Le rire

Nous avons souvent tendance à penser que le rire exprime la joie, l’euphorie et la bonne humeur, que c’est un signe social qui permet de se rapprocher des autres. Pour beaucoup, le rire exprime l’attachement, la sympathie. Mais, le rire est-il toujours positif pour la société ? N’y-a-t-il pas une forme de violence derrière le rire ? Quels sont les effets du rire ? Le rire est-il bon ou mauvais pour la société ? Le rieur ne souhaite-t-il pas se sentir supérieur aux autres ?

De fait, le dossier sur le rire qui nous est proposé montre avant tout la complexité et les traductions diverses de ce phénomène naturel.

Lorsque l’on s’approche de plus près et que l’on analyse plusieurs fois les textes qui nous sont proposés, nous pouvons déceler différentes facettes du rire. Ce regroupement de texte met largement en avant les limites du rire et sa cruauté, tout en tenant compte de son utilité à la société. Le rire apparaitrait comme une certaine provocation, un manque de respect et pourrait faire ressortir une potentielle absence de moralité, quand l’humour, lui, servirait à se protéger des exagérations de la société. Le rire ne risque-t-il pas de pervertir le lien social plutôt que le renforcer?

Dans un premier temps, nous verrons que le rire est essentiellement sadique, qu’il divise les populations, et qu’il était perçu, dans les siècles précédents, comme un frein à la relation sociale plus que comme un facteur de liant. Dans une deuxième partie, nous aborderons le rire dans son aspect utile à la société : il peut dénoncer une réalité, parfois cachée ou non assumée.

I. Le rire : Un phénomène sadique, divisant les populations et freinant les relations sociales.

A travers ces textes, nous verrons que le rire peut être utilisé pour humilier une personne, ou un groupe de personne. Enfin, rire peut traduire un sentiment de supériorité, mais peut aussi, pour certains, constituer une arme contre toutes émotions.

A. Le rire, l’expression d’une humiliation.

Cette humiliation par le rire est très bien soulignée par Bergson dans son essai sur la signification du comique. Ce dernier parle du rire comme une forme de « correction », qui doit donner à la personne humiliée « une impression pénible ». Il dit clairement que le rire à « pour fonction d’intimider en humiliant ». L’essentiel du paragraphe que nous pouvons commenter tourne autour de l’humiliation et du rabaissement. Axel Kahn n’hésite pas à mettre cet aspect en valeur

en évoquant aussi clairement que le rire mène au rejet d’autrui et à un manque de considération. Pour cet essayiste français, le rire notifie « une insignifiance » et de l’indifférence. Il en est de même pour Dominique Noguez, qui parle du rire comme « la dernière étape avant le lynchage ». Une forme de négativité extrême dans le rire est évoquée par bon nombre de ces auteurs, essayistes, qui emploient tous des mots différents pour tenter de représenter au mieux la forme humiliante que le rire peut revêtir. (Docs 1.3.4)

B. Le rire, sentiment de supériorité.

Jean de La Bruyère parle, dans Les Caractères ou les mœurs de ce siècle, du rieur, comme « le héros de la société ». Il l’explique par le fait que celui qui se charge de rire, et de faire rire, domine les autres. Pour le rieur, seul ce qui est fait ou dit par lui est bon à entendre et est vraiment drôle. On voit ici que le rire n’est pas universel, que chaque culture ou classe sociale à son rire, et le place à un rang supérieur. Henri Bergson rejoint le point de vue de La Bruyère, en parlant d’un rieur orgueilleux. Être capable de rire et de se moquer permet de « se trouver fortifié dans l’affirmation de soi ». Cette expression d’Axel Kahn laisse comprendre que le rieur aime se sentir supérieur aux autres. Il ajoute même à la fin de son paragraphe que l’enjoué souhaite se valoriser et se positionner au-dessus de la personne qu’il raille. Le sentiment de supériorité que le rieur souhaite s’octroyer est donc explicitement expliqué à travers ces 3 différents textes. (Docs 1.2.3)

C. Le

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