Poésie Satirique
Commentaire d'oeuvre : Poésie Satirique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Hawka419 • 12 Mars 2015 • Commentaire d'oeuvre • 880 Mots (4 Pages) • 1 521 Vues
Texte 1
De retour en France après son séjour à Rome où ses fonctions le conduisirent à fréquenter la cour du pape, Du Bellay poursuit sa peinture des courtisans.
« Seigneur(1), je ne saurais regarder d'un bon œil
Ces vieux singes de cour, qui ne savent rien faire,
Sinon en leur marcher les princes contrefaire(2),
Et se vêtir, comme eux, d'un pompeux appareil(3).
Si leur maître se moque, ils feront le pareil,
S'il ment, ce ne sont eux qui diront le contraire,
Plutôt auront-ils vu, afin de lui complaire,
La lune en plein midi, à minuit le soleil.
Si quelqu'un devant eux reçoit un bon visage(4),
Ils le vont caresser, bien qu'ils crèvent de rage:
S'il le reçoit mauvais(5), ils le montrent au doigt.
Mais ce qui plus contre eux quelquefois me dépite(6),
C'est quand devant le roi, d'un visage hypocrite,
Ils se prennent à rire, et ne savent pourquoi. »
Joachim Du Bellay, Les Regrets, « Seigneur, je ne saurais regarder d'un bon œil… », 1558
Texte 2
« La Génisse, la Chèvre, et leur sœur la Brebis,
Avec un fier Lion, Seigneur du voisinage,
Firent société(7), dit-on, au temps jadis,
Et mirent en commun le gain et le dommage.
Dans les lacs(8) de la Chèvre un cerf se trouva pris.
Vers ses associés aussitôt elle envoie.
Eux venus, le Lion par ses ongles(9) compta,
Et dit : « Nous sommes quatre à partager la proie. »
Puis en autant de parts le cerf il dépeça ;
Prit pour lui la première en qualité de Sire :
« Elle doit être à moi, dit-il, et la raison,
C'est que je m'appelle Lion :
À cela l'on n'a rien à dire.
La seconde, par droit, me doit échoir(10) encor :
Ce droit, vous le savez, c'est le droit du plus fort.
Comme le plus vaillant, je prétends la troisième.
Si quelqu'une de vous touche à la quatrième,
Je l'étranglerai tout d'abord. » »
Jean de La Fontaine, « La Génisse, la Chèvre et la Brebis, en société avec le Lion », Fables, livre I, 6, 1668
Texte 3
« Je ne sais rien de gai comme un enterrement !
Le fossoyeur qui chante et sa pioche qui brille,
La cloche, au loin, dans l'air, lançant son svelte trille(11),
Le prêtre en blanc surplis(12) qui prie allègrement,
L'enfant de chœur avec sa voix fraîche de fille,
Et quand, au fond du trou, bien chaud, douillettement,
S'installe le cercueil, le mol éboulement
De la terre, édredon du défunt, heureux drille(13),
Tout cela me paraît charmant, en vérité !
Et puis, tout rondelets, sous leur frac(14) écourté,
Les croque-morts au nez rougi par les pourboires,
Et puis les beaux discours concis, mais pleins de sens,
Et puis, cœurs élargis, fronts où flotte une gloire,
Les héritiers resplendissants !(15) »
Paul Verlaine, « L'enterrement », Poèmes
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