Fiche sur Dom Juan de Molière
Fiche : Fiche sur Dom Juan de Molière. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Charlène Haddad • 23 Octobre 2022 • Fiche • 11 147 Mots (45 Pages) • 546 Vues
Don Juan- Texte 1
Introduction : L’interdiction de Tartuffe en 1664 après la Cabale des dévots, contraint Molière à écrire rapidement une comédie pour combler ses difficultés financières. A cette époque, le thème de Don Juan est très en vogue entre autre grâce à l’interprétation comique qui en est faite par les acteurs italiens et grâce à l’engouement du public pour « le théâtre à machines ». Le personnage de DJ est issu d’une pièce écrite en 1630 par un moine espagnol Tirso de Molina, El Burlador de Sevilla y el convivado de piedra. Molière écrit et représente sa pièce en 1665, mais malgré un vif succès elle se voit censurée au bout de quinze représentations. La scène que nous nous proposons d’étudier se situe à l’Acte I, scène 1 : Sganarelle, après s’être livré à un éloge burlesque du tabac, éloge indirect du théâtre, se fait ici un plaisir de brosser un portrait de son maître DJ sous l’œil médusé de Gusman, valet de Done Elvire, séduite et abandonnée par Dom Juan.
I. Le portrait charge de Dom Juan par son valet Le principe de la double énonciation par l’intermédiaire de la tirade du valet permet de donner au public un aperçu du héros éponyme. Sganarelle y met en évidence les deux formes de libertinages de DJ : - de pensée, philosophique, érudit, savant : « hérétique » l.6 souligné par l’évocation d’Epicure l.7 - de mœurs : l.11 « épouseur à toutes mains » souligné par l’évocation de Sardanapale l.7 A. Le libertinage de pensée : Dom Juan impie, parfait incrédule - Le portrait développe le thème de la croyance : l.6 « qui ne croit », l.8 « nous croyons », l.9 « crois » - lexique religieux : l.6 « diable », « hérétique », « Ciel, Enfer », l.16 « courroux du Ciel », l.17 « diable » - mépris de DJ pr les croyances communes : l.6 « qui ne croit » sing par opposition au plur l.8 « nous croyons » - le caractère scandaleux de cette incrédulité est rendu par l’emploi : * superlatif l.5 « le plus grand scélérat » * hyperboles l.5 « scélérat », l.7 « véritable bête », l.17 « tant d’horreurs », l.18 « terrible » - Dom Juan est un endurci dans le mal : dimension exceptionnelle dans le mal : * lexique moral : l.5 « scélérat », l.17 « horreurs », l.18 « méchant » - Sganarelle use de vastes comparaisons se référant à d’autres civilisations : * dans l’espace : l.6 « un Turc » * dans le temps : l.7 « Epicure » * DJ assimilé à un personnage mythique : « Sardanapale » - attitude provocatrice à un moment où l’église est très puissante - DJ bafoue ttes les institut° les + sacrées : n’écoute aucun des avertissements lancés, refuse les remontrances - il est engagé dans un combat contre la morale : * châtiment divin lui est promis : l.16 « le courroux du ciel l’accable » → SG annonce le dénouement de la pièce B. Le libertinage de mœurs : Dom Juan hédoniste, débauché - DJ subverti la valeur sacrée du mariage : 4 occurrences de « épouser » - l’accent est mis sur son animalité : l.5 « chien », l.7 « bête brute », « pourceau », l.10 « chien » « chat » ce qui traduit un appétit sexuel effréné, insatiable - DJ ne distingue aucune condition sociale chez les femmes qu’il séduit : énumération dévalorisante l.12 : « dame, demoiselle, bourgeoise, paysanne » - son rapport aux femmes traduit par « rien »l.12 qui montre qu’il les instrumentalise, qu’il en fait des objets - DJ est assimilé à un prédateur : l.11 « pièges, attraper » C. L’aristocrate dévoyé - DJ défie les lois humaines et divines parce qu’il est noble, il profite de son statut privilégié pour s’arroger sur les autres une supériorité : l.2 « la chose assez facile pour lui » - SG insiste sur la condition sociale de son maître : l.18 « grand seigneur » - « mais un grand seigneur méchant homme est une terrible chose » sonne comme une sentence : * pst gnomique : « est » * lexique moral « méchant » * déterminant à valeur générique : « un », « une » * qualificatifs hyperboliques qui frappent les consciences : « grand », « terrible » - express° quasiment oxymorique : ds l’esprit de SG, elle souligne l’opposit° entre le statut social (gentilhomme) et l’homme (méchant), met en évidence la contradict° entre ce comportement et sa condit° sociale - d’ailleurs elle est introduite par l’adversatif « mais » qui en souligne le caractère scandaleux - l’emploi de l’hyperbole « terrible » et le terme « chose » montre l’incapacité du valet à nommer le caractère intolérable des mœurs de son maître, le côté innommable du héros éponyme - DJ apparaît comme l’anti Tristan, celui qui trahit tous les idéaux de l’aristocratie, du héros chevaleresque et qui inspire autant la crainte, le rejet que la fascination à son valet, et au public II. Le portrait de Sganarelle à son insu Mais au théâtre parler c’est aussi se révéler, et dans cette tirade SG à son insu en dit beaucoup sur lui, sur ses croyances, et sur ses liens ambigus avec son maître A. Valet pédant - Il étale un vernis de culture : latin l.4 « inter nos », mythologie « Epicure, Sardanapale » - il file la métaphore de la peinture tant il est fier de lui : l.15 « ébauche, portrait, coups de pinceau » - il énumère abusivement les mots (accumulations animalisantes) et emploie une série d’hyperboles -il aime à dépasser son statut de valet par la parole dans laquelle il mêle : * le parler populaire : l.1 « pèlerin », l.11 « épouseurs à toutes mains » * le langage savant : l.4 « inter nos » → d’où le décalage comique - valet de comédie, bouffon, et vantard : soucieux de l’effet qu’il produit : l.14 « tu demeures surpris » - il est tout fier d’effarer Gusman : importance de la f° phatique par les nb occurrences de la 2ème pers - il affiche un sentiment de supériorité, une condescendance à l’égard de Gusman l.1 « moi » B. Valet crédule - homme du peuple, croyant et superstitieux, énumération dévalorisante l.6 « qui ne croit ni Ciel, ni Enfer » met sur le même plan Dieu et le loup garou, tant il est horrifié par les méfaits de son maître, il énumère maladroitement tous les ennemis du christianisme l.6 « un diable, un Turc, un hérétique » C. Valet poltron - il n’a pas le courage de s’opposer à son maître, et ne parle comme ça que parce qu’il est absent - lexique de la crainte : l.18 « il faut », l.19 « en dépit », « crainte », « bride mes sentiments », l.20 « me réduit » - il menace de se dédire si jamais Gusman rapportait ses paroles D. Révélateur de la relation maître-valet dans la pièce - ce portrait est révélateur de la relation ambigüe du couple maître valet : SG est celui qui vit dans l’intimité du maître et celui qui le connaît le mieux : « le comprendre » l.1 - tout le portrait que fait SG laisse entrevoir une certaine admiration pour son maitre - un maître qui l’étonne et le fascine, mais le scandalise et lui impose le silence III. Une tirade programmatrice du genre de la pièce Au plan de l’intrigue = annonce du dénouement : annonce de la mort de DJ pas compatible avec la comédie Chaque étape de ce portrait préfigure une scène de la pièce a. Dom Juan impie, parfait incrédule : Acte 3 et 4 b. Dom Juan hédoniste, débauché : Acte 1 et 2 c. L’aristocrate dévoyé : Acte 4 Au plan des registres = tirade caractérisée par le mélange des registres - décalage entre un thème grave : infidélité de DJ et l’origine du personnage - vocabulaire trivial de Sganarelle affecté à ce thème grave inscrit cette scène dans le registre burlesque - le ton burlesque place la pièce dans la comédie mais un certain nombre d’ambigüités planent : * le thème religieux est brûlant au XVII, ce qui donne un caractère polémique *le discours de SG comme porte parole de la morale est discrédité par son côté burlesque et donc empêche le public de s’identifier à lui. Il ne peut en aucun cas être défenseur de la morale. * le couple maître valet est ambigu avec un valet complice d’un maître immoral face au reste de la société. La crédulité du valet balourd est aussi dangereuse que le libertinage du maître. * caractère baroque apparaît par ce mélange des genres : burlesque et sérieux, ni tragédie ni comédie * le boniment annonce le statut éminemment spectaculaire qu’aura la parole dans toute la pièce
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