Juste la fin du monde, Jean-Luc Lagarce
Dissertation : Juste la fin du monde, Jean-Luc Lagarce. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar muye7 • 21 Mai 2024 • Dissertation • 744 Mots (3 Pages) • 123 Vues
- Les crises personnelles et familiales comme reflet de crises plus vastes
- Des thèmes à portées universelle
Jean Luc Lagarce, né en en 1957 à Héricourt est un auteur, dramaturge, directeur de troupe et metteur en scène français. Aujourd’hui l’un des auteurs contemporains les plus joués en France, il écrit la pièce « Juste la Fin du Monde » en 1990. Lors de son écriture, il se sait atteint du sida, dont il mourra 5 ans plus tard. Cette pièce est une tragédie dans laquelle Louis, le protagoniste, retourne voir sa famille après près de 11 ans d’absence. Tout au long de l’œuvre, le lecteur assiste à plusieurs crises, dont personnelles et familiales. Mais en quoi ces crises abordent-elles des thèmes plus vastes ?
1-Les crises personnelles et familiales comme reflet de crises plus vastes
La première crise qui se joue dans l’œuvre est avant tout celle de Louis. En effet, Le spectateur est mis dans la confidence dès le prologue, puisque Louis expose sa crise personnelle « plus tard, l’année d’après, j’allais mourir à mon tour ». C’est sous ces paroles tragiques que la pièce est d’ores et déjà placée sous le signe de l’urgence et de la nécessité de dire. Mais dire quoi concrètement ? Il s’agit d’annoncer « la mort tragique et irrémédiable » d’un jeune homme à sa famille. Ce dernier sait qu’il n’y a aucune échappatoire pour lui, ce qui constitue l’enjeu de sa crise personnelle. Dès lors, toutes les autres scènes de l’œuvre semblent être orientées de son point de vue, et les dialogues qu’il a avec les autres membres de sa famille peuvent être interprétées comme une extériorisation de sa crise personnelle. L’inflation d’épanorthoses et l’utilisation massive de chiasme tout au long de l’œuvre montrent le mal-être de Louis : impuissant, il ne lui reste plus qu’à annoncer la nouvelle à sa famille…
2-Cependant, l’aveu est difficile : Louis n’a jamais pu annoncer sa mort à ses proches. Cela augmente l’ampleur de sa propre crise, mais aussi entraîner une crise familiale : en effet, le retour du protagoniste au sein de son foyer a engendré toutes sortes de réactions négatives de la part de ses proches, bien qu’ils soient heureux de le revoir. Par exemple, sa jeune sœur Suzanne évoque dans la scène 3 de la 1ere partie le sentiment d’abandon qu’elle a ressenti après le départ de son frère. Elle revient sur les « lettres elliptiques » que lui envoyait de temps en temps Louis qui selon elle, montrent qu’il ne cherche pas à renouer avec sa famille. De plus, pour Suzanne, Louis est un miroir qui reflète la banalité et la médiocrité de sa vie. En effet, Louis est un écrivain qui a beaucoup voyagé, tandis que Suzanne est restée au foyer, comme pour compenser l’absence de son frère. La crise personnelle de Suzanne fait écho à celles d’Antoine, le frère cadet : en effet, lui aussi a eu sa personnalité construite en miroir de celle de son frère aîné. Le retour de Louis représente pour lui le retour de son rival. Etant le seul homme de la famille, ce dernier a pris l’attitude d’un père, ce qui explique son attitude autoritaire vis-à-vis de sa mère et surtout, de Suzanne.
On assiste également à une crise de l’intime. Louis, qui était venu pour annoncer sa mort, a été réduit au silence. En effet, lors des dialogues entre les personnages, la politesse et la civilité la plus banale masquent la gêne, ils permettent d’éviter les véritables enjeux de l’échange : les questions qu’on n’ose poser, les problèmes qu’on évite de prononcer et surtout, la mort imminente du protagoniste. Mais au-delà de ces banalités, ce qui empêche réellement Louis de parler est les reproches que sa famille lui adresse. En effet, chacun des membres réalise un véritable procès à l’égard de Louis : Suzanne lui fait remarquer son abandon, et Antoine, lors de la scène 3 de la partie 2, reproche à son frère d’avoir fait semblant de souffrir pendant de longues années afin d’avoir l’attention portée sur lui : « Tout ton malheur ne fut jamais qu’un malheur soit disant ». Chacun y voit l’occasion de faire part de ses reproches, de ses frustrations. La crise personnelle de Louis est mise au second plan, mais c’est seulement afin de ne pas forcer les autres à s’effacer pour laisser Louis faire part de sa propre souffrance, qui est largement supérieure à celle des autres, puisqu’il s’agit de sa mort imminente.
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