« Le poète sait descendre dans la vie ; mais croyez que s'il y consent, ce n'est pas sans but, et qu'il saura tirer profit de son voyage. De la laideur et de la sottise il fera naître un nouveau genre d'enchantements. »
Dissertation : « Le poète sait descendre dans la vie ; mais croyez que s'il y consent, ce n'est pas sans but, et qu'il saura tirer profit de son voyage. De la laideur et de la sottise il fera naître un nouveau genre d'enchantements. ». Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar almaCCC • 20 Mai 2021 • Dissertation • 2 318 Mots (10 Pages) • 2 903 Vues
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Dissertation
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« Baudelaire est le premier voyant, Roi des poètes, un vrai Dieu » Artur Rimbaud. Rimbaud décrit Baudelaire comme le Roi des poètes dans le sens où il a toujours cherché la vraie poésie avec sa quête de l’Idéal. Il appartient à une époque troublée, instable et railleuse en plein bouleversements politiques. Son recueil des fleurs du mal va à l'encontre des bonnes mœurs, il est provocateur et très mal vus à cette époque. Baudelaire a passé presque toute sa vie à se consacrer à la poésie. Il amène un nouveau genre poétique en rejetant le réalisme et le positivisme dont il est contemporain. Baudelaire cherche à extraire la beauté de la laideur du monde pour atteindre un Idéal. Il suit sa propre voie et ne se conforme pas à une voie déjà tracée. Il est l'un des poètes les plus célèbres du XIXe siècle : en incluant la modernité comme motif poétique, il a rompu avec l'esthétique classique. Aujourd'hui reconnu comme un écrivain majeur de l'histoire de la poésie mondiale, Baudelaire est devenu un classique. Jules B. d'Aurevilly a vu en lui « un Dante d'une époque déchue » il parle ici d’un Dante athée et moderne. En 1852, il écrit dans l’Art romantique : « Le poète sait descendre dans la vie ; mais croyez que s'il y consent, ce n'est pas sans but, et qu'il saura tirer profit de son voyage. De la laideur et de la sottise il fera naître un nouveau genre d'enchantements. »
Comment Baudelaire va tirer profit de son voyage pour crée un nouveau genre d’enchantement ?
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La figure du poète chez Baudelaire est un homme différent, presque « supérieur » tel qu’il puisse « descendre dans la vie », parmi les hommes. Pour Baudelaire, comme pour Nietzsche quelques années ensuite, tous deux dans l’héritage grec, le poète se tient au-dessus des hommes. Comme les aède qui sont les intermédiaires entre le ciel et la terre, les interprètes des dieux. Le poète est doué d’un regard singulier et est capable de voir par-delà le monde commun, d’en saisir la sagesse et la beauté, ce que le commun des mortels ne voit pas. Les hommes ignorent la subtilité de la poésie. Ils n’ont qu’un regard global, brut et demeurent incapables de saisir la subtilité du monde qu’ils subissent, ou de lire entre les lignes. Il faut donc que le poète les renseigne sur ces subtilités du monde, ce qui fait de lui un être exceptionnel. Pour preuve ils sont incapables de saisir le sublime dans l’œuvre de Baudelaire et la censure. Baudelaire a subi un procès pour son recueil jugé d’outrages aux bonnes mœurs et atteinte à la morale, six de ses poèmes sont censurent notamment « Lesbos » et « les métamorphoses du vampires ». Il doit en expliquer longuement la démarche et ce n’est que plusieurs années après que l’homme, enfin, sera capable de percevoir la poésie de Baudelaire dans son entièreté.
Le regard du poète, à l’inverse de cet aveuglement de l’homme, est capable, lui, de transfigurer le monde. Le poète est un alchimiste : il sait saisir la beauté qui se cache dans les interstices et transformer la laideur commune ; faire ressurgir le beau et l’or, de la boue. Baudelaire nous montre ce processus alchimique dans « une charogne », dans lequel il transforme « une charogne infame » en « une femme lubrique ». Il fait surgir d’un corps en décomposition une luxure. De plus, Le poète est capable de regarder là où l’homme de ne voit pas, de desceller du beau où il n’est pas perçu. Ce faisant, le procédé alchimique auquel parvient Baudelaire est également une création de sens : là où l’homme tente d’être et subis le monde sans le comprendre, le poète révèle du sens. De la boue, du noir et des ténèbres, il va faire apparaitre la lumière. Comme un nouveau Prométhée qui apporte le feu une seconde fois aux hommes. L’homme, qui se tient sous l’Olympe, sous le champs de connaissances des poètes, sous l’intelligence des choses. Tente toutefois de les maitriser et les comprendre sans y parvenir, et est sauvé par le poète qui lui apporte la lumière, et qui fait apparaitre du sens. Comme Zarathoustra (Nietzsche), le poète est alors celui qui éclaire : il est un être singulier capable de voir. De « descendre dans la vie » son intelligence singulière pour l’offrir aux hommes et transformer leur vision du monde ; en d’autres termes, faire l’alchimie.
Par[c] son talent d’alchimiste, le poète établie, finalement, une certaine « correspondance » dans les choses. Ce beau qu’il fait surgir du laid est une communication entre l’invisible, l’idéal, et le monde du visible. Une alchimie symbolique créatrice de sens. En effet, il parvient à trouver de la beauté dans les correspondances qu’il établit. En entretenant cette communication entre le monde du visible et de l’invisible, le poète manipule et produit des symboles, un lien entre l’idéal et le monde des hommes. Des symboles présents partout autour de lui comme il le montre dans son poème « correspondances » : « des forêts de symboles ». Pourtant, ces significations nouvelles que fait surgir le poète s’enracinent bien quelque part. Si lui parvient à « descendre dans la vie », sur Terre, la source de son génie ne serait-elle pas, elle, sous terre ?
L’homme[d] se contente d’être et subis le monde sans le comprendre, contrairement à Baudelaire qui fait surgir sens et lumière de la boue. Pourtant, le génie du poète ne se limite pas à un regard particulier, mais bien à un mode de fonctionnement, de production des choses. Créer du sens implique de retraduire, c’est-à-dire d’être capable de participer différemment au monde. Cette idée baudelairienne d’une alchimie capable d’extraire l’or de la boue, la beauté de la douleur, fait appel à une particularité singulière de la poésie appelée : le Spleen. Baudelaire dans ses quatre Spleen va exprimer ses douleurs, son mal physique, psychique et métaphysique lié à sa condition humain et à conscience du mal et du temps qui passe. Il exprime cela notamment dans son second Spleen, où il compare son cerveau à « un immense caveau. / Qui contient plus de morts que la fosse commune ». Mais le Spleen est aussi un mal paradoxale, qui transforme sa douleur mélancolique et son mal être normalement paralysante en une force créatrice moteur d’un sujet poétique nouveau . On retrouve se mal paradoxale notamment dans le Jazz, qui est un courant musical singulier des afro-américains, nourrit par le spleen. Il opère une reprise de la condition des noirs depuis le XVIIe siècle pour crée un nouveau genre musicale inspiré des Work-Song, de la musique religieuse (le gospel) et du blues. Baudelaire utile la sensation normalement brève de la douleur, pour en faire un moteur continu, une force créatrice. Par le Spleen, la mélancolie créer un sujet poétique nouveau.
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