Exposé sur Giraudoux
Compte Rendu : Exposé sur Giraudoux. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 2 Décembre 2013 • 3 113 Mots (13 Pages) • 767 Vues
Tout comme l'extrait étudié la semaine dernière à propos de la rencontre entre Zelten et le narrateur, je vous présente aujourd’hui une scène de retrouvailles. C’est de nouveau une scène très attendu par le lecteur qui est très curieux de « rencontrer » le nouveau Forestier. Ceci est d’autant plus renforcé par la le temps écoulé entre le moment où Jean voit son ami pour la première fois (p.76) et le moment où il trouve un moyen de le rencontrer en face-à-face. Par contre, ces retrouvailles sont un peu plus complexes que celles entre Zelten et Jean car là où ce dernier retrouve son ami qu’il croyait mort, Siegfried croit simplement rencontrer son nouveau professeur de français. Cette double rencontre / retrouvailles provoque des questionnements sur le thème de l’identité. Cest sur cette tension que j’ai basé ma problématique : En quoi cette rencontre très attendue cache t elle un questionnement identitaire ? J’essayerai de vous répondre en deux parties. Premièrement j’analyserai la scène en tant que rencontre : je regarderai le progrès et le rôle qu’y jouent les deux personnages. Ensuite, je m’arrêterai sur les concepts qui (dans cet extrait) sont liés à la question de l’identité, c'est à dire la nationalité, le regard et la mémoire.
I/ Une scène de rencontre très spéciale : progrès de la scène et rôle des personnages
A/ Une ouverture théâtralisée
Au début de l’extrait, le narrateur se trouve seul dans la maison de Siegfried, en attendant son élève.
Ce qui suit est une description de la chambre et de l'apparence de Siegrfried qui nous renvoie à une Allemagne ridiculisé par les vêtements aux couleurs criardes, par les fioritures et autres détails de cet environnement qui s'opposent de manière implicite à l'élégance française discrète. Ainsi les premières lignes de l'extrait souligne clairement l'opposition entre les goûts de Forestier (donc la France) et de son double allemand. Il faut retourner à la page 92 pour se figurer comment Siegfried est habillé durant cette rencontre : « Presque identique en pyjama à Forestier, il disparaissait à chaque instant de sa fenêtre, et de chacun de ses plongeons en Allemagne rapportait un vêtement qui le déguisait un peu plus. Lui qui ne portait que du linge blanc, s'enveloppa d'un tricot mauve, d'un caleçon rose, de genouillères vert véronèse, s'armant pour je ne sais quel tournoi avec l'arc-en-ciel. ».
J'en profite pour remarquer qu'on retrouve ici la couleur mauve qui fait échos au terme « aniline » que l'on peut retrouver à la ligne 62 « de quelle aniline éclatante enduire mes vêtements pour atteindre ce cerveau ». Ce composant chimique participe à la création de la mauvéine (couleur violette) pour colorer les habits et sa mention ici traduit les efforts que le narrateur est près à fournir pour retrouver son ami, quitte à se « déguiser » en Allemand.
C'est cette description du décor de la maison qui créé en quelque sorte un effet d’annonce du personnage de Siegfried : le spectateur s’attend forcement à un Allemand excentrique, un peu ridicule..
J'aimerais m'arrêter plus longtemps sur un de ces éléments du décor : sur la peinture de Vermeer. Jean dit que c’est le seul objet qui se trouvait aussi chez « l’avant-Siegfried » mais elle n’a pas pu échapper au Kitsch Allemand. Cette oeuvre constitue une métaphore de la situation actuelle de Siegfried Von Kleist : il a peut être une autre couleur et un nouveau cadre, mais il reste la même personne (comme nous allons voir plus tard). Par ailleurs, si on se penche sur la symbolique de la peinture en elle même on peut penser que la perle, centre de la peinture et symbole biblique de la pureté et de la chasteté renvoie à cette candeur, cette innocence caractéristique de Forestier et Kleist. Elle serait un autre « point fixe » de ces deux vies pourtant complétement différentes.
C'est juste après cette description que Von Kleist entre. Dans le texte, cette annonce est très brève, suivi de trois points de suspension et d'un retour à la ligne, ce qui créé un arrêt dans le temps et théâtralise le moment de son entrée. Les éléments du décor sur-exagérés ainsi que la description physique de Siegfried renvoient aussi à cette idée de théâtre vaudevillien. On peut aller jusqu'à remarquer que cette scène fonctionne comme une scène de théâtre, structurée par des phrases courtes telles que « Kleist entra » (l.26) « Le soir était venu. » (l.73) et « Il était six heures » (l.126) qui sonnent comme les coups de l'horloge à coucou, le ramènant subrepticement à la réalité de la leçon de français, et qui nous renvoit inconsciemment aux trois coups de théâtres qui ouvrent une pièce.
Cette théâtralisation souligne d’autant plus l’importance de cette scène et on peut remarquer le même effet au moment où Jean voit son ami pour la première fois (p.76). La description de Siegfried commence ainsi par son apparence physique, mais elle est très vite suivie de tout ce que Jean peut retrouver de son ancien ami : des tics, des manières de penser etc.
B/ Un déséquilibre
L’entrée de Siegfried déclenche chez Jean tout sortes de souvenirs qu’il a de son ami et qui deviennent de plus en plus important jusqu'à ce que le narrateur se perde presque dans ses pensées. La distraction de Jean cause des difficultés de communication entre les deux personnages. Néanmoins, leur relation évolue petit à petit et nous pouvons constater une certaine union vers la fin avec l’apparition du pronom « nous » pour la première fois dans l’extrait à la ligne 122 « nous savions ».
Nous allons étudier plus attentivement cette communication qui projette cette rencontre sur deux niveaux et qui cause un déséquilibre entre les deux personnages. Comme je l'ai déjà évoqué précédemment, les deux personnages ne vivent pas la même scène de rencontre, l'un attendant un ami disparu, l'autre un professeur de français. De plus, Jean étant en position de narrateur, il déséquilibre d'autant plus le rapport entre les deux personnages. En effet, nous pouvons constater que les pensées du narrateur occupent une plus grande place. On remarque dès la première lecture que cette scène de rencontre ne comporte qu'en fait que très peu de passage de dialogue : on ne retrouve que la remarque positive de Siegfried pour le Canada (l.41) où il essaie simplement de commencer une conversation,
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