“Des Fleurs pour Algernon”, Daniel Keyes

Oral du DNB – 2021

“Des Fleurs pour Algernon” Daniel Keyes

1. Présentation :

Des Fleurs pour Algernon est à la base d'une nouvelle de science fiction écrite en 1959 par Daniel Keyes. Elle va remporter le prix Hugo de la nouvelle courte l'année suivante et deviendra par la suite un roman qui vaudra à Daniel Keyes le prix Nebula en 1966. Il est traduit dans plus de 30 pays, vendu à cinq millions d’exemplaires. Et est considéré comme un chef-d'oeuvre de science fiction; La science fiction qui est un genre littéraire et artistique qui décrit un état futur du monde en exploitant les données de la science ou de la technologie. Ce roman est considéré comme un classique de la littérature américaine. Des Fleurs pour Algernon va être par la suite adapté par Ralph Nelson en 1968, et est renommé Charly. 

Daniel Keyes né le 9 août 1927 à New York et mort le 15 juin 2014 à 86 ans en Floride; a été chercheur universitaire en psychologie et a obtenu un diplôme dans ce domaine. En parallèle à de nombreux métiers, il va commencer à écrire sa nouvelle.

1. Résumé:

Charlie Gordon est un apprenti boulanger qui vit péniblement du fait de son retard mental. Sa vie est entrecoupée de cours pour adultes attardés à l’Université avec Miss Kinnian. Il décide un jour de subir une opération du cerveau qui devrait lui permettre de devenir “un télijan” comme il le dit si bien. En effet, deux scientifiques ont réussi précédemment cette intervention avec une souris nommée Algernon et ils sont prêt à passer au stade humain de l’expérimentation.

Après l’opération, Charlie est suivi psychologiquement par les deux chercheurs et il doit rédiger des comptes rendus de ce qu’il ressent. Charlie Gordon progresse rapidement et accumule de nombreux savoirs presque à son insu mais il demeure très instable dans le relationnel avec les êtres humains. En effet la jeunesse chaotique de Charlie l’empêche d’avoir une maturité affective suffisante. Sa mère ayant peur de lui, il a été bloqué dans ses relations affectives. Il n’arrivera pas à se défaire de sa vie antérieure d’attardé mental et il revivra quotidiennement les scènes qui l’ont traumatisé durant son enfance.

Parallèlement, la souris Algernon commence à donner des signes inquiétants de dégénérescence cérébrale et finit par mourir. Charlie comprend alors que sa destinée est étroitement liée à la souris et il décide dans un élan frénétique de reprendre les travaux scientifiques des professeurs qui l’ont opéré pour trouver la faille qui le rend petit à petit dans le même état qu'Algernon. Le tragique intervient lorsque la dégénérescence mentale l’empêche de comprendre ce qu’il a écrit auparavant. 

Malheureusement Charlie va régresser et va, étape après étape, retomber dans son état premier et il va finir par être interné à l’asile Warren tant redouté depuis sa petite enfance.

1. Analyse :

Des Fleurs pour Algernon débute sur un extrait de La République de Platon qui décrit le trouble qui peut saisir l’âme quand elle passe de l’obscurité à la lumière, ou inversement, de la lumière à l’obscurité. Ce qui va pouvoir être un rapprochement à l'état de Charlie Gordon. En effet, Charlie est passé du total inconnu, qui peut être comparé à l'obscurité, à une connaissance presque instantané du monde, qui s'apparente à la lumière. Et va, par la suite, subir une deuxième fois l'obscurité.

Charlie souffre d’une déficience mentale sévère qui en fait ce que la société appelle plus communément un attardé. Daniel Keyes choisit le journal intime au moyen de comptes rendus pour nous faire rentrer dans la peau du personnage. Celui-ci est confronté à sa double identité, puisqu'il revit quotidiennement les scènes de son enfance tel que l'”ancien Charlie” la vécu et il le raconte dans le journal. Dans le début de l’oeuvre, le journal intime est hésitant et constitué de phrases courtes semées de fautes d’orthographes. Au fur et à mesure de l’évolution intellectuelle de Charlie, l’écriture se renforce et devient soutenue. Et les idées de Charlie s’améliorent. Petit à petit, l’écrivain nous montre l’ascension intellectuelle de son héros tout en révélant des choses que Charlie n’avait pas vu auparavant. Car Charlie, avant d’être handicapé mental, est un gentil garçon qui ne veut de mal à personne. Il ne s’aperçoit pas des moqueries et autres méchancetés des uns et des autres autour de lui. Avec son éveil progressif, il réalise soudain sa condition mais aussi ce qu’on lui fait…et ce qu’on lui a toujours fait. De nouveaux sentiments, des émotions nouvelles apparaissent : la première est la honte qu’il ressent, la honte envers l’ancien Charlie, toujours tapi en lui, que l’on a toujours pris pour un imbécile, dont on s’est moqué sans arrêt, sans qu’il ne s’en doute : « C’est facile d’avoir des amis si vous avez laissé les gens rire de vous. »

Non seulement Charlie développe des facultés intellectuelles extraordinaires puisqu’il va composer un concerto pour piano, apprendre plusieurs langues étrangères et débattre d’égal à égal avec de grands professeurs d’université mais il va également se confronter à son passé. Charlie va se servir de son intelligence pour explorer sa vie antérieure d’attardé mental et l'analyser. Très tôt, Daniel Keyes établit le lien entre Algernon et Charlie, à la fois pour prédire le destin du héros, mais aussi pour démontrer une métaphore cruelle : Charlie n’est qu’un autre animal de laboratoire. 

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