L'Abbé Prévost, Manon Lescaut

Introduction : Amorce ; Prévost, Manon Lescaut ; présentation du sujet (citations complètes + analyse) ; problématique ; annonce du plan (si 3 parties : 3 phrases ; 3 mots de liaison, 3 verbes conjugués au futur).

I. Thèse (alinéa) Certes, ce roman peut être vu comme un « exemple terrible de la force des passions ». L’adjectif « terrible » est à prendre au sens fort : le lecteur est frappé par la trajectoire descendant du personnage masculin, le chevalier Des Grieux qui semble ne recevoir « aucun secours céleste » pour lutter contre le mouvement de son cœur et de son désir pour Manon.

A. (alinéa) Au cours du récit, on découvre un personnage en proie à la « force des passion ». Des Grieux parle d’une « force ; d’un funeste ascendant ». Il se dit « emporté, tout à coup, sans se trouver capable de la moindre résistance »

Argument : Ce roman, qui déploie de nombreuses péripéties, fait de la passion un moteur irrésistible.

Exemple: L’analyse de la scène du coup de foudre. Trahison avec M. De B..., des retrouvailles au parloir du séminaire (rejeu du premier coup foudre).

Démonstration : Insistance du personnage-narrateur sur la dimension cyclique de la relation qui le lie à Manon : il est incapable de résister à son amour pour Manon quelles que soient les trahisons qu’elle a pu commettre. La construction répétitive du récit donner à sentir la puissance de la passion qui condamne les personnages à un perpétuel recommencement.

Argument : Les passions semblent jouer le rôle du fatum dans ce roman.

Exemple: malgré les tentatives répétées de Tiberge pour le raisonner, pour le ramener dans le droit chemin, Des Grieux ne cesse de retourner vers celle qui est l’instrument de sa déchéance. Malgré le désir de Manon de vivre pour son seul chevalier, sa passion « des plaisirs » qui nécessitent de l’argent l’amène à accepter des propositions de protecteurs qui l’éblouissent par des « magnificences ». Des Grieux, pour éviter qu’elle ne devienne une courtisane est prêt à toutes les bassesse (triche au jeu, ment se prête à la comédie du jeune frère benêt devant le vieux "barbon" qui donne des baisers à sa « belle »).

Démonstration : Les passions sont synonymes de force du destin. Elles apparaissent comme une impulsion irrépressible contre laquelle la volonté des personnages ne peut rien et qui les amène à s’abaisser (« sans se trouver capable de la moindre résistance »)

B. (alinéa) C’est un roman qui délivre une leçon « terrible » à partir de cet exemplum : le récit semble fonctionner comme une mise en garde.

Argument : Le parcours et la trajectoire descendante de des Grieux illustrent les dangers de la passion.

Exemple : il connaît une déchéance sociale. Au début du roman, il a naissance, fortune, noblesse, études théologiques. Sa vie devient vagabonde (actes illégaux – initié par Lescaut -, La tromperie, le vol, l’enlèvement du jeune G… M… Le meurtre du domestique = crescendo dans le mal)

Démonstration : acceptation de la marginalisation.

Argument : la passion met en branle une irrémédiable mécanique qui mène au pire malheur. Exemple : Dénouement connu par avance, annoncé dans le récit cadre. Dès le début, comme dans une tragédie classique (genre privilégié du siècle précédent), la déportation de Manon est annoncée dès les premières pages et sa mort est sous entendue.

(alinéa + saut de ligne)Transition : La constante impression du narrateur d’être une victime de la passion et de ses effets dévastateurs explique peut-être qu’il soit « sans ressentir le moindre remords ». Cependant, malgré ses déclarations contre ce « funeste ascendant », le lecteur a bien l’impression de lire, en filigrane, un éloge de la passion tout aussi redoutable soit-elle.

II. Antithèse (alinéa) On peut penser que cette œuvre de l’abbé Prévost (bien qu’il s’en défende par la voix fictive de Renoncour) n’est pas tant une mise en garde contre la force destructrice des passions qu’un éloge de sa puissance de subversion.

A. (alinéa) Le récit rétrospectif, à la première, personne, témoigne de l’extrême plaisir que prend Des Grieux à raconter son histoire.

Argument : Passages rétrospectifs qui disent combien il aime à se remémorer tous les détails. Il ne regrette pas d’avoir vécu cette passion : il la revit même par la magie du plaisir des mots.

Exemple : deuxième réconciliation

Démonstration : La passion est donnée à voir comme une force qui surpasse tout : Des Grieux oublie toute rancœur et est « sans remords ». Le XVIIIème siècle commence la réhabilitation de la passion comme une force sublime (pré-romantisme). Là où les autres hommes voient en Manon une courtisane – exclusivement vouée à la satisfaction de leurs désirs–, Des Grieux voit une créature infiniment aimable.

B. (alinéa). Le récit rétrospectif permet une tonalité d’ensemble pathétique.

Argument : le personnage narrateur utilise le registre pathétique, pour montrer la souffrance et créer la compassion du lecteur pour cette passion malheureuse et non pas susciter sa condamnation.

Exemple : Les seuls à leur apporter de l’aide au jeune couple ont des cœurs sensibles à la passion (le fils d'un administrateur de l'Hôpital, M. de T. + Renoncour). Ce sont les personnages positifs de cette histoire dignes de la recevoir et Des Grieux leur rend hommage.

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