phrase « Souffrez, chers parents, que je vous fasse hommage de mes lumières » (l. 4-5). La teneur du texte laisse supposer au lecteur que les actions se déroulent au XVIIIème siècle, le lieu du destinateur est Paris comme le montre cette phrase à la ligne 12 « Paris est un vaste assemblage de bâtiments irréguliers… ». Il n‘y a pas non plus le lieu de la destination mais l‘on suppose que les destinataires habitent en campagne d‘une part par le titre du roman « Le Paysan perverti » mais aussi par les lignes 41-42 « il paraît le contraire de nos citadins de provinces : chez nous… » . L’usage de la 1ère personne est un procédé typique de la lettre (« je change » l.1), le narrateur est interne. Ce genre permet à l’auteur d’être plus proche du lecteur, qui se sent plus concerné, notamment grâce à des questions rhétoriques comme on le voit aux lignes 23-24

« Croirais-tu que cette grande ville, dans un siècle aussi éclairé que le nôtre, n’a pas de conduits pour égoutter ses eaux? » ou par l’utilisation du pronom tu avec cet exemple « où croirais-tu que court ce négociant père de famille? (l.52).

L’utilisation du présent de l’indicatif donne au lecteur un sentiment de brièveté, l’enchaînement des actions se fait dans la fluidité, qui donne au texte un rythme rapide. Ce rythme rapide captive le lecteur, qui ne s’éloigne pas et n’est pas ennuyé tout au long de la durée de la lettre.

Le témoignage du narrateur, qui est dans ce texte est un paysan nous apparaît plus réaliste puisqu’il rapporte des faits dont il a été témoin. Il utilise de nombreux exemples qui appuient le réalisme de la lettre par leurs aspects concrets et font que le lecteur se sent plus concerné. Le fait que le narrateur soit un personnage étranger à la ville de Paris, lui permet d’avoir un meilleur regard sur la ville et donc de pouvoir mieux la critiquer « chez nous c‘est l‘apathie, la nonchalance, le goût de la tranquillité : ici l’on voit une activité, un air d’affaire » (l.42-43). Le narrateur veut faire partager au lecteur les sentiments qu’il éprouve. Ce personnage par différentes figures de styles ou procédés critique l’urbanisation élitiste, le manque d’hygiène de la ville parisienne.

La satire repose sur la description d’une personne, d’une activité, qu’elle caricature ou dénonce, elle se moque souvent des mœurs et des modes d’une époque. L’écrivain dénonce des vices et des défauts en les ridiculisant.

La lettre 92 de Restif de La Bretonne se livre à une satire de Paris et du peuple parisien en dénonçant l‘urbanisation élitiste qui ne prend en compte que la société aristocrate et le manque d’hygiène et la malhonnêteté. Pour cela, le narrateur utilise différentes figures de styles telles que l’hyperbole comme on le voit à la ligne 18-19 « Malgré le soin qu’on prend pour entretenir les rues propres, on peut dire qu’il n’y a rien au monde d’aussi sale que plusieurs quartiers » ou « la populace est écrasée par les carrosses, sans qu’il y ait d’ordre pour la préserver » (l.33-34). Il utilise aussi l’accumulation aux lignes 43-44 avec « on ne marche pas, on court, on vole » pour montrer la malhonnêteté des Parisiens, il y fait une généralité. Il compare Paris à une autre civilisation, la sienne, sa campagne « il paraît tout le contraire de nos citadins de province : chez nus, c’est l’apathie, la nonchalance, le goût de la tranquillité : ici l’ont voit une activité, un air d’affaire » (l. 41-42-43). On remarque aussi dans le texte plusieurs questions rhétoriques comme à la ligne 23-24 « Croirais-tu que cette

grande ville, dans un siècle aussi éclairé que le nôtre, n’a pas de conduits pour égoutter ses eaux? » ou « où croirais-tu que court ce négociant père de famille? » (l.52-53). Ces questions rhétoriques sont là pour faire prendre conscience au lecteur de la saleté de Paris mais aussi de la malhonnêteté de certains hommes. On remarque surtout les nombreux contrastes qui sont présents dans toute la lettre, avec de nombreuses oppositions entre certains quartiers, richesses et pauvreté, avec comme exemple « Paris est un vaste assemblage de bâtiments irréguliers, qui forment quelques belles rues, et d’autres qui ont l’aspect le plus désagréable, et l’air le plus malsain » (l.12-13-14) ou « Malgré le soin […] il n’y a rien d’aussi sale que plusieurs quartiers […]. Mais si l’on passe dans d’autres, on trouve des palais magnifiques, où brillent l’élégance et le goût de la belle architecture. » aux lignes 18 à 22. On voit là dans ces deux exemples l’écart entre les ordres. Il critique subtilement le clergé en dénonçant la malhonnêteté d’un abbé à la ligne 55-56 « cet abbé? …il vole au foyer de la Comédie ou de l’Opéra, faire sa cours aux actrices… ». Dans le dernier paragraphe, le narrateur emploie des termes de plus en plus péjoratifs qui montre un jugement de plus en plus négatif, puisque nous pouvons constater une gradation

avec « indifférence » (l.60), « filouterie », « escroquerie », « vol » (l.64) « vice » ou « crime » (l.65).

En s’appuyant sur le discours logique, le narrateur critique Paris et les Parisiens très durement, du début jusqu’à la fin il dénonce la malhonnêteté, l’urbanisation élitiste et le manque d’hygiène.

L’Œuvre a été publié en 1775, lors du siècle des Lumières, par cette satire nous pouvons remarquer que Restif de La Bretonne approuve les idées des philosophes des Lumière en dénonçant les injustices sociales.

L’examen du texte a donc permis de montrer que la lettre 92 du Paysan perverti est bien un texte réaliste. Restif de La Bretonne s’est servi de la lettre pour critiquer Paris et les Parisiens de la meilleure des manières, en donnant une impression de réalisme au lecteur qui se sentait plus concerné et plus impliqué. Il s’est appuyé sur certains procédés des philosophes des Lumières pour attaquer les mœurs.

On pourrait comparer ce texte avec Les embarras de Paris de Boileau, car on trouve dans Le Paysan perverti des ressemblances avec le texte de Boileau comme l’étroitesse des rues ou la saleté.

On peut aussi se demander si ce n’est pas Restif de La Bretonne qui prête ses arguments au narrateur…

COMMENTAIRE COMPOSE :

Lettre 92, Le Paysan perverti

De Restif de La Bretonne

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