L'oiseau Savant

L’oiseau savant

Sur un arbre, près de l’école, un oiseau a fait son nid. Chaque jour, perché sur une branche, il observe les écoliers.

— Pourquoi écrivent-ils ? demande l’oiseau à la chouette qui niche sur l’arbre d’en face.

— Ils s’instruisent, répond la chouette.

— Moi aussi, je désire m’instruire, pense l’oiseau. Et je veux devenir aussi savant que la chouette. Chaque matin, pendant la récréation, la classe est vide et la fenêtre grande ouverte. L’oiseau en profite pour se poser sur les bureaux et sautiller sur les cahiers. Tip ! Tip ! Tip ! Les lettres des cahiers sentent encore l’encre fraîche.

— Si je mangeais ces lettres, dit l’oiseau, je serais instruit et aussi savant que la chouette. Il donne un coup de bec dans un petit a. Pic ! Pic ! Pic !

— Pas mauvais ! il croasse et croque la lettre.

De retour dans la classe, une petite fille s’écrie :

− Oh ! mon mot a un trou ! J’ai oublié une lettre ! Mais laquelle ? R ve. Est-ce un i ? Est-ce un a ? Est-ce un ê ?

Le lendemain, pendant la récréation, les fenêtres sont à nouveau ouvertes. L’oiseau entre vite dans la classe et picore trois lettres sur un cahier. Pic ! Pic ! Pic !

— Au secours ! crie un garçon. Il y a des trous ms ma phrase ! On m’a volé des lettres !

Les enfants se moquent de lui, et personne ne le croit.

— Je serai savant ! Je serai très savant. Je serai l’oiseau le plus savant du monde. Je serai même plus savant que la chouette ! se répète l’oiseau dans son nid. Et il ne pense plus qu’à se procurer de l’encre.

Le lendemain, il attend avec impatience la récréation. La classe se vide. Il entre par la fenêtre et sautille de cahier en cahier. Tip ! Tip ! Tip ! Il bat très fort des ailes et picore des lettres çà et là. Pic ! Pic ! Pic !

Son ventre gonfle, gonfle, devient rond comme lion et son plumage se colore d’un beau bleu d’encre.

— Ça suffit, pense-t-il. Partons vite !

Il ouvre ses ailes, il bat des ailes, mais il ne bouge pas d’un pouce ! Et c’est avec peine qu’il se perche sur la petite bibliothèque. Au même instant les enfants tout excités rentrent en classe.

— Oh ! crient-ils tous les uns après les autres, il manque des lettres dans nos cahiers. Nos pages d’écriture ressemblent à des passoires !

Claire est l’amie d’ ude.

Le é é dort dans son berceau.

J’aime a an.

La ouris e t g ise.

Le chi n st rand.

La p mme es ro ge.

— Où est mon A majuscule ? dit une petite mie.

— Où sont mes b minuscules ? réclame une autre.

— Où sont mes deux petits m ? demande un troisième.

...