Melancholia "cette fille au doux front (...) infâme"
Commentaire de texte : Melancholia "cette fille au doux front (...) infâme". Recherche parmi 301 000+ dissertationsPar maggy91 • 22 Février 2025 • Commentaire de texte • 1 851 Mots (8 Pages) • 21 Vues
Analyse linéaire du poème « Melancholia » « Cette fille au doux front (…) infâme », Les Contemplations, 1856, Victor Hugo
Le mot « Melancholia » est emprunté au latin lui-même transcrit du grec μελαvχολία (melankholía) composé de μέλας (mélas), « noir » et de χολή (khōlé), « la bile » . Par extension, le terme fait référence à un esprit sombre, un mécontentement de soi et du monde.
Le poème du même nom, écrit par Victor Hugo, exprime toute l’exaspération de l’auteur envers ceux qui critiquent ou restent indifférents à la misère sociale et notamment ici les enfants.
« Melancholia » est le poème 2 du livre III « Les luttes et les rêves », tiré du recueil Les Contemplations, publié en 1856. Le recueil est en quelque sorte une autobiographie de l’auteur puisqu’il évoque différents moments de son existence, plus ou moins marquants.
Victor Hugo est un écrivain, dramaturge et homme politique français né à Besançon en 1802 et mort à Paris en 1885. Il est le chef de file du mouvement littéraire et artistique du XIXème siècle : le Romantisme, dont l’esthétique met en avant l’intense expressivité et des thèmes tels que la mélancolie, la souffrance ou encore le rêve.
Projet de lecture : comment l’auteur fait-il le récit d’une déchéance physique, morale et en arrive à critiquer la société du XIXème siècle ?
Nous analyserons ce poème selon 4 mouvements : des vers 1 à 9 nous verrons une jeune fille livrée à elle-même, des vers 10 à 18 : la lutte pour la survie, des vers 18 à 23 la déchéance morale et enfin des vers 23 à 29 une jeune femme brisée et rejetée.
Mouvement 1 : une jeune fille livrée à elle-même
« Cette fille au doux front a cru peut-être, un jour,
Avoir droit au bonheur, à la joie, à l’amour. »
-Le poème débute par un champ lexical du bonheur associé à l’enfant. Un enfant pur, innocent avec « doux front » « bonheur, joie, amour ». On retrouve également un modalisateur au vers 1 « a cru » ainsi qu’un adverbe « peut-être » qui présentent une jeune fille innocente, naïve mais qui sera brisée par la société, elle n’aura pas le droit au bonheur.
« Mais elle est seule, elle est sans parents, pauvre fille !
Seule ! –N’importe ! […] »
- La conjonction de coordination « Mais » renvoie à une dure réalité, ainsi la jeune fille qui voulait avoir sa part de bonheur en est privée car sa situation familiale et sociale est un obstacle.
On note également l’emploi du registre pathétique, Victor Hugo insiste sur sa condition d’orpheline pour créer de la compassion chez le lecteur.
« […] elle a du courage, une aiguille,
Elle travaille, et peut gagner dans son réduit,
En travaillant le jour, en travaillant la nuit,
Un peu de pain, un gîte, une jupe de toile. »
Dans ces vers on retrouve le champ lexical du travail ainsi qu’une polyptote (figure de style qui consiste à employer un mot sous des formes grammaticales différentes, dans une même phrase) « travaille, travaillant, travaillant ». Au vers 6, on retrouve un parallélisme syntaxique. Ces procédés mettent en évidence le caractère répétitif, inlassable et corvéable du travail.
Au vers 7, l’énumération décrit la misère dans laquelle se trouve cette jeune fille. L’emploi de l’article partitif « un peu de » insiste sur la faim et le manque de moyens de l’innocente. La jupe de toile insiste aussi sur la manque d’argent car la toile est un tissu bon marché et peu flatteur.
« Le soir, elle regarde en rêvant quelque étoile,
Et chante au bord du toit tant que dure l’été »
Le champ lexical de la joie est repris dans ces quelques vers pour souligner la candeur, l’innocence de la jeune fille. Elle est pleine d’espoir, elle rêve à des jours meilleurs et pense que le travail apportera son lot de joies. Cf : La cigale et la fourmi. (La cigale profite de la vie, est pleine de joie, d’espoir sans se douter que le pire est à venir)
Mouvement 2 : la lutte pour la survie
« Mais, l’hiver vient. Il fait bien froid, en vérité,
Dans ce logis mal clos tout en haut de la rampe ;
Les jours sont courts, il faut allumer une lampe ;
L’huile est chère, le bois est cher, le pain est cher. »
-La conjonction de coordination « Mais » ainsi que le registre réaliste et l’emploi du présent, mettent fin au rêve, le présent et le travail marque la désillusion.
On retrouve le champ lexical du froid ainsi que celui de la pauvreté, les deux sont associés : « hiver, froid, logis mal clos ». Ces champs lexicaux soulignent la souffrance de la jeune fille, son manque de ressources, les difficultés du quotidien.
L’énumération, l’anaphore ainsi que le parallélisme syntaxique au vers 13, insistent sur l’idée de lourdeur, de difficultés sous-jacentes et d’une vie plus dure pour la jeune fille.
Le vers 13 « L’huile est chère, le bois est cher, le pain est cher », va marquer sa déchéance physique : elle est trop pauvre pour se chauffer donc elle aura froid et tombera malade ou mourra ? elle ne pourra pas se nourrir correctement→ annonce d’une mort programmée ?
« O jeunesse ! printemps ! aube ! en proie à l’hiver ! »
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