La Condition Humaine, Incipit
Compte Rendu : La Condition Humaine, Incipit. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 16 Décembre 2013 • 1 377 Mots (6 Pages) • 2 189 Vues
La condition humaine, Malraux
L’incipit
En 1933, André Malraux publie La condition humaine. Ce roman dont l’action se situe en 1927, dans la Chine de Tchang Kaï-Chek, obtient un très gros succès et se voit attribuer le prix Goncourt. Le récit s’ouvre sur une scène dramatique : Tchen, un jeune communiste, s’apprête à tuer un trafiquant d’armes dans son sommeil, pour récupérer un ordre de vente qui permettrait de récupérer des armes. C’est une scène très importante car ce meurtre est un des éléments essentiels du roman, c’est lui qui est à la base de l’histoire. D’ailleurs, Malraux avouait, dans le manuscrit du roman que la scène de l’incipit était « une scène à faire », c’est un des temps forts de l’œuvre. On peut d’ailleurs de demander, comment Malraux parvient-il, à travers la psychologie de son personnage, à illustrer une scène de suspens d’une extrême violence ? Afin de répondre à cette question, nous verrons d’abord en quoi cette scène est basée sur le suspens. Ensuite, nous montrerons que le personnage de Tchen vit beaucoup de choses durant cette scène.
I) Une scène de suspens
a) Une scène réaliste
Le meurtre a lieu dans un contexte réaliste. Le décor intérieur ne semble être composé que d’un lit orné d’une moustiquaire, et d’une fenêtre avec des barreaux. « Les barreaux de la fenêtre » « le lit ». On se sent ici comme dans une prison, ce qui pourrait représenter l’état d’esprit du personnage. De plus, on a ici une scène de la vie quotidienne, un homme dort, simplement dans son lit, ce qui amplifie le réalisme. L’auteur insiste d’ailleurs sur ce personnage à l’aide d’une métonymie. En effet, la victime n’est pas catégorisée comme un corps humain mais seulement comme une partie du corps : un pied « ce pied » « au-dessous du pied » « rien n’existait que ce pied ». On a ici un gros plan sur le personnage, défini par un pied. Le personnage est ici mis en valeur.
b) Un décor pourtant flou
Dès le début du texte, il y a des informations très précises sur la date de la scène. On pourrait même se croire dans un reportage « minuit et demi » « 21 mars 1927 ». Il y a un contraste entre la précision de la date et les vagues informations concernant le lieu et l’espace. Comme on a pu le voir, on ne voit qu’un lit et une fenêtre. On sait juste que l’on est dans un immeuble «la seule lumière venait du building voisin » De plus, on ne sait pas dans quelle ville, pays, ou même continent le meurtre a lieu. Aucune information n’est donnée sur l’identité des personnages, la victime n’est pas nommée, seul le meurtrier est nommé, et son nom « Tchen » peut nous laisser penser que l’action a lieu en Chine. La luminosité est aussi ici un facteur important, le fait qu’elle soit faible montre que l’intérieur reste vague, Tchen ne voit pas exactement ce qu’il y a dans la pièce mais seulement ce qui est l’objet de sa visite. Ici, on peut supposer que l’auteur ne donne que très peu d’informations afin que le lecteur ne se disperse pas, et soit captivé en particulier par le meurtre.
c) Un incipit in medias res
L’absence de description dans cet incipit montre de suite l’importance de l’action dans cette scène. Le lecteur, contrairement à ses attentes habituelles lors du début d’un roman, plonge directement dans un meurtre. Le lecteur est plongé dans un univers sanglant, et violent. Le champ lexical du sang et de la violence sont évoqués : « mourir » « il savait qu’il le tuerait » « le rasoir » « le poignard » « le sang » « le goût du sang » « un insecte courrait sur sa peau : non c’était le sang de son bras ». La violence et le mystère de cet acte plonge le lecteur dans un milieu sordide, ce qui l’amène à se poser de nombreuses questions : il veut connaître l’intrigue de ce roman, et la raison de ce meurtre. Malraux transgresse ici le protocole d’ouverture des romans.
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