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Portrait du père entre absence et tromperie

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Par   •  11 Juin 2014  •  Analyse sectorielle  •  3 244 Mots (13 Pages)  •  639 Vues

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Introduction

L’image du père acquiert une grande importance dans les œuvres littéraires. Elle est toujours trop idéalisée et elle atteint parfois un degré de sacralisation .Le père est un constituant essentiel de la famille. Considéré comme son chef, personne ne peut toucher, critiquer ou menacer son pouvoir et son statut. Quant à la mère, elle est évoquée comme un être faible qui dépend de l’homme. Elle est souvent conçue comme le berceau sentimental et affectif pour son mari et pour ses enfants.

Dans l’œuvre de Rachid Boujedra intitulée Les funérailles, nous assistons à la mise en scène de cette problématique. Nous remarquons une analyse minutieuse pour cerner les différents traits de la figure paternelle et maternelle.

Vu le traitement assez élargi et riche concernant cette problématique, nous pouvons élaborer un plan de quatre parties. D’abord, nous pouvons faire l’analyse du portrait paternel complètement absent pour entamer par la suite aux effets de cette absence. Ensuite, nous aborderons le statut de la mère qui suscite la compassion et qui symbolise tout un foyer affectif. Pour faire une lecture critique, nous pouvons parler d’une dimension quasi-mythique pour cette problématique traitée, il ya une rupture catégorique avec le mythe paternel et en revanche nous assistons à la glorification de la légende maternelle. D’autre part, la mise en scène de cette thématique a une portée symbolique, d’où l’absence totale du père est à l’image de l’absence de l’Etat et du pouvoir algériens et d’où la présence et maternelle brosse l’image d’une Algérie militante.

• Le statut du père dans Les funérailles :

1. Le portrait paternel entre absence et imposture

Nous assistons à un thème assez traditionnel dans l’œuvre de R.Boujedra, celui du père. Mais avec un changement, il n’est plus ce chef de famille dont tous les membres dépendent tantôt présent, tantôt absent. L’écrivain ou plutôt les protagonistes prennent en charge d’évoquer l’autre facette « médiocre » de ce « Pater » selon l’expression latine. Il est bel et bien classé sous le signe de l’absence et de l’imposture. En racontant ses souvenirs d’enfance, Sarah, le personnage principal, évoque avec amertume la fuite de son père « J’avais cinq ans quand papa nous a quittées » . Ce mouvement de rétrospection, exprimé par l’emploi de l’imparfait et le passé composé, incarne un flash back vers le passé et déclenche beaucoup de souvenirs mélancoliques. Alors, il ya des traces d’une enfance frappée par l’absence du père. De plus, l’émergence des interrogations « Est-il parti à l’étranger ? Avait-il disparu dans les grandes villes du pays ? » , Reflète une inquiétude par rapport à cette fuite soudaine et la teint par une ambigüité saillante. Dans une sorte de réflexion intérieure, le protagoniste veut savoir la raison qui a poussé son père à quitter le foyer familial. Sarah fait des hypothèses pour justifier cette absence ; c’est peut être à cause de son nom d’origine biblique qui ne plait plus à son père ou c’est à cause de son sexe de femme. Comme tout homme oriental, son père regrette le fait de ne pas avoir un garçon « un male » . L’héroïne tente de comprendre l’absurdité de cette réflexion. Les lois de la société arabo-musulmane exigent le fait d’avoir un ou des garçons dans chaque famille. Une attitude frappante mais qui résume toute une idéologie qui règne à l’époque et légèrement maintenant. Avoir un garçon est un signe d’honneur. Quant à la naissance d’une fille, l’homme se sent humilié et même stérile. C’est la honte. Sarah fait allusion à tout un contexte socio-historique, qui permet l’épanouissement de ce modèle paternel ferme et sévère, et qui se permet de tout commettre sans être coupable. Pire encore, le père de l’héroïne accuse à tort sa femme d’adultère et s’enfuie. Ce qui lui attribut gratuitement un caractère si indigne et si lâche. Il déshonore son époux sans preuves qui l’accablent, rien que pour légitimer son escapade. D’autre part, le père est assimilé à un fantôme, cette comparaison souligne davantage son image floue et difficile à cerner. Salim le deuxième héros partage avec Sarah le même complexe de l’enfance. Son père, à son tour, quitte la maison en accusant sa femme d’être infidèle et d’avoir un amant.

L’absence du père marque la vie des deux protagonistes, une enfance triste se croise avec une adolescence difficilement vécue. Ces éléments mettent à nu l’atrocité paternelle. Nous attendons une analyse qui dévalorise son statut. Cette absence perturbe la vie des protagonistes, qui cherchent à se débarrasser de ses effets.

2. Les effets traumatiques de cette absence

Quoique absent, l’image du père traverse toute l’œuvre. Nous ne pouvons plus nier le rôle important que joue ou jouit le père au sein de sa famille. C’est le chef et le responsable. Mais sa disparition laisse quelques traces chez Sarah. Elle établit une sorte de correspondance entre elle et son père à travers le sens olfactif. Le souvenir se déclenche suite à une odeur d’où l’emploi du superlatif « seule odeur qui me restait de lui » . Cet odorat qui anime le souvenir nous rappelle la mémoire involontaire que Marcel Proust évoque dans sa Recherche du temps perdu (la scène de la madeleine). Dans cette même perspective, l’héroïne parle du printemps avec tant de nostalgie. Elle garde des souvenirs liés à « l’odeur des mures transformées en confitures » . Le sens olfactif permet la permanence du souvenir. De plus, le gouffre causé par l’absence du père se transmet par cette peur manifestée pendant la nuit. Ce sentiment effroyable de solitude perçoit la nuit comme un symbole de noirceur, d’inconnu, et surtout comme un moment propice pour l’éclatement des souvenirs. Autre effet marquant par cette absence, réside dans le choix du métier. Sarah décide d’appartenir à un domaine ou règnent les hommes, la brigade antiterroriste, dans un besoin de s’imposer et de dépasser ce complexe, et prouver aux autres ce qu’une fille élevée sans père puisse faire. L’absence du père dans un sens plus large signifie sa mort. C’est l’orphelinat de Sarah, la petite écolière, qui a contribué son assassinat. Les terroristes, tout lâches, choisissent une fille orpheline, profitent de la mort de son père

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