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Leçon sur la temporalité dans La Fortune des Rougon de Zola

Cours : Leçon sur la temporalité dans La Fortune des Rougon de Zola. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  13 Février 2017  •  Cours  •  4 071 Mots (17 Pages)  •  862 Vues

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Selon le dictionnaire Le Trésor de la Langue Française, le mot « temporalité » est un emprunt au latin « temporalitas » qui signifie « caractère de ce qui est éphémaire, par opposition à l’éternité ». Dans la deuxième acception dudit mot dans le même dictionnaire il est défini par rapport à un autre mot à savoir « temps » ainsi : « caractère de ce qui est dans le temps, de ce qui appartient au temps. Antonyme d’éternité. » On peut constater, à partir de l’étymologie du mot « temporalité » et de sa deuxième acception dans le T.L.F, que la temporalité réfère au temps discontinu « éphémaire » dans lequel se déroule la vie des humains donc au temps physique (temps qui passe, le temps fini) mesurable par opposition à un autre temps qui se veut continu, éternel et donc métaphysique (le temps infini incalculable) transcendant la durée et s’inscrivant par là-même dans l’intemporel. Conséquemment, la vie de l’Homme, ses projets, sont éphémaires du moment qu’ils se déroulent/se réalisent dans le temps ; ils se passent dans une durée. De là, les tentatives de l’Homme de passer du temps fini (mortalité) à celui infini (immortalité) surtout à travers la littérature et l’art (photographie, les films : fixer l’instant). Le récit (est avant tout une configuration de l’expérience temporelle, il est, selon l’expression de Paul Ricoeur, « le gardien du temps, dans la mesure où il ne serait de temps pensé que raconté. » Et particulièrement le roman se présente comme une tentative de maîtrise du temps et ce à travers la subversion de son ordre (passé-présent-futur) et le figement (l’arrêt) de son mouvement en déjouant son irréversibilité. Le projet scriptural zolien s’inscrit dans cette même optique (lutter contre le temps, le dompter, le maîtriser…) du moment qu’il vise à faire « l’histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire » en la soumettant à un temps de récit qui ne répond pas (ne s’accorde pas, n’est pas conforme à) à l’ordre temporel ordinaire (du temps réel : passé, présent et futur). Dès lors, la temporalité (la durée) dudit projet est bien déterminée ; il s’agit de l’histoire d’une famille ayant un début et une fin s’inscrivant dans un cadre historique délimité : le Second Empire. La Fortune des Rougon est, selon Émile ZOLA, « le premier épisode de cette histoire (…) qui doit s’appeler (…) les Origines. » Il est le roman des Origines du cycle des Rougon-Macquart. Il convient donc de se demander comment le traitement/ le fonctionnement de la temporalité permet-il de structurer le roman La Fortune des Rougon et de le présenter comme roman des Origines (origines du cycle mais aussi de l’esthétique romanesque naturaliste). Pour apporter des éléments de réponse à cette interrogation nous verrons d’abord les temps dans La Fortune des Rougon ensuite le temps du récit enfin la temporalité au service du projet d’écriture romanesque.

Plan :

I. Les temps dans La Fortune des Rougon

1. Le temps historique (externe parce qu’il relève de l’historiographie)

2. Le temps fictif/diégétique (interne parce qu’il est une composante de la diégèse)

3. Au-delà du temps vécu, le temps subi

II. Le temps du récit

1. Un récit anachronique

2. Un récit partiellement chronologique (exception)

3. Le rythme du récit (jeu d’accélération et de retardement)

III. La temporalité au service du projet d’écriture romanesque zolien

1. Respect du pacte de lecture (La Fortune des Rougon est le roman des Origines de la série Les Rougon Macquart)

2. L’illusion référentielle (effet de réel)

3. Le déterminisme historique

On peut parler dans le cas du roman intitulé La Fortune des Rougon d’au moins deux temps essentiels qui définissent la temporalité dudit roman. Ainsi, ce dernier est-il le lieu où s’articulent un temps externe (temps historique) et un autre interne (temps de l’histoire, fictif). À ces deux temps vient se greffer un troisième temps que nous appelons temps subi (temps de l’attente, temps suspendu où il ne se passe pratiquement rien ou presque rien).

Le temps historique est dit externe parce qu’il appartient aussi au monde extradiégétique. C’est un temps collectif qui concerne tout le pays en l’occurrence la France (l’Histoire de la France) et qui ainsi n’est pas spécifique au roman zolien. Mais c’est un temps que ledit roman intériorise pour structurer la diégèse et lui conférer une illusion référentielle. Le temps historique sert donc de cadre historique à l’histoire et permet son ancrage dans la réalité de l’époque dans laquelle elle s’inscrit. Il est présent dans La Fortune des Rougon à travers les multiples renvois aux événements historiques qui ont marqué l’Histoire de la France telle que la révolution de 1830 (qui s’est déroulée en trois journées : 27-28-29 juillet 1830 dites Trois Glorieuses et qui a mis en place la monarchie de Juillet dont le roi est Louis-Philippe) surtout lors de l’évocation de l’histoire politique de Plassans au début du troisième chapitre « On dort à Plassans… comme s’il n’était pas. » (P. 122). Ici l’année 1830 qui renvoie au Trois Glorieuses met en avant l’effacement du peuple de la scène politique. Dit autrement, avant 1830 et même à la veille du Second Empire (aujourd’hui), le peuple est politiquement passif à Plassans. La même référence historique à la fin de cette page (122-123) « L’histoire politique de Plassans (…) ses rois légétimes. » nous informe sur l’appartenance politique des habitants de Plassans : ils sont tous des royalistes. L’on peut en déduire que jusqu’à 1830 il n’était pas question de diversité politique à Plassans. Le temps historique apparaît aussi à travers cette référence claire à la révolution de 1848 (qui s’est déroulée à Paris du 22 au 25 février 1848 et qui a détrôné Louis-Philippe en faveur de son petit-fils Philippe d’Orléans : installation de la Seconde République) à la page (123) : « Lorsque la révolution de 1848 éclata, la noblesse et le clergé se trouvèrent seul à travailler au triomphe d’Henri V. » L’évocation de la révolution de 1848 révèle le schisme (séparation) politique de

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