Zola, L'assommoir
Cours : Zola, L'assommoir. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Ryhanna • 9 Mars 2023 • Cours • 425 Mots (2 Pages) • 239 Vues
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L’ENVOL, Chapitre 1
Gervaise avait attendu Valentin jusqu’à vingt-et-une heures trente. Puis, toute frissonnante d’être restée en nuisette à l’air doux de la fenêtre, elle s’était assoupie, étendue en travers du lit, heureuse, les joues rosies de bonheur. Ce jour là, au sortir du Cygne Majestueux, où ils avaient mangé, il lui propose de rentrer avec les enfants et en racontant il lui dit qu’il ne rentrerait pas tard dans la nuit. Ce soir-là, pendant qu’elle attendait son retour, elle croyait l’avoir vu entrer au Bonheur des dames, dont les dix fenêtres rayonnante éclairaient d’une nappe de lumière des boulevards extérieurs ; et, derrière lui, elle avait aperçu le grand Célestin, leurs amis avec il qui dînait à leur restaurant, marchant à côté, les mains dans les poches, comme si tout ses soucis l’avait quitté pour ne pas passer ensemble sous la clarté crue des globes de la porte.
Quand Gervaise s’éveilla, vers huit heures, détendu, en pleine forme, elle éclata de joie. Valentin était rentré. Comme tout les matins il était couché. Elle resta assise au bord du lit, sous le lambeau de perse déteinte qui tombait de la flèche attachée au plafond par une ficelle. Et, rapidement, de ses yeux remplies de joie il l’a rejoint dans la luxueuse chambre garnie, meublée d’une commode de Boulle, de trois chaises d’or et d’une élégante petite table, sur laquelle traînait un pot à eau ébréché. On avait ajouté, pour les enfants, un lit à baldaquin qui dégageait la commode et qui embellit la pièce. La malle de Gervaise et de Valentin, grande ouverte dans un coin, montrait ses flancs rempli, un chapeau moderne d’homme tout au fond, soigneusement rangé sous des chemises et des chaussettes blanchis ; tandis que, le long des murs, sur le dossier des meubles, pendaient un châle de cachemire, un pantalon soigneusement plié. Au milieu de la cheminée, entre deux flambeaux de zinc assorti, il y avait un paquet de reconnaissance du Mont-de-Piété, d’un rose tendre. C’était la belle chambre de l’hôtel, la chambre du premier, qui donnait sur le boulevard.
Cependant, couchés espacés sur deux oreiller, les deux enfants dormaient. Claude, qui avait huit ans, ses petites mains faufilant dans la couverture, respirait d’une haleine lente, tandis qu’Etienne, âgé de quatre ans seulement, souriait, un bras au cou de son frère. Lorsque le regard lumineux de leur mère s’arrêta sur eux, elle fut détendu et rassuré. Et, pieds nus, sans songer à remettre ses chaussons tombées, elle retourna se coucher avec Valentin.
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