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Romans analyses

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Par   •  8 Juin 2023  •  Fiche  •  5 090 Mots (21 Pages)  •  162 Vues

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BAKHTINE FICHE

La prose de l’art littéraire présuppose une sensibilité à la concrétion et à la relativité historiques et sociales de la parole vivante, de sa participation au devenir historique et à la lutte sociale.

2e étude : Le discours romanesque

Stylistique contemporaine et roman

Le roman = souvent mal compris en raison d’une réduction à des analyses thématiques, la prose ne se plie pas aux outils d’analyse stylistique traditionnels.

Le roman pris comme un tout, c’est un phénomène pluristylistique, plurilingual, plurivocal.

  • Càd qu’il comprend plusieurs « unités linguistiques hétérogènes » dont les principaux types sont :
  • Narration directe littéraire
  • Narration orale traditionnelle stylisée ou « récit direct »
  • Stylisation de la narration écrite semi-littéraire
  • Discours des personnages

L’originalité du roman vient de ce qu’il est un assemblage, un « système de langues ». -> le plurilinguisme entre dans la prose tout d’abord grâce aux paroles des personnages, aux « genres intercalaires » (autres que celui du roman et ne partageant pas les mêmes codes mais malgré tout insérés), le va et vient entre le discours de l’auteur & celui du narrateur. Sa singularité = l’unité supérieure, le « tout » repose sur une dialogisation & une fragmentation.

Alors que la poésie repose sur un langage unique & individuel, c’est le contraire pour le roman.

Le postulat de la véritable prose romanesque, c’est la stratification interne du langage, la diversité des langages sociaux et la divergence des voix individuelles qui y résonnent.

Roman = partage de nombreuses similitudes avec les discours rhétoriques mais ne peut pas y être réduit.

Le langage commun repose sur un système de normes linguistiques  (« forces créatrices du langage ») -> ce langage est « idéologiquement saturé », chacune de ses composantes est profondément liée aux conceptions & imaginaires de la catégorie socio-historique qui l’emploie. C’est donc une force d’unification et de centralisation qui garantit une compréhension forte entre les hommes qui l’emploient (conception commune du monde) -> VS la prose possède des « forces décentralisatrices et centrifuges ».

[Les catégories stylistiques initiales] furent constituées par les forces historiques réelles du devenir verbal et idéologique de certains groupes sociaux précis. […] Ces forces furent celles de l’unification et de la centralisation des idéologies verbales.

Ce que souhaite étudier l’auteur = le comportement et l’évolution du discours particulier lorsque on le place dans un contexte de plurivocalité et de plurilinguisme.

Discours poétique, discours romanesque

Les phénomènes spécifiques au discours romanesque = viennent de son orientation dialogique. C’est un « discours vivant » qui s’élabore précisément dans son interaction avec les autres langages -> « dialogue social ».

Un énoncé vivant […] ne peut manquer de toucher à des milliers de fils dialogiques vivants, tissés par la conscience socio-idéologique autour de l’objet de tel énoncé et de participer activement au dialogue social.

Quand ce discours conceptualise son objet -> processus plus complexe qu’avec un « langage unique », l’image que l’intention du discours donne à l’objet en fait un « discours-rayon ». L’objet y révèle la « multiformité sociale plurilingue de ses noms ». La dialogisation = partie active du processus.

Le discours conceptualise son objet grâce au dialogue.

Les dialogues vivants = caractérisés par leur dépendance aux autres milieux, ne sont jamais autonomes mais toujours orientés vers la réponse. La compréhension par l’interlocuteur n’est pas passive mais sert à enrichir la conception, une action mutuelle s’exerce entre les idées déjà présentes et les nouvelles. = autre aspect de la « dialogisation intérieure », la rencontre des deux discours par la perspective de l’interlocuteur -> accentue la subjectivité du discours. C’est l’événement principal du discours. =/= « utilisation directe » du langage par les genres poétiques. -> le langage comme milieu vivant n’est jamais unique en raison de sa participation à la vie sociale & de son historicité.

Le langage, en tant que milieu vivant et concret où vit la conscience de l’artiste du mot, n’est jamais unique.

Le discours = à mi-chemin entre contexte intérieur/contexte d’autrui. Par le plurilinguisme, le langage n’est jamais complètement propre à l’auteur -> il est donc objectivé. On le montre comme une chose et non comme un langage réel.

  • Le poète = montre l’autre avec son langage
  • Le prosateur = se montre avec le langage de l’autre

Toutes les visions du monde socialement signifiantes ont la faculté d’éparpiller les intentions virtuelles du langage, en les réalisant concrètement.

  • Càd que toutes les visions du monde qui participent au plurilinguisme donnent une valeur particulière aux éléments du langage utilisé. On parle de « stratification ». -> c’est elle qui aboutit à la « stratification » déjà mentionnée.
  • Les différents « langages » (ici : visions du monde) = sont des pdv sur le monde, coexistent.

Le mot du langage est un mot semi-étranger.

Les intentions du prosateur lui-même = révélées par sa façon « d’agencer » le plurilinguisme.

Le plurilinguisme dans le roman = prend des formes diverses

  • Roman humoristique = parodie de toutes les couches du langage littéraire d’une époque. Fondé sur le recours au « langage commun » que l’on peut assimiler à une forme « d’opinion publique » qui est stratifiée. -> elle est elle-même objectivisée parce qu’on la regarde à distance. Toutes les autres parodies = fondées sur celle-là en 1e.

On y observe des constructions hybrides : les « paroles d’un autre » sont introduites dans le discours de l’auteur mais c’est un langage qui lui est étranger, deux perspectives s’y confondent.

  • Il prend l’exemple de Rabelais qui parodie toutes les formes de discours idéologique & de pensée linguistique.

Particularités du plurilinguisme dans le roman humoristique :

  • Leur forme est anonyme, les langages apparaissent les uns après les autres et
  • Ils sont peu à peu révélés comme faux, hypocrites ou inadéquats.

Le narrateur n’y sert pas à organiser le plurilinguisme mais il y est vecteur d’une certaine perspective linguistique et peut mettre en perspective les éléments objectivés.  -> l’auteur réalise ainsi son « intention » à travers le pdv du narrateur du récit.

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