Dissertation sur l'apologue
Dissertation : Dissertation sur l'apologue. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Mchassard4 • 12 Décembre 2020 • Dissertation • 1 734 Mots (7 Pages) • 1 000 Vues
Il est incontestable que les fables écrites par La Fontaine ont la volonté de plaire. Ceci est perceptible à travers plusieurs points. Pour commencer il y a l'art de l'apologue et la structure de la fable qui rendent l’histoire plus attractive et plus intéressante pour le lecteur. Pour continuer, il y a l’aspect merveilleux qu'elle contient qui vise à émerveiller le lecteur pour mieux retenir son attention. Pour finir, il y a les vers qui permettent d’établir une poétique mais il y a aussi des dialogues et de l’humour qui permettent eux de divertir le lecteur.
Tout d’abord, le récit rapide, raconté au passé, géré par un narrateur qui intervient au présent rend la narration plus vivante et s’adresse directement au lecteur qui participe à l’aventure en étant appelé à réagir. D’emblée un élément perturbateur bouleverse la situation. La progression est vivante et variée jusqu’à la situation finale, pour divertir comme une petite comédie. Les personnages sont caractérisés efficacement en quelques désignations précises et s’expriment directement. Les dialogues confèrent une dimension théâtrale au récit. Dans, Le Rat et l’huître (livre 8) la fable met en scène un jeune rat orgueilleux qui part découvrir le monde, en abandonnant patrie et famille. Le récit est rapide : sa fuite est narrée au présent « il laisse là, va courir, abandonne… » ainsi que ce qu’il croit atteindre, « un empire maritime », alors qu’il n’a pas franchi le champ. Ses erreurs de jugement et son assurance orgueilleuse l’entraînent bien vite vers une mort immédiate. Il cède à la tentation d’une huître grasse qui se referme sur lui. Du départ à la chute, le récit est bref, palpitant et surtout il est simple ce qui permet au lecteur de ne pas se lasser. En effet, le récit bref ne souffre pas de grandes complexités : le nombre de personnages est souvent restreint, et l’intrigue offre le minimum de prolongements et de rebondissements : ainsi de la fable du « Corbeau et du Renard », qui se contente de 2 personnages et dont la péripétie conduit à une simple inversion des positions, entre celui qui possède le fromage et celui qui ne le possède pas. C’est la parole du renard qui a opéré ce renversement, illustrant bien sûr le pouvoir de la flatterie. En faisant participer le lecteur au récit La Fontaine permet de captiver son attention et donc de l’amener jusqu’à la morale tout en l’amusant.
Ensuite, il y a une caractéristique essentielle qui donne cet aspect plaisant à la fable, c’est son caractère merveilleux. Le « merveilleux » s’inscrit dans la tradition médiévale et chrétienne : c’est ce qui surpasse la réalité et donne un sens supérieur aux choses. Dans les Fables, le merveilleux est surtout présent à travers les animaux. C’est l’ensemble des animaux, ce qu’on appelle le bestiaire, qui donne au livre cet aspect fascinant qui est encore aujourd’hui très efficace. Le choix des animaux n’a jamais rien de gratuit ou d’aléatoire, et il faut quand on aborde une fable comprendre toute la portée symbolique, parfois complexe des bêtes utilisées. Même si, bien souvent, la symbolique nous semble évidente (notamment parce que La Fontaine est devenu très connu et que c’est par lui justement que la représentation symbolique des animaux est entrée dans les mœurs) comme pour le lion, qui symbolise la puissance, la royauté, le pouvoir ; le renard, la ruse, la duperie, l’intelligence malicieuse ; le « loup », la violence et la cruauté ; l’ « âne », le travailleur, l’honnêteté, mais aussi la bêtise. Mais certains animaux ont une symbolique plus complexe qui invite à une lecture plus fine. Comme, par exemple, dans « Les obsèques de la Lionne », où le Cerf est à la fois le « serf », c’est-à-dire l’esclave du roi, mais aussi le symbole du Christ (un cerf apparaît par exemple à Saint-Eustache), c’est-à-dire du martyre, et de la rédemption. En fait, la symbolique est toujours un peu plus complexe qu’il n’y paraît, autant que le sens particulier d’une fable peut l’être : c’est cela aussi le plaisir, chercher le vrai propos de ce qui est « enseigné ».
Pour finir, La Fontaine utiles des rythmes particuliers, de l’ironie et des dialogues. Il faut plaire, et cela passe aussi par la forme. Le fabuliste utilise une forme versifiée, qui est donc une forme poétique. La versification a un rôle essentiel dans le récit. Vers courts pour l’action, vers longs pour les sentiments : c’est le cas, par exemple, dans la fable « Les deux pigeons » : l’aventure du voyage est rythmée par des vers courts et nerveux (« La Volatile malheureuse, /Qui, maudissant sa curiosité, / Traînant l’aile et tirant le pie, / Demi-morte et demi-boiteuse, / Droit au logis s’en retourna : / Que bien, que mal elle arriva / Sans autre aventure fâcheuse. ») ; la deuxième partie du poème, très lyrique, présente plutôt des vers longs, et un rythme ample (« Hélas! Quand reviendront de semblables moments ? / Faut-il que tant d’objets si doux et si charmants / Me laissent vivre au gré de mon âme inquiète ? / Ah ! si mon cœur osait encor se renflammer ! »). La Fontaine utilise tous les moyens et tous les procédés du poème pour captiver le lecteur. Ensuite grâce à l'utilisation des animaux et de la satire, comme dans « La Cour du lion » ou « Les animaux malades de la peste », le fabuliste nous plonge dans un univers imaginaire et fabrique des ressemblances humoristiques avec le monde contemporain, la fable permet ainsi de divertir le lecteur. Pour terminer les dialogues animés et argumentés, comme dans « le lion et le moucheron" ou dans "le loup et le chien", donnent vie à la fable et non seulement cela évite que le lecteur s’ennuie mais cela facilite la compréhension de l’histoire. L’art de La Fontaine consiste donc à donner une impression de fluidité et de facilité, qui sont synonymes de plaisir pour le lecteur.
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