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Question de corpus sur l'amoureux et l'amour

Dissertation : Question de corpus sur l'amoureux et l'amour. Recherche parmi 302 000+ dissertations

Par   •  19 Mars 2025  •  Dissertation  •  3 188 Mots (13 Pages)  •  14 Vues

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Dissertation 1

« Suis-je amoureux ? – Oui, puisque j’attends. »[...] Parfois, je veux jouer à celui qui n’attend pas ; j’essaie de m’occuper ailleurs, d’arriver en retard ; mais à ce jeu, je perds toujours : quoi que je fasse, je me retrouve désœuvré, exact, voire en avance. L’identité fatale de l’amoureux n’est rien d’autre que : je suis celui qui attend. » affirme Barthes dans ses Fragments d’un discours amoureux (1977).

En quoi cette définition de l’amoureux et par là de l’amour correspond-elle aux quatre œuvres du corpus ?

Contextualisation : Roland Barthes a écrit un discours théorique sous forme de fragments sur les sentiments amoureux. L’essai se présente comme de courtes analyses régulées par un ordre alphabétique et s’appuyant sur les lectures d’œuvres poétiques et théâtrales que Barthes combine à ses propres réflexions. En marge du texte sont nommées les références littéraires sur lesquelles le théoricien s’appuie.

La citation proposée à l’étude correspond à l’entrée « L’Attente ». L’attente dans le sentiment amoureux est un topos et nous renvoie déjà à plusieurs situations types : le rendez-vous manqué, l’amant.e partie par nécessité, etc. Titre de l’entrée évocateur.

Analyse du sujet : la citation propose une définition de l’amoureux et par conséquent de l’amour.

« L’identité fatale de l’amoureux n’est rien d’autre que : je suis celui qui attend »  : présent de vérité générale + phrase négative restrictive (rien d’autre que) → vise ce qu’est seulement l’amoureux. Barthes affirme ainsi que l’amoureux n’est qu’un être dans l’attente constante de l’objet de son amour. Pose déjà un problème car l’amour n’est plus véritablement dans l’objet lui-même mais déplacé dans le sentiment d’attente. Autre point important : l’identité est dite « fatale ». Au sens littéral, identité inévitable, nécessaire. Mais double sens pour un théoricien tel que Barthes, renvoie à la mort. L’attente conduirait l’amoureux vers une mort inéluctable, figurée ou littérale. Figurée parce que l’attente fait vivre hors du présent (est-ce une forme de mort?) et littérale si l’on en vient au sujet amoureux littéraire. Issue fatale de l’amoureux qui attend particulièrement représentée dans le théâtre et la tragédie.

Sur le déplacement de l’amour, dans l’ensemble, Barthes évoque un phénomène d’ « annulation », une « bouffée de langage au cours de laquelle le sujet en vient à annuler l’objet aimé sous le volume de l’amour lui-même : par une perversion proprement amoureuse, c’est l’amour que le sujet aime, non l’objet » (entrée « Aimer l’amour »)

« Suis-je amoureux ? – Oui, puisque j’attends. » : dialogue fictif menant à la définition. Le « je » se reconnaît comme amoureux parce qu’il sait qu’il attend.

« Parfois, je veux jouer à celui qui n’attend pas ; j’essaie de m’occuper ailleurs, d’arriver en retard ; mais à ce jeu, je perds toujours : quoi que je fasse, je me retrouve désœuvré, exact, voire en avance. » : une forme de fatalité dans l’attente. Hors de l’attente de l’autre, tout n’est que jeu (« je veux jouer ») ou divertissement (inutile, absurde?) pour oublier l’attente (vision pascalienne de l’amour, dans laquelle l’être aimé aurait remplacé Dieu?). L’être humain s’agiterait inutilement car en fin de compte l’attente serait toujours là, tapie (« à ce jeu, je perds toujours »).

En somme :

→ l’amoureux ne se sait amoureux que par le sentiment d’attente qu’il ressent en l’absence de l’être aimé

→ si seul l’attente est signe de l’amour, l’amour ne se vit jamais au présent et est voué à ne jamais se réaliser

→ l’amoureux est pris dans une fatalité (le menant éventuellement à la mort figurée ou littérale)

→ déplacement de l’amour ou « annulation » au sens où l’objet de l’amour n’est plus l’être aimé mais l’amour c’est-à-dire le sentiment d’attente (générateur de souffrances et d’espoirs ?)

→ le temps qui n’est pas consacré à l’attente amoureuse est un temps de divertissement : l’être est condamné à ne jamais vivre vraiment

→ l’amour se comprend dans l’absence car attente = absence de l’autre

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Introduction : 

Accroche :

L’attente est une topique de la littérature amoureuse. Elle se décline en plusieurs situations types tels les rendez-vous manqués, ou l’attente de l’être aimé parti loin (à la guerre, à l’aventure), l’attente de la confirmation de l’amour, etc. Elle est synonyme d’absence de l’autre, de frustration, de désespoir. En somme, elle est synonyme de souffrances et dans cette mesure, elle est une qualité qui correspond à l’amour malheureux littéraire tel que le conçoit Denis de Rougemont dans Amour et Occident (1959) (« L’amour heureux n’a pas d’histoire dans la littérature occidentale »).

Sujet :

Roland Barthes, dans Fragments d’un discours amoureux (1977) va plus loin encore et affirme que l’attente n’est pas seulement un des thèmes de l’amour, elle est l’amour : « Suis-je amoureux ? – Oui, puisque j’attends. » [...] Parfois, je veux jouer à celui qui n’attend pas ; j’essaie de m’occuper ailleurs, d’arriver en retard ; mais à ce jeu, je perds toujours : quoi que je fasse, je me retrouve désœuvré, exact, voire en avance. L’identité fatale de l’amoureux n’est rien d’autre que : je suis celui qui attend ».

Analyse du sujet :

Voir ci-dessus. Reprendre les grandes lignes : celui qui aime est toujours en situation d’attente ce qui implique – l’absence constante de l’autre (quand bien même il serait là) ; n’étant jamais là c’est moins l’autre qu’on aime que l’amour en lui-même ; le temps hors attente n’est que divertissement ; l’être est condamné fatalement à toujours vivre en dehors du présent (les propos de Barthes ont une portée existentielle)

Présentation du corpus 

Problématique :

Nos tragédies mettent en scène un amour jamais accompli qui ne se comprend que dans l’attente, l’absence de l’autre, et ainsi la souffrance. Mais si le sujet amoureux se définit comme sujet qui attend, ne menace-t-il pas la construction même de la tragédie ?

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