Jean Anouilh, Antigone

LL°8 : Antigone d’Anouilh

Homme de lettre du 20ème siècle, Jean Anouilh est l’une des plus grandes figures françaises. Dramaturge et scénariste connu pour organiser ses œuvres en séries thématiques, faisant alterner d’abord « Pièces roses » (comédies) et « Pièces noires » (tragédies), il est l’auteur de nombreuses pièces de théâtre, dont la plus célèbre est Antigone. Jouée pour la première fois en 1944, lors de la défaite de la France face aux armées nazies, cette réécriture moderne de la tragédie grecque « Antigone » de Sophocle raconte l’histoire d’Antigone, fille d’Œdipe, le roi de Thèbes et Jocaste. Elle représente la liberté, la résistance et a pour but de pousser le public de l’époque à se révolter contre l’Allemagne Nazie. Après la mort de son père, les deux frères d’Antigone, Étéocle et Polynice, se sont battus à mort car Polynice voulait s’emparer du pouvoir qu’Étéocle refusait de partager. L’oncle d’Antigone, Créon, a interdit qu’on respecte les rites funéraires traditionnels et qu’on enterre Polynice, menaçant de tuer la personne qui le ferait. Mais Antigone a décidé de désobéir et d’enterrer son frère, même au prix de sa vie. Dans l’extrait que nous allons étudier, Antigone est déjà allée recouvrir son frère de terre pendant la nuit, de bon matin, elle échange avec sa sœur qui ne sait pas ce qu’elle a fait. Nous nous demanderons en quoi cette scène d’intimité entre deux sœurs se révèle tragique et oppose deux postures différentes face à l’autorité.

        Ce premier mouvement évoque une scène intime et complice entre deux sœurs où l’on voit tout de même qu’Antigone cache quelque chose à sa sœur. Dès le début du texte, Ismène lui pose une question. On peut directement voir qu’Ismène connait sa sœur et se soucie de sa santé. La négation partielle « ce n’est rien » avec la didascalie montre le mensonge d'Antigone. Elle cache le fait qu’elle n’a pas dormi pour recouvrir son frère de terre. Antigone donne un ordre à sa sœur, elle se préoccupe de son état. Antigone est bienveillante envers sa sœur. Ensuite, le flashback marqué par l’imparfait parle de leur enfance. Elle parait nostalgique en évoquant des scènes de violence (chamailleries) envers sa sœur qui font preuves de sa jalousie. Elle la « barbouillait de terre, elle lui mettait des verres dans le cou, elle l’a attaché à un arbre et lui a coupé les cheveux ».  Elle se comportait déjà à contre-courant des conventions, elle était rebelle contrairement à sa sœur. Malgré ces chamailleries, on retrouve quand même une affection entre les deux sœurs. La didascalie « elle lui caresse les cheveux » montre également l’affection avec des gestes de tendresse. Cette marque d’affection n’est pas anodine, l’affection des cheveux représentent le coté superficiel d’Ismène et la jalousie d’Antigone. De plus, ce flashback permet à Antigone de dissimuler la vraie raison de son manque de sommeil, elle sait également que sa mort est prochaine. Elle change de sujet pour détourner son attention. Mais Ismène se doute de quelque chose d’étrange, elle la questionne.

...