Le libraire, Hervé Jodoin
Dissertation : Le libraire, Hervé Jodoin. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Filetta • 7 Juin 2024 • Dissertation • 1 489 Mots (6 Pages) • 127 Vues
Devoir 4D – Dissertation critique
Sujet de dissertation critique
Le Libraire peut être classé parmi les romans dits « picaresques », un sous-genre du roman.
« Au sens large, le picaresque désigne les œuvres où domine le thème du marginal rusé qui, face à une société hostile, a recours à différents masques pour s’adapter aux situations auxquelles sa vie itinérante le confronte. » (Le Dictionnaire du littéraire, p. 457). Hervé Jodoin incarne de la sorte le « picaro » ou l’antihéros par excellence. En considérant cette assertion et l’ensemble du roman, peut-on dire que Jodoin n’est qu’un être désabusé de l’existence ?
Dans les années 1960, le Québec est à l’aube d’un changement social historique. La fin de la Grande Noirceur commence avec le décès de Maurice Duplessis en 1959. L’arrivée au pouvoir des libéraux de Jean Lesage marque le début de la Révolution tranquille. Le roman Le Libraire de Gérard Bessette, publié en 1960, s’inscrit dans ce courant révolutionnaire. Présenté sous la forme d’un journal intime, Le Libraire est un roman avant-gardiste qui retrace l’arrivée d’Hervé Jodoin dans un petit village pour y travailler en tant que libraire. Hervé Jodoin, personnage principal et narrateur, est dépeint comme l’antihéros par excellence. En effet, Jodoin est un marginal qui, par son inaction et son cynisme, incarne le désenchantement. Cependant, au fil du récit, il apparaît comme un être en quête de sens. Enfin, une subtile évolution de Jodoin est observée, témoignant d’une possible métamorphose. Dans un premier temps, le narrateur, qui n’est autre qu’Hervé Jodoin lui-même, se présente comme un personnage désabusé. Dès le début du roman, il cultive l’inaction, et remet toutes ses actions. Ainsi, il décrit sa paresse à la fin du premier chapitre : « Pas aujourd’hui. Il se fait tard et j’ai le bras fatigué » (p.14). Il continue dans le même esprit à la fin de deux autres chapitres : « Ce sera pour la semaine prochaine » (p.22), et « Ce sera pour dimanche prochain. » (p.33.) Cette accumulation de phrases en fin de chapitres donne une impression de lassitude et de désenchantement du personnage principal. Outre sa lassitude, Hervé Jodoin se présente comme un être cynique. Il incarne un marginal, étranger aux conventions sociales, notamment face au clergé, pour lequel il ressent une profonde aversion. Il fait preuve d’irrespect et compare l’éducation faite par le clergé à un élevage de bétail : « [le] collège Saint-Roch […] en rase campagne, je veux dire au milieu d’un vaste domaine appartenant à des pères qui allient l’industrie laitière à l’élevage de jeunes gens. » (p.63.) Son cynisme face aux conventions sociales reflète un certain mépris pour les autres. Dès le début du roman, il est qualifié par ses anciens confrères comme un excentrique et un cynique : « […] on m’a toujours pris pour un excentrique, un cynique. » (p.18.) Il utilise un ton ironique pour illustrer son effronterie et son insolence envers les autres. C'est également à travers l'indifférence qu'il montre son absence d'intérêt et son cynisme. Un large champ lexical de plus de seize : "peu importe", de : »… ,je m’en balancais. » (p.21), de : "Je n'y peux rien." (p.25), de : "Je m'en fous." (p.91) témoigne de cette attitude. Le personnage de Jodoin, paresseux, las et marginal, incarne l’image d’un être désenchanté par son existence et par la société. Cependant, malgré l’image de résignation que Jodoin projette, il est également en quête de sens. La découverte du Capharnaüm, un endroit où reposent les livres profanes vendus à des personnes « sérieuses », marque une certaine évolution chez le protagoniste. D’abord, cette évolution se manifeste dans ses relations avec les personnages secondaires du roman, auxquels il ne prêtait pas beaucoup d’intérêt jusqu’alors. Il ne s'intéressait pas beaucoup à M. Chicoine, son patron. Lorsque M. Chicoine présente le Capharnaüm à Hervé Jodoin, une question de confiance mutuelle se pose. M. Chicoine souhaite s’assurer que son employé ne va pas le trahir et, plutôt que de se fâcher, Hervé Jodoin va « [éprouver] tout à coup de la sympathie, presque de la compassion pour Léon Chicoine. » (p.44). Hervé Jodoin se révèle sous un nouveau jour et commence à s’attendrir envers les personnes qui l’entourent. Cela se vérifie également à sa sortie de la librairie ce jour-là. Jodoin se rend, comme à son habitude, à la taverne où il s’isole pour boire. Cependant, cette fois-ci, il prend l’initiative d’établir un contact avec le père Manseau en lui faisant un signe de la tête et en échangeant quelques mots. Il déclare : « Là s’est bornée notre conversation. Le père Manseau n’est pas loquace. Moi non plus. Nous avions simplement voulu établir des relations de bon voisinage. » (p. 46,47). Bien qu’il utilise un vocabulaire dépréciatif avec les mots « borné » et « pas loquace », il exprime le désir d’entrer en relation avec lui, alors que pendant les trois semaines précédentes, il buvait en silence à ses côtés. Ce désir de communication est nouveau pour lui. Il recherche un sens à sa vie en entrant en relation avec les autres. L’être désabusé présenté au début du roman subit une subtile métamorphose, et se révèle comme une personne en quête de sens. Par conséquent, le personnage d’Hervé Jodoin, initialement dépeint comme un être désabusé, marginal, paresseux et indifférent aux autres, se révèle être un individu en quête de sens, avec un espoir de métamorphose qui pointe. Tout au long de son récit, il fait preuve d’une certaine introspection. La librairie devient son refuge, où il peut laisser ses pensées divaguer en attendant le client : « Quand je dis que je ne fais rien, je veux dire que je ne bouge pas. Car, en un sens, je pense. Certaines visions me flottent dans le cerveau. Ça, on n’y peut rien. C’est la nature. » (p.33). À travers ses réflexions introspectives, il essaie de comprendre sa propre évolution. Par exemple, lorsqu’il assume une nouvelle responsabilité, il décrit ses sentiments : « [j’éprouvais] la naïve impression que je pouvais encore servir à quelque chose; remplir un rôle utile. » (p.46).Un autre moment clé est la vente du livre « L’essai sur les mœurs » de Voltaire à un collégien, un épisode pivot du roman qui fait basculer l’histoire. Cet événement renvoie Hervé Jodoin à sa propre jeunesse : « J’étais comme ça, un dévoreur, à son âge. Je ne sais combien de quarts, de huitièmes de “nouveautés” j’ai lu de cette façon. » (p.64). Il s’identifie au jeune collégien et se remémore ses souvenirs. Malgré les conséquences possibles, il décide de lui vendre le livre, se sentant responsable de l’éveiller à une autre littérature. Tous ses monologues intérieurs révèlent son évolution tout au long du roman. Une métamorphose de Hervé Jodoin s’opère progressivement. À la fin du roman, Hervé Jodoin tire avantage de la situation délicate avec M. Chicoine en l’escroquant, se vengeant ainsi de ce qu'il a enduré. Cet acte reflète son désir de prendre sa vie en main. À travers le personnage principal, Gérard Bessette dépeint la société dans laquelle il évolue. Hervé Jodoin, désenchanté par cette société, dénonce les pouvoirs contraignants. Néanmoins, il parvient à retrouver un sens à sa vie et évolue au fil du roman. Cette lueur d’espoir peut être mise en parallèle avec l’arrivée au pouvoir des Libéraux et l’espoir que cela suscite pour le peuple. Le roman reflète les aspirations et les transformations de la société québécoise durant cette période cruciale, Le Libraire devient alors un symbole littéraire de la Révolution tranquille. Stratégies de révision du texte: Dans mes devoirs précédents, j'ai perdu des points par l'absence de marqueur de relation. J'ai demandé à mon enseignant de me préciser la définition du marqueur de relation. Dans ce devoir 4 j'ai donc essayé de porter une attention particulière aux marqueurs de relation. J'ai recherché à travers mes ressources le meilleur marqueur de relation pour introduire mes paragraphes, notamment: " Dans un premier temps", "Cependant", "Par conséquent". J'ai également perdu des points avec l'intégration de mes citations. J'ai demandé à mon enseignant un exemple précis de bonne intégration de citation. Je n'annonçais pas la citation comme il faut et ma méthodologie n'était pas bonne. Par exemple au devoir 3B, "Dans la personnification: les "Tourments sourdes sentinelles " (v. 10), deviennent", ici les deux points ne sont pas à la bonne place et je n'annonce pas le sens de cette citation. J'aurais dû introduire cette citation et placer les deux points après "les". J'ai donc essayé de porter une attention particulière aux citations dans ce devoir. Enfin, j'ai remarqué que mes idées étaient un peu confuses dans mes devoirs précédents. J'ai essayé lors de ce devoir de les rendre plus claires en relisant plusieurs fois mon travail et en essayant de me mettre à la place de la personne qui me lisait. |
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