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Les origines du roman

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Par   •  12 Janvier 2013  •  Cours  •  4 299 Mots (18 Pages)  •  747 Vues

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Les origines du roman

Aux sources du français

À l'origine le mot « roman » désigne une langue, d'ailleurs non uniforme mais faite de plusieurs dialectes (normand, picard...) qu'on parlait dans le Nord de la France au c?ur du Moyen Âge, au XIIe siècle. Par extension, à la même époque, le nom est aussi donné aux récits composés dans cette langue populaire, pour mieux les opposer aux ouvrages en latin, qui est alors la langue savante, traditionnellement réservée à l'écriture.

Ainsi le genre romanesque naît presque en même temps que la littérature en langue française apparue seulement à la fin du XIe siècle.

Un nouveau genre épique

Avant le roman, le genre narratif était essentiellement représenté par la chanson de geste, poème épique dérivé des grandes épopées antiques (comme L'Iliade d'Homère ou L'Enéide de Virgile) qui racontait en vers les exploits guerriers (gesta) d'un héros exceptionnel. Ainsi, La Chanson de Roland (1070), exemple le plus célèbre de la chanson de geste, était centrée sur les hauts faits de Roland, neveu de Charlemagne, contre les Sarrasins. Le roman conserve certains aspects de ce genre littéraire antérieur :

Rédigé lui aussi dans une langue réservée jusque-là à l'expression orale, et à une époque où la lecture est le privilège des ecclésiastiques ou de quelques rares princes

lettrés, le roman est d'abord destiné à un auditoire devant lequel des jongleurs (baladins et récitants professionnels) viennent le présenter. Comme la chanson de geste, il est

écrit en vers, forme qui se prête davantage à la récitation ; également soumis au défaut de mémoire ou à l'imagination des interprètes, dépendant de la fidélité de transcription

des copistes, remanié par les clercs (hommes d'Église cultivés) selon leur talent ou le goût du public, un même roman connaît de multiples variantes et des auteurs

successifs. La célèbre histoire de Tristan et Iseut par exemple, racontée par Béroul, puis par Thomas, a été complétée par de nombreux autres épisodes anonymes.

Composé pour un public seigneurial, le roman donne aussi de l'importance aux valeurs de la chevalerie : la force, la bravoure, l'habileté au combat, la fidélité envers le

suzerain, et reprend des thèmes récurrents de la chanson de geste : la bataille, les prouesses personnelles, les chevauchées, la félonie d'un traître...

Un genre original

Mais le roman se démarque nettement de la chanson de geste.

À une époque moins troublée, où la menace des invasions et l'omniprésence de la guerre s'éloignent, il s'adresse à un public aristocratique soucieux davantage de raffinement. Plus qu'aux exploits guerriers il fait la part belle à la notion de courtoisie développée par ­la poésie à la même époque ; il chante ce nouveau type de relations humaines, fondées sur la loyauté, la générosité, la délicatesse, la mesure et une nouvelle conception de l'amour : l'amour courtois ou fin' amor, où le chevalier met sa valeur au service de la dame aimée jusqu'au sacrifice de sa vie, où la passion maîtrisée est vécue comme une occasion de dépassement de soi et de progression morale. Ainsi, l'?uvre romanesque raconte davantage l'aventure personnelle d'un héros et la construction de son identité, que les exploits d'un individu représentatif d'une communauté. Elle développe une dimension qui va prendre de l'importance : la psychologie du personnageLe roman ne puise pas dans le même fonds d'histoires traditionnelles que la chanson de geste : celle-ci brode la matière de France, c'est-à-dire sur des faits remontant à l'histoire carolingienne transfigurés par la légende. Si un premier type de roman, inspiré de la matière antique (Roman d'Alexandre, Roman de Troie, Roman d'Enéas, tous adaptés d'?uvres latines), est encore mal dégagé des récits épiques, c'est surtout la matière de Bretagne qui va fonder le roman comme genre littéraire original : adaptant des légendes celtes anciennes qui mettent en scène le roi Arthur et les chevaliers de la Table Ronde, le roman renonce à toute référence historique - plus ou moins fantaisiste - et donne une grande place aux personnages et aux événements merveilleux.

Surtout le roman commence à apparaître comme un récit construit qui fait entendre la voix d'un narrateur, et porte la marque d'un auteur précis. Ainsi, Chrétien de Troyes, le premier grand romancier médiéval, signe ses ?uvres ; il se nomme clairement au début d'Érec et Enide : « Maintenant, je peux commencer l'histoire qui à tout jamais restera en mémoire, autant que durera la chrétienté. Voilà de quoi Chrétien s'est vanté. » Surtout, il rend sensible au public la présence d'un narrateur grâce à son « humour qui se manifeste par le recul qu'il prend ?non pas constamment, mais de temps en temps et de façon très légère - par rapport à ses personnages et aux situations dans lesquelles il les place, grâce à un aparté, une incise... » (Michel Zinc, Introduction à la littérature française du Moyen Âge.)

Enfin, à peine né, le roman porte sur lui-même, ses thèmes et ses personnages, un regard critique et amusé : ainsi, Le Roman de Renart (Xlle-Xllle siècles), qui parodie

les chansons de geste et l'univers courtois du roman, propose à son public aristocratique une observation satirique de son propre univers.

L’évolution du roman : entre fiction et réalité

Un genre complexe

Du Moyen Âge au XVIe siècle, avec la découverte de l’imprimerie et le développement de la lecture dans les classes privilégiées, le roman, devenu une ?uvre à lire et une narration en prose, prend sa forme traditionnelle, telle qu’elle est définie encore aujourd'hui par les dictionnaires : « ?uvre d'imagination en prose, assez longue, qui fait vivre dans un milieu des personnages donnés comme réels et fait connaître leur psychologie, leur comportement, leurs aventures» (Petit Robert) S'il se démarque, par sa longueur, des autres genres narratifs (contes, fabliaux, nouvelles), il apparaît comme un genre complexe qui mêle réel et imaginaire, à la fois différent du récit historique, parce qu’il raconte des faits inventés, et différent du conte ou de la fable, parce qu'il prétend

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