Victor Hugo, J'aime l'araignée et j'aime l'ortie
Commentaire de texte : Victor Hugo, J'aime l'araignée et j'aime l'ortie. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar noah.Bucciali • 20 Juin 2023 • Commentaire de texte • 1 683 Mots (7 Pages) • 222 Vues
Lecture linéaire 16
Introduction :
. Victor Hugo : poète, romancier, dramaturge du XIXème siècle ; chef de file du courant romantique.
. Ce poème sans titre « J’aime l’araignée et j’aime l’ortie » est extrait du recueil Les Contemplations publié en 1856, durant l’exil de l’écrivain. Recueil profondément marqué par la mort de sa fille Léopoldine, divisé en deux parties « Autrefois » et « Aujourd’hui » qui retrace l’itinéraire moral du poète entre 1830 et 1856.
. « J’aime l’araignée et j’aime l’ortie » est le poème 27 du livre III des Contemplations intitulé « les luttes et les rêves » qui prend en compte la misère du monde. Il est composé de 7 quatrains alternant entre décasyllabes et pentasyllabes en rimes croisées. Dans ce poème, l’auteur tente de lutter contre les préjugés des hommes comme les êtres rejetés que sont les araignées et les orties.
LECTURE
PBK : en quoi cet éloge de la laideur et du mal est-il un appel à la tolérance ?
1er mouvement : un éloge paradoxal (vers 1 à 16) – (4 premiers quatrains)
2ème mouvement : un appel à changer notre vision sur ces deux créatures (vers 17 à 28) – (3 derniers quatrains)
1er mouvement : un éloge paradoxal
Vers 1 à 6 : défense du poète en raison de la répulsion que suscitent ces 2 créatures. Eloge de la laideur
v. 1-2 : poème placé sous le signe de l’amour dès le 1er vers avec la répétition de « j’aime » + parallélisme de construction : insistance qui peut surprendre le lecteur. Paradoxe car le poète désigné par le pronom « je » aime deux créatures habituellement repoussantes : l’araignée (animal inquiétant) et l’ortie (plante urticante). Ce 1er vers s’oppose au vers 2 : « je » du poète s’oppose au pronom indéfini « on » qui désigne la pensée commune + opposition « aime » / « hait ». Conjonction de subordination de cause « parce que » (anaphore) qui donne une raison paradoxale : il les aime en raison de la haine dont elles font l’objet.
Vers 3 – 4 : conjonction de coordination « Et » qui relie 1ère raison à une 2ème raison « Et que » (= 2ème parce que). Grâce aux antithèses « rien » / « tout » + « exauce » / « châtie » + parallélisme, le poète énonce le grand malheur auquel sont soumises ces 2 créatures. Redondance des expressions au vers 3 pour dire le rejet qu’elles subissent et qu’elles sont livrées à un triste sort avec l’oxymore au vers 4 « morne souhait » (= déjà idée de victime).
On peut noter : Alternance décasyllabes (vers très employé, régulier) et pentasyllabes (vers impair, boiteux) : cela peut être vu comme une volonté du poète de marier le beau au laid, le régulier à l’irrégulier...
= 1er quatrain qui met en valeur le laid, le négatif, ce que Baudelaire appellerait « la boue ».
Effet de surenchère dans le paradoxe avec un portrait particulièrement péjoratif de l’araignée et de l’ortie. Le poète ne renie pas la nature négative de ces deux créatures, c’est sur cette nature que reposent les raisons majeures de son attachement pour elles. Vers 5 et 6 : accumulation d’adjectifs péjoratifs « maudites », « chétives », « noirs », « rampants » : elles sont liées à la laideur (rampants), à l’obscurité (noirs), à la tristesse et au mal (maudites) : cela suggère le dégoût, le côté dangereux et la malédiction de ces êtres.
+ sonorités rudes et discordantes : exauce, morne, « i », « r ».
Vers 7 à 10 : condition tragique de ces êtres qui ne peuvent échapper à leur condition / sort
CL lexical du piège, de l’emprisonnement : « captives », « guet-apens », « prises dans leur œuvre ». De plus, « guet-apens » + « dans leur œuvre » = la toile de l’araignée + les feuilles urticantes de l’ortie. Souligne qu’elles sont prisonnières d’elles-mêmes mais aussi du regard négatif des autres sur elle : elles sont décrites
comme des pièges / et sont victimes de cela avec l’adjectif « tristes ». Côté pathétique qui va déboucher sur le registre tragique : Ô lyrique + modalité exclamative + lexique de la fatalité « sort », « fatals nœuds » : créatures condamnées à un destin funeste à cause de leur caractéristique particulière (toile, urticaire). Le piège se renferme sur elles, d’où la haine (cf vers 2) = condition douloureuse et inextricable. Paradoxal de faire de ces êtres négatifs, des êtres victimes et positifs. Cela peut être la métaphore de la condition du poète, lui aussi rejeté et méprisé, suggéré par le nom « œuvre » : on peut y voir aussi une image du poète maudit, incompris et rejeté par la société.
Vers 11 à 16 : défense des victimes / métaphore du peuple qui souffre et qui est rejeté.
v. 11 et 12 : 2 métaphores négatives ; plante comparée à un animal négatif, rampant (écho vers 6) la « couleuvre » et l’araignée
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