Rabelais / le Quart-Livre
Commentaire d'oeuvre : Rabelais / le Quart-Livre. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Marylou Dijols • 30 Août 2022 • Commentaire d'oeuvre • 1 590 Mots (7 Pages) • 527 Vues
L'oeuvre de Rabelais intitulée le Quart-Livre porte sur le périple en bateau de Pantagruel, fils de Gargantua. Il vogue d'île et île, rencontre des peuples étranges et surmonte des difficultés. Cela n'est pas sans évoquer l'oeuvre bien antérieure qu'est l'Odyssée d'Homère, où il est surtout mis en avant la métis du héros, son courage face aux péripéties. Le traitement des épisodes choisis par Rabelais varie grandement de celui qu'aurait adopté Homère. Rabelais cherche en effet à provoquer le rire chez son lecteur. Ainsi, au chapitre dix-huit, une terrible tempête se déclare lors du voyage de Pantagruel. Celle-ci est présentée comme particulièrement violente. Panurge, un des personnages principaux, est au bord de la mort, comme tout ses compagnons. Cependant, cet épisode dramatique peut amuser le lecteur de Rabelais. Comment l'écrivain fait-il de la scène de la tempête un épisode comique ? D'abord, nous étudierons en quoi ce récit mime une scène tragique de naufrage. Puis, nous verrons que le comique repose essentiellement sur le ridicule du personnage Panurge. Enfin, il s'agira d'observer en quoi le comique du texte repose également sur l'inversion du discours attendu à l'approche de la mort.
Cet épisode du récit porte sur une tempête et l'imminence de la mort qui en découle. Sur certains aspects, le récit mime fidélement une scène de catastrophe, notamment en mettant en évidence la possibilité du décès.
La scène est construite progressivement vers un rapprochement de la mort, qui est au centre de l'extrait. Nous relevons ainsi dans l'extrait une isotopie de la mort, notamment à son début et à sa fin : "à demi mort" (l. 3), "noie" (l.), "meurs" (l.). Il est ainsi mis en évidence le danger que court Panurge et son équipage. Aussi, le passage est construit graduellement vers une aggravation de la situation. La possibilité de la mort devient de plus en plus évidente au fil du texte. En effet, Panurge est qualifié au début du texte par les termes relativistes "à demi mort", mais à la fin le personnage semble prononcer ses derniers mots par la phrase affirmative au présent "je me noie, je noie, je meurs" (lx). La scène de la tempête semble donc construite, au premier abord, sur un aspect dramatique.
Aussi, la catastrophe est décrite précisément, par le biais du discours direct. Rabelais lui donne un caractère immédiat, ce qui ne pourrait faire que renforcer son aspect impressionnant. En effet, l'auteur utilise le discours direct du personnage Panurge pour rapporter les évènements. Cela donne un aspect plus réaliste à la scène, notamment grâce à l'utilisation du présent : "Les drisses sont rompues, le gros palan est en pièces, les anneaux éclatent, le mât du haut de vigie plonge dans la mer, la carène est au soleil, nos haubans sont presque tous rompus" (l.x). Nous relevons la présence d'un vocabulaire maritime très précis, qui donne également un caractère vraisemblable à la scène. De plus, cette phrase est une énumération construite en parallélisme qui renforce l'aspect catastrophique apparent de la situation, tant les problèmes énumérés sont nombreux. De nouveau, cela pourrait accentuer l'aspect dramatique de la situation.
Rabelais utilise quelques topos littéraires propres à l'évocation d'un drame imminent. Il s'agit notamment de l'évocation des saints et des dieux. Celle-ci est
mise en avant dans le texte par des répétitions multiples et des hyperboles, ce qui pourrait également traduire la gravité de l'épisode. Panurge est ainsi présenté au début de l'extrait comme "invoqu(ant) tous les benoîts saints et saintes à son aide". L'hyperbole repose ici sur l'usage du pluriel pour désigner les saints, ainsi que par l'utilisation de l'adjectif indéfini "tous". Aussi, le topos littéraire également utilisé par Rabelais est le choix d'un discours hyperbolique. Ce discours traduit l'inquiétude du personnage face au danger. Le personnage s'écrie ainsi "je sue triple sueur à grand ahan" (L.), l'hyperbole reposant sur le choix du quantificateur "triple".
Ainsi Rabelais présente une scène en accentuant son caractère dramatique, notamment car il met en avant la présence d'un danger de mort. Il donne également un aspect impressionnant et immédiat à la description de la tempête, tout en reprenant des topos des scènes de catastrophes. Mais nous verrons que cette scène a pour but de faire rire, notamment à cause du ridicule de Panurge.
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Cette scène est rendue comique par le ridicule du personnage Panurge. Il est présenté comme étant à l'opposé de tout honneur maritime.
Le personnage est présenté comme ridicule, notamment car il est dans un état pathétique dès le début de la tempête. Cela est très éloigné de l'image d'un héros. Panurge est ainsi décrit comme "tout affalé, tout effondré et à demi mort" (L.). Le ridicule du personnage tient à l'emploi de l'adjectif péjoratif "affalé". De plus, l'emploi de l'adverbe "tout" accentue l'effet pitoyable de sa posture. Aussi, le personnage est présenté comme n'étant pas capable de se contrôler
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