Rabelais, Gargantua, L'Abbaye de Thélème » : La vie des Thélémites..
Commentaire de texte : Rabelais, Gargantua, L'Abbaye de Thélème » : La vie des Thélémites... Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar 20110 • 12 Juin 2023 • Commentaire de texte • 1 532 Mots (7 Pages) • 246 Vues
2) Objet d’étude : « La littérature d'idée du XVIe au XVIIIe : :
Œuvre intégrale : « GARGANTUA » I.V – (1534) – RABELAIS
- Parcours : "Rire et Savoir".
Texte n°5 : « L'Abbaye de Thélème » : La vie des Thélémites..
Analyse linéaire :
Problèmatique : « Comment dans cet extrait l'auteur fait-il l'apologie d'une éducation humaniste ?
Introduction :
(Amorce générale : )
Avec la Renaissance artistique et les nouvelles découvertes scientifiques, l'Europe voit fleurir chez de nombreux auteurs le fantasme d'une ré-invention du Monde. Entre un retour à l'Âge d'or antique et un désir diffus de progressisme, ceux que l'on appellera les Humanistes s’inquiètent du bonheur de l'homme et de la marche du Monde. S’ils réfléchissent à un idéal pédagogique pour former les esprits nouveaux, ils s’intéressent également à un idéal de société susceptible de mettre cette quête de l'épanouissement de tous en pratique. Rabelais ; premier utopiste français ; dans son roman Gargantua publié en 1534, évoque ainsi de nombreux lieux fictionnels comme l’Abbaye de Thélème :
Présentation de l'extrait : Dans cet extrait qui se situe après le récit de la guerre pichrocholine, l'auteur raconte comment (Annonce de la problématique reformulée) une éducation bienveillante (Annonce des mouvements) basée sur la liberté naturelle (1), sur l'émulation réciproque (2) promet des conséquences heureuses pour les jeunes gens (3).
Développement :
Mouvement n°1 (de « Toute à « honneur ») :« Le culte de la liberté/ Une liberté fondamentale »(titres possibles)
Le texte commence avec un déterminant quantitatif : « Toute ». Ici l’auteur oppose symboliquement une tournure absolue (leur vie) à l’absence de « lois, statuts, règles. » (juxtaposition de termes liberticides). L’abbaye fonctionne selon le principe d’une liberté mise en application primordiale. Le bon vouloir et le libre arbitre sont des termes mélioratifs qui renvoient à une liberté productive et non pas anarchique.
Pour renforcer sa démonstration, Rabelais utilise la troisième personne du pluriel, « Ils » qui anonymise les thélèmites et en même temps renforce leur exemplarité. Il s’agit ici d’un groupe compact qui se met en marche comme un seul homme. De plus, les adjectifs qualificatifs « bon » et le terme « désir » ancre la démarche des Thélémites dans une dynamique positive. La répétitions des verbes d’actions à l’imparfait, leur juxtaposition (« mangeait, buveaient, dormaient, travaillaient ») outre la musicalité qui traduit un rythme de vie ordonné montre aussi leur efficacité. L’imparfait est le temps de l’habitude dans le passé, celui de l’action qui dure, de la stabilité. Ainsi la liberté semble être garante d’une organisation très bien huilée.
Le pronom indéfini « nul », l’adverbe de négation « ni » et sa répétition ; tout concorde à démontrer la liberté inaliénable des élèves de l’abbaye. C’est à la suite de cette introduction que le découvre la devise de Gargantua, écrite en majuscule comme au frontispice de l’abbaye : « Fais ce que tu voudras ». Ce commandement (tournure impérative) est pourtant celui de la liberté mise en pratique et du refus de toute coercition. Cet extrait débute donc avec l’impérieuse nécessité de suivre son désir. On relève à la suite une longue phrase complexe qui accumule les différentes conséquences heureuses de ce postulat initial : Selon Rabelais, la liberté engendre presque logiquement (polysyndète ) toutes les vertues : Le champ lexical de la bonté et l’utilisation du pluriel vaut argument d’autorité :« des gens libres, bien nés, bien instruits, ». Pour l’auteur, la vie réelle (participe présent « vivant »qui montre le dynamisme de cet enseignement) sous l’égide humaniste conduit à l’excellence tout en respectant les lois immuables de la Nature : « honnête compagnie, « par nature un instinct », . Ici le texte utilise un champ lexical religieux « aiguillon qui pousse toujours vers la vertu et retire du vice » comme des superlatifs qui jouent arguments d’autorité. La fin de la phrase procède de la même démonstration : « c'est ce qu'ils nommaient l'honneur. » Ainsi le postulat humaniste libertaire, loin de contraindre mais aussi d’encourager aux débordements serait en fait le socle propre à former des êtres nouveaux et supérieurs. Le « ils » de vérité générale, la tournure grandiloquente (« nommaient ») et le terme absolu « honneur » conclut de manière presque aristocratique ou épique ce premier mouvement.
(Phrase de transition) Les Thélèmites sont des êtres que la liberté élève ontologiquement, et ce faisant des êtres exceptionnels.
Mouvement n°2 (de « Ceux-çi » à « celles là » : « L'élévation vers la vertu / Une vie naturellement noble / les conséquences d'une éducation humaniste / La naissance d’êtres d’exceptions (titres possibles).
Ce mouvement s’affirme comme celui de la mise en démonstration des vertues de l’éducation selon Gargantua. Le texte utilise le pronom démonstratif proximal « ceux-ci » pour offrir au lecteur un regard narratif presque documentaire. L’utilisation du présent de vérité général (« ils sont, se détournent », de l’adverbe de temps « quand » ; tout ici se veut une leçon didactique pour prouver en quoi sans liberté, les êtres ne sont enclins qu’au mal. Rabelais oppose champ lexical péjoratif de la privation de liberté, voire de l’esclavage « écrasés et asservis par une vile sujétion et contrainte, servitude , joug , défendues et déniées» et les qualités dont il revendique la primauté originelle : « noble passion par laquelle ils tendaient librement à la vertu » (superlatifs)
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