Georges Sand (1804-1876), “Manuscrit de jeunesse”
Cours : Georges Sand (1804-1876), “Manuscrit de jeunesse”. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar LaboCafeine • 8 Octobre 2024 • Cours • 1 033 Mots (5 Pages) • 58 Vues
Corpus n°1 : Une chambre à soi
Document 1 : Georges Sand (1804-1876), “Manuscrit de jeunesse”
La vie en commun est l'idéal du bonheur entre gens qui s'aiment. Je l'ai senti au couvent, je ne l'ai jamais oublié ; mais il faut à tout être pensant ses heures de solitude et de recueillement. C'est à ce prix seulement qu'il goûte la douceur de l'association. [...] Au premier en descendant du ciel une chambre qui n’est ni ronde ni carrée, mais dans laquelle on peut faire six pas pourvu qu’ils soient très petits, le voisinage de la gouttière et des concerts de chats toutes les nuits. Mon lit sans rideaux est dans l’endroit le plus large c’et-à-dire auprès de la muraille d’un côté et de l’autre à deux pieds de la fenêtre. Quand je dis sans rideaux j’aurais tort de me plaindre, car je n’en ai pas besoin. La charpente et le toit de biais sont précisément au-dessus de ma tête de sorte qu’en sortant de mon lit je me casse le front tous les matins et je fais trembler toute la charpente pourrie. Ma fenêtre composée de quatre petits carreaux donne sur une étendue de toits couverts de tuiles et sur des chapiteaux de cheminées où rodent incessamment des volées de moineaux qui m’aident à manger mon pain sec. Le papier de ma cellule a été jaune à ce qu’on prétend. Mais quelle que soit sa couleur, il est fort intéressant, car il est barbouillé, dans tous les sens, de noms, de maximes, de vers, de niaiseries, de réflexions, de dates, que toutes celles qui ont habité cette chambre y ont laissés. Celle qui habitera après moi aura de quoi s’amuser car je lui laisserai des romans et des poèmes entiers à déchiffrer sur la muraille, et des dessins fort intéressants gravés avec un couteau sur les pierres de ma fenêtre à l’extérieur. Une harpe, une chaise de paille et une commode, par-dessus laquelle je suis obligée de sauter pour arriver à la porte composent avec mon lit… tout mon mobilier… S’il arrive quelque orage… je rêve quelquefois que je suis tombée dans la rivière et à mon réveil je crois encore y être.
Questions : 1. Souligner dans le texte tout ce qui montre que la chambre a un aspect dégradé. Cet aspect dégradé semble-t-il important aux yeux de la narratrice ? 2. Quel est le rôle des inscriptions sur les murs ? |
Document 3 : Virginia Woolf, Une chambre à soi, 1929
Je sais, vous m’avez demandé de parler des femmes et du roman. Quel rapport, allez-vous me dire, existe-t-il entre ce sujet et une « chambre à soi » ? Je vais tenter de vous l’indiquer. Après avoir accepté de vous parler, je suis allée m’asseoir au bord d’une rivière et je me suis interrogée sur le contenu des mots « roman » et « femme » ainsi rapprochés l’un de l’autre. Ce que l’on attendait de moi était-ce seulement un hommage à des écrivains femmes illustres, Jane Austen, les sœurs Brontë, George Eliot ? A y regarder de plus près, cette association « femme » et »roman » me parut moins simple. Peut-être me faudrait-il parler des femmes et de ce qui les caractérise, ou des femmes et des romans qu’elles écrivent, ou des romans qui traitent de la femme, ou encore, pensant que ces trois possibilités sont intimement liées, votre désir est-il que je les envisage dans leur entrelacement ?
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