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Acte I Scène I Bajazet de Racine.

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Par   •  3 Novembre 2014  •  1 914 Mots (8 Pages)  •  3 542 Vues

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BAJAZET, Racine

ACTE I SCÈNE I

La scène d’exposition sert à la présentation, à donner des informations, mais aussi à susciter la curiosité du lecteur en présentant une situation instable. 3 parties : V. 1 à V. 8, nous avons les retrouvailles entre Acomat et Osmin. A partir du V. 8 s’instaure un jeu de questions / réponses. Du V. 8 à V. 28, on est dans le récit, et du V. 28 au V. 45, dans une interprétation des sentiments des personnages. Il faut aller au-delà des simples apparences des relations de force. Très souvent dans le théâtre racinien, l’exposition est lente (ici, on peut dire qu’elle dure tout le long du premier acte).

V. 1 à 2 : Usage dès le premier mot d’un impératif, qui montre une exposition des relations. « La sultane » : on pressent qu’elle va être importante. On comprend aussi le contexte oriental. « Viens » : invitation au lecteur ? « Ce lieu » : mise en valeur immédiate du lieu avec une dimension de transgression et sans que le lieu soit précisément nommé. Le lieu est notamment plus mystifié. On a un point d’intersection entre le huis clos du sérail et l’espace politique. Impression de brièveté avec des vers de 3 pieds. On est d’emblée in medias res. On a une hyperbate (figure de style qui consiste à modifier l’ordre habituel des mots d’une phrase) qui montre que l’élément central est la parole d’Osmin. Caractère très vraisemblable : le récit du voyage explique que la parole soit centrale.

V. 3 à 5 : On est dans des circonstances exceptionnelles. Le lecteur s’interroge : pourquoi les règles des lieux sont remises en cause ? Le lieu est lié au danger. D’emblée, on a la dimension tragique car évocation de la mort. Dans Bajazet, la mort est omniprésente. On a une opposition nette entre le passé et le présent : quelque chose commence. Etrangeté à l’espace et au temps. Concaténation (enchaînement) des répliques : 3 vers pour Osmin, c’est donc une ouverture à la réplique d’Acomat.

V. 6 à 16 : Clôture des retrouvailles des deux personnages. Des choses sont en train de se passer. On a une explication mais les éléments de réponse ne viennent pas : effet de suspens. Deux récits, à l’intérieur et à l’extérieur. La parole d’Acomat est différée, c’est le récit d’Osmin qui est attendu. On a une ironie tragique : il se passe encore plus de choses qu’Acomat ne le pense. On a une anaphore qui montre l’importance du retour d’Osmin. C’est Acomat qui se retrouve ici dans la position du lecteur. On a une atmosphère de secrets, de complots, de manœuvres politiques. « Destins » : l’enjeu dramatique est central, on a l’impression d’une tragédie politique. L’idéal d’Acomat est une adéquation entre la parole et la vision. On a une question qui introduit le récit. La symétrie non parfaite autour de l’hémistiche (passé composé / présent) nous montre qu’Osmin ne peut plus savoir ce que fait le sultan.

V. 17 à 28 : On a deux points de vue « champ contre champ », de Babylone contre Byzance. On a un effet de chiasme (ABBA) qui montre l’opposition mais aussi la symétrie. L’enjeu dramatique est précisé : Amurat va-t-il gagner ? Sans réponse. Les forces se neutralisent. On attend un récit épique mais on a l’opposé, le récit de quelque chose qui n’a pas encore eu lieu. On a un énorme paradoxe au V. 25 : le « mais » montre la remise en cause de ce qui vient d’être dit. Osmin annule la portée de son récit et accentue l’effet d’attente. On a un décalage permanent entre les intentions des personnages et la réalité. C’est le premier récit qui préserve et accentue l’incertitude présente depuis le début de la pièce.

V. 29 à 32 : 4 questions, 4 vers, on a une régularité parfaite du rythme. Nouvel acteur : les janissaires (soldats d’élite) qui peuvent se renverser contre Amurat. L’enjeu est leur révolte possible. « Secret des cœurs » : Osmin doit devenir interprète, psychologue.

V. 33 à 48 : Vocabulaire psychologique. Série d’affects qui sont décrits. C’est la plus longue réplique depuis le début : la psychologie est un sujet plus complexe que les faits militaires. On a la possibilité d’une révolte. On a un polyptote, plusieurs formes grammaticales d’un même mot, ici « croire ». Amurat ne peut jouir d’aucune certitude, d’aucun repos. C’est un personnage hanté par le passé, ce qui est typique de la tragédie. Il a fait une faute originelle que rien ne peut effacer. Osmin rapporte fidèlement ses propos, il a le privilège de pouvoir adopter différents points de vue : le spectateur a une vision claire de la situation. Puis on a le point de vue des janissaires : Osmin a une fonction testimoniale. Au V. 44 on a un chiasme, une neutralisation des forces en présence, un équilibre de la terreur. Une nouvelle information : il existe un lien fort entre les janissaires et Acomat. On a une humanisation extrême des janissaires avec une vision presque sentimentale. « Grand corps » (V. 40) s’oppose à « grand cœur ». Ce récit s’achève par une vision élégiaque des guerriers qui regrettent leur chef : on a une nostalgie pour un âge d’or. L’interprétation d’Osmin semble indiquer la possibilité d’une révolte, d’un reversement.

C’est une scène qui donne une série d’informations au lecteur, où l’enjeu est la révolte politique. On a un climat d’incertitude et de mystère qui plane, ce qui suscite la curiosité du lecteur à la fois intéressé par l’action et touché par les sentiments des personnages. La dimension amoureuse est absente, ce qui est un leurre, de même que Bajazet est absent de la scène et du discours des personnages.

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