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Molière, Tartuffe, acte III, scène 3

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Par   •  27 Mars 2023  •  Cours  •  3 146 Mots (13 Pages)  •  372 Vues

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EXPLICATION DE TEXTE TARTUFFE III ,3 ITRANSITION VERS LE GENRE COMIQUE

Nous commençons aujourd'hui l'exploration du genre comique avec des textes très diachroniques et variés du Pseudolus de Plaute jusqu'à la commedia dell'arte de Goldoni en passant par Molière et jusqu'au 20e siècle avec Ionesco et Beckett.

Plutôt que d'introduire le genre comique de manière théorique comme je l'ai fait pour la tragédie et les différents types de drames, nous allons commencé in medias res avec grand un texte du répertoire comique : l'acte III scène 3, soit la 2nde tirade de Tartuffe destinée à séduire Elmire, peu après avoir posé cette fameuse main sur le genou, afin bien sûr de tâter l'étoffe moelleuse de son habit !

Les mises en scène historiques, celle du XVIIIe siècle par exemple, à la frontière du libertinage, ou bien sa version romantique sous l'influence de Damas au début XIXe siècle qui présente un Tartuffe assez noir, sous le coup d'un désir violent, toutes ces mises en scènes si variées seraient impensables pour la tragédie et par exemple pour Phèdre que nous avons étudiée il y a deux semaines. Souvenez-vous du premier aveu à Hippolyte lorsque Phèdre prise dans fantasme de la réécriture de l'histoire d'Ariane et de Thésée semble esquisser un geste suspendu selon l'indication ténue d'une didascalie interne :

« Que de soins m'eût coûtés cette tête charmante ! » (II,5).

Voilà dans la retenue tragique toute l'étendue de ce qui la sépare de la comédie dont Aristote disait qu'elle était imitation de la laideur humaine. Mais plutôt que d'opposer Racine à ce qui lui serait trop éloigné, Plaute par exemple, je préfère prendre Molière, et donc la grande comédie.

La grande comédie ou comédie classique se distingue des momeries du Moyen age mais aussi des farces de la commedia dell'arte dont elle est pourtant issue. La comédie de Molière peut garder parfois cet aspect farcesque tel que le comique de situation de la scène de l'entretien espionné par Orgon où Elmire dans l'acte IV. Cette-dernière ne pouvant plus repousser les assauts galants de Tartuffe, tousse et retousse selon un code préétabli par les époux, afin de faire sortir Orgon de sous la table. En vain il ne sort pas, d'où le comique de répétition qui déclenche les rires les plus francs.

Le comique de l'ACte III, Scène 3 est plus subtil et tient justement à ce qui différencie comique et tragique : en effet, si la scène tragique est une merveille close sur elle-même, qui pourrait presque se passer des spectateurs, la scène comique quant à elle se soutient entièrement du regard du spectateur.

Alors que le spectateur de la tragédie ne devine pas les pensées de la persona tragique mais pressent le caractère inéluctable d'une destin presque déjà rétrospectif, il est au contraire dans la comédie bien confortablement installé dans une connivence avec l'auteur, devinant à l'avance les comportements mécaniques des personnages. Aini, le spectateur comique est le complice de l'auteur dont il accepte les codes. C'est que le personnage comique est un type : il obéit à une loi, il appartient à une grammaire. Or Tartuffe est dans cette scène contraint de sortir de son rôle mécanique de faux dévôt pour montrer son désir : va-t-il faire mentir son type pourtant bien affermi par l'antonomase « un tartuffe » désignant un hypocrite ou un imposteur ?

INTRODUCTION au texte à expliquer

Dans cette dialectique du désir et de la dévotion, le spectateur peut enfin jouir d'une parfaite connaissance de la vraie nature de Tartuffe, déjà dénoncée par la franchise de la servante Dorine mais jusque là encore abstraite et hypothétique. Le plaisir spectaculaire c'est apprécier chaque nuance de son subtil dévoilement, équilibre subtil entre aveu et dénégation tant Elmire est une femme perspicace qui le renvoie à chaque instant à sa fausse-dévotion. Le masque tombe certes mais avec grand art.

La problématique est ici double :

la perversion de l'éloquence sacrée ici toute mâtinée du langage précieux propre à la galanterie ne semble-t-elle pas plutôt parfaire le masque de Tartuffe ? En effet, elle met bien en abime le travail du comédien, c'est-à-dire l'hésitation entre la vraie personne et persona du théâtre.

Mais c'est justement pourquoi on peut rattacher cette question du masque qui tombe à la notion de comique. En effet, cette plasticité de comédien propre à Tartuffe mais aussi due à son exceptionnelle force rhétorique exacerbe l'indiscrétion du spectateur-voyeur jusqu'à la déflation finale de la tirade : c'est là que se concentre toute la vis comica. Le rire ne vient-il pas évacuer la peur d'un homme dangereux, dont l'irésistible désir inquiète ? En perçant à jour ce pantin qui veut devenir homme, ce Tartuffe qui pour se faire ange, devient bête, le public ne peut que jubiler. L'homme n'est plus inquiétant mais ridicule ce qui parfait la satire des faux dévôts. En outre, la scène annonce le stratagème de la fin pour confondre le faux- dévôt devant Orgon, ce qui fait donc progresser l'action dramatique vers un dénouement heureux.

LINEAIRE : découpage selon les 5 parties de la rhétorique classique, bien qu'elle soit passablement dévoyée par Tartuffe.

Aron Kibédi-Varga « Rhétorique et littérature. Etudes de structures classiques »

Marc Fumaroli « L'âge de l'éloquence : Rhétorique et res literaria de la Renaissance au seuil de l'époque classique ». cf les trois genres de la rhétorique : judiciaire, épidictique (l'éloge et le blâme en culture antique) et délibératif (scène d'exposition du Misanthrope, délibération entre Alceste qui ne jure que par le credo d'une sincérité absolue et Philinthe qui est tempéré

et accomodant sans être courtisan et servile comme le veut l'idéal de l'honnête homme à l'âge classique qui est nécessairement un être social voire un amateur de salons mondains ---> risque d'ennui, assez statique).

LECTURE

exorde v. 6-12 : ce que Tartuffe se propose de démontrer

narration v. 13-20 : récit circonstancié de l'énamoration et la justification de la chute de l'ange

confirmation v. 21-28. Qui fait l'apologie de la dévotion

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