L'argumentation est-elle aussi efficace lorsqu'elle prend la forme d'une histoire?

Une argumentation vous semble-t-elle plus efficace quand elle prend la forme d’une histoire comme dans une fable, un apologue, ou un conte?

Une fable, un conte, un apologue : autant de formes différentes d’une histoire, qui est un récit portant sur un événement et des personnages réels ou imaginaires, dont le but est de divertir. Mais est-ce le seul but ? L’histoire est-elle un moyen efficace pour défendre une opinion ? Nous verrons ce qui attire le lecteur à ce genre et la nature des enseignements qui s’y trouvent. Nous montrerons aussi les limites de ce genre et qu’il en existe d’autres tout aussi efficaces.

D’une part, une histoire compose un récit plaisant et facile à lire par un large public. Ce récit est agréable par la nature variée de ses actants et de ses péripéties. L’emploi d’animaux ou de végétaux comme dans les fables de La Fontaine, ou de personnages merveilleux comme des fées ou des sorcières, ou encore de personnages simple d’esprit ou naïf comme Candide, servent tous à critiquer la société et faire passer une morale.

La fable est une forme d’apologue constituée d’un récit imaginaire bref dont la fonction est de divertir et d’une moralité à visée didactique. Ce genre offre aux jeunes lecteurs un modèle d’éducation inspiré de la vie des animaux. Dans Les Fables de la Fontaine les animaux incarnent des types sociaux ou psychologiques. Le lion représente le roi qui est critiqué pour son orgueil et sa manière souvent injuste d’être. Dans le Lion, le Loup et le Renard, c’est sa cruauté qu’on redoute même s’il peut se montrer généreux comme dans le Lion et le Rat. Le Corbeau et le Renard, par exemple, dénonce l’hypocrisie et la flatterie à travers le personnage du renard, pour mettre en garde contre leurs agissements. La Fontaine critique aussi la vanité de l’homme dans sa fable la Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf. Donc même si les animaux sont les personnages principaux de ses fables, c’est un regard critique de l’homme et de la société que La Fontaine veut communiquer.

Le conte philosophique appartient au genre de l’apologue. Récit fictif bref à visée didactique, il transmet par le recours à l’argumentation indirecte les idées des philosophes. Il fut inventé par Voltaire en 1747 avec Zadig. Les contes philosophiques cherchent à éveiller la réflexion critique du lecteur sur des questions d’actualités. Ces questions sont plutôt subversives du temps de Voltaire, au siècle des Lumières, comme la critique de la religion ou du pouvoir absolu. A l’aide de personnages qui incarne une vertu ou un vice, Voltaire réussit à montrer les défauts de la société ainsi que les débats qu’il mène contre ceux ci. Grâce à ce genre, Voltaire échappe à la censure tout en exprimant des idées complètement contestataires avec le masque du conte, en introduisant le merveilleux, l’exagération, un contexte imprécis et un narrateur fictif. Dans Candide, nous voyons à travers les yeux naïf de celui-ci l’horreur de l’esclavage, de la guerre, des épidémies, et de l’inquisition. Sa sincérité et spontanéité le rend sympathique aux lecteurs. Le thème du voyage et les déplacements du héros traduisent en cheminement intellectuel, sa quête initiatique et son apprentissage philosophique. Le fait que ce soit une

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