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LA PROBLEMATIQUE DE L’ESPACE ET DU TEMPS DANS L’ECRITURE D’ASSIA DJEBAR ET DE NEDIM GURSEL

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Par   •  12 Janvier 2016  •  Mémoire  •  3 732 Mots (15 Pages)  •  1 597 Vues

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LA PROBLEMATIQUE DE L’ESPACE ET DU TEMPS DANS L’ECRITURE D’ASSIA DJEBAR ET DE NEDIM GURSEL  

RESUME  

“ Si le passé et le futur existent, je veux savoir où ils sont”                                                                                      Saint Augustin  

La problématique de l’espace et du temps a été discutée durant des siècles de façon unidimensionnelle. C’est à partir du XXème siècle que les perspectives spatiotemporelles commencèrent à s’élargir parallèlement aux changements socioéconomiques et politiques. L’approche du sujet devenait multidimensionnelle alors que certaines d’entre elles focalisaient sur le temps, d’autres sur l’espace. Mais quel sont ces nouveaux sens de l’espace et du temps ? Qu’est-ce qui les rend significatifs? Y a-t-il en ce qui concerne leur interprétation un point de vue féminin et masculin ?  Est-il possible de parler du temps intime, du temps collectif, du temps universel et en même temps de l’espace intime, collectif et universel? Quelles sont leurs composantes? Quelle relation y-a-t-il entre eux? Quel est leur rôle dans le domaine de la culture?  Les notions d’espace et de temps sont-elles suffisantes à la concrétisation du roman historique? Est-ce que le temps est une notion linéaire, circulaire et ponctuelle? Pour les analyser dans le roman d’Assia Djebar “Loin de Médine” et celui de Nedim Gürsel “Les filles d’Allah”, on se réfère surtout à la théorie du chronotope de Mikhal Bakhtine, à la géocritique de Bertrand Westphal, au roman historique de Georges Lukács, à la conscience autobiographique en particulier celle de Gérard Genette et de Philippe Gasparini, par manque de recherches diverses. Notre étude est composée en trois parties. Dans la première partie, d’abord on a abordé la conception des chronotopes de Mikhal Bakthine. Les chronotopes de M. Bakthine valorisent l’espace et le temps comme une structure insépérable. Ils focalisent essentiellement sur la notion de temps. Bakthine les voit comme hétérogènes, complémentaires, relatifs et absolus pour toute représentation. Selon lui, le temps devient plus visible par l’intermédiaire de l’espace, tel que chez Assia Djebar, la période des quatre califes à Médine se concentre à reformuler le contexte des années 1985-1990 de l’Algérie dans l’imaginaire de l’écrivaine. Médine, période prise pour cible a été mise en œuvre plus clairement. Assia Djebar établit une affinité entre Médine et l’Algérie et les années 1985-1990, intégrant la période des quatre califes. L’auteur les imagine analogues, étant complémentaires et absolues.  Quant à Nedim Gürsel, il s’engage à des temps divers qui semblent totalement divergeants, tout au début et cependant, au fur et à mesure de la construction littéraire, ceux-ci deviennent complémentaires à partir de la ressemblance entre son histoire intime et l’histoire de la Turquie. Ces temps divers : la période de Djahilia, l’avènement de l’islam, la dernière période de l’Empire Ottoman, la proclamation de

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la République, les années 1950 de la Turquie se sont dévoilées dans la ville de Manisa, Istanbul, la France et la Mecque. Comme l’auteur conçoit l’histoire d’un Etre dépendante de l’histoire collective, il met en évidence les ressemblances entre l’histoire collective des Turcs et sa vie privée. C’est alors que ces deux histoires deviennent complémentaires et absolues dans son style lorsqu’elles semblent hétérogènes et relatives, sans imagination.     Dans la perspective du chronotope, il s’agit toujours de métamorphose incessante dans tous les domaines. Néanmoins, cette conscience-là est représentée par des moments de crise. C’est pourquoi Assia Djebar débute son histoire par le décés de Mohammed, le moment de crise essentiel pour le monde islamique qui possède des métamorphoses socio-politiques et économiques. Chez Nedim Gürsel, la vie autobiographique est recomposée à partir de ses propres moments de crise et ceux de la Turquie (selon sa propre interprétation). Son histoire intime débute lorsqu’il tombe du ventre de sa mère. Avec la naissance, il a éprouvé ce sentiment d’abandon pour la première fois. Désormais, il se trouve seul dans un monde chaotique. Il existe trois types de chronotopes en tant que le chronotope de la rencontre, de la route et du seuil.  En ce qui concerne le premier chronope, celui de la rencontre ; Chez Assia Djebar ;  Il existe des destins communs des femmes qui s’entrecroisent. La rencontre de diverses perspectives historiques : celle d’Assia Djebar et celle de Tabari (l’historien et le commentaire de Coran) : l’histoire masculine et l’histoire féminine. La rencontre des phénomènes semblables entre les deux temps divers. Chez Nedim Gürsel ; La rencontre de ses traits intimes avec ceux des personnages historiques La rencontre de différentes périodes sur l’axe temporel fictif de l’auteur Pour le chronotope de la route ; Il s’agit du chemin de la vie commune de diverses femmes selon Assia Djebar. Le chemin de la vie de Nedim Gürsel passe par Manisa, Istanbul et la France. Pour le chronotope du seuil ;  Assia Djebar débute l’histoire par le chronotope du seuil : par la mort de Mohammed, cet événement serait une tournure pour le destin des femmes. Ensuite, ses gros titres se concentrent sur les chronotopes du seuil pour les femmes : La liberté et le défi, Les soumises et les insoumises, Les voyageuses, Parole vive dans le but d’atteindre au chronotope du seuil essentiel : l’émancipation des femmes, porteuse de la ridiculisation des hommes. Nedim Gürsel focalise sur les moments au seuil de sa vie intime et de l’histoire de la Turquie.  C’est ainsi qu’à partir de la relation entre le passé, le présent et le futur envisagée, que Nedim Gürsel essaye d’échapper à la pression du présent par les

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récits du passé afin d’illuminer le futur par l’inversion historique. Assia Djebar analyse la période des quatre califes afin de sauver les femmes algériennes de leur situation contemporaine, afin d’éclairer leur futur et le diriger à partir de “Loin de Médine”.  Par conséquent, les chronotopes sont des organisateurs de l’affabulation des phénomènes dans le roman, grâce auxquels, le temps devient plus vraisemblable. Tout d’abord, on fixe le temps pour analyser l’espace à partir de cet intervalle  temporel qui a été au préalable décidé. Assia Djebar regarde  Médine pour l’Algérie et pour les femmes algériennes, lorsque Nedim Gürsel se projette à la Mecque, à Manisa et à Istanbul afin d’engendrer sa vie intime.  Dans la seconde partie de notre étude, l’intérêt s’est porté sur l’aspect géocritique de Bertrand Westphal et la conception du roman historique de Georges Lukács. La géocritique est la re-présentation post-moderne de l’espace par la mise en évidence de la cohérence entre les notions hétérogènes. Sa perspective et sa nomenclature spatiales prennent source dans la géographie, l’architecture et l’urbanisme. Elle accentue l’importance de l’individu pour la valorisation spatiale. La géocritique est une critique littéraire qui repose sur la spatio-temporalité, la transgressivité et la référentialité.  Betrand Westphal attire l’attention sur le freinage du temps pour voir et mieux analyser l’espace. C’est ainsi qu’Assia Djebar fixe le temps à la période des quatre califes, dont la tâche est d’illuminer Médine et parallèlement à cette conception-là l’Algérie des années 1990. Par contre, la conscience temporelle de Nedim Gürsel n’est pas figée et l’on pourrait dire que ses freins sont desserrés. Il vole entre les temps et les espaces divers : Manisa, la Mecque, Istanbul, la période de Djahilia, l’avènement de l’islam, la dernière période de l’Empire Ottoman, la proclamation de la République, les années 1950 de la Turquie et le présent (la France et la Turquie d’aujourd’hui). Chez Gürsel, il ne s’agit pas de représentation de l’espace en profondeur.  Dans la conscience géocritique, ce qui est important, c’est de mettre en évidence la relation réciproque entre l’espace et la littérature. En détaillant l’espace, on décrit aussi le temps. On les fictionnalise dans un ouvrage littéraire. Alors, on pourrait dire que la géocritique humanise l’espace pour que l’on puisse le recomposer. Assia Djebar,  reconstruit l’atmosphère de l’Algérie de 1990 à Médine durant la période des quatre califes et utilise la voix des femmes sur le théâtre islamique. Quant à Gürsel, il recompose son espace intime, en humanisant les espaces divers : Manisa en tant que paradis d’enfant, la Mecque, son purgatoire et la France son enfer.  La géocritique maîtrise une perspective multifocale : par le dedans et le dehors, ce qui est perçu et conçu, le réel et l’imaginaire… Elle vise à montrer la victoire de l’espace sur le temps ainsi que celle de la géographie sur l’histoire. En particulier, Assia Djebar ne décrit pas l’ambiance de Médine par les vrais faits historiques de la période de quatres califes, pas par l’histoire collective généralement reconnue, elle décrit l’histoire féminine par les actes et la voix des femmes qui ont  été négligées jusqu’à ce jour. Cependant, Nedim Gürsel décrit les caractéristiques de l’époque et de l’espace, celles qui s’associent à ses traits intimes. Les lieux sont au service du créateur ou de la créatrice par la fiction.  

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