Fiche de lecture sur L'éducation Sentimentale de Flaubert
Fiche de lecture : Fiche de lecture sur L'éducation Sentimentale de Flaubert. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Hubert Calipige • 1 Janvier 2024 • Fiche de lecture • 2 951 Mots (12 Pages) • 133 Vues
L’Éducation sentimentale
Introduction
Flaubert = l’ermite de Croisset
L’œuvre vient après Madame Bovary et cherche à représenter la période allant de 1840 à l’hiver 1868 (Février 4 !, Juin 48, coup d’État du 2 décembre 1851, Second Empire). Rapport ambiguë au réalisme = entre subjectivation de la représentation et souci d’exactitude historique.
Entreprise de déconstruction du romanesque : égalisation des discours et des actions servies par une ironie partout présente. Le hasard prend le pas sur la causalité, la juxtaposition des scènes se substitue à l’enchaînement logique des faits, et la duplication de motifs, d’actions, de discours et de personnages contrarie la progression du récit.
Flaubert a fait fi des usages du genre : une intrigue forte, des actions saillantes, des personnages qui, s’ils peuvent être moyens ou communs, doivent présenter quelque héroïsme.
L’ES est peuplée de personnages médiocres, incapables de saisir l’action par les cornes. Frédéric est entièrement caractérisé par la velléité et les aspirations changeantes. Privé de colonne vertébrale, il semble passer à travers les évènements sans véritablement s’y inscrire. Il s’agite plutôt qu’il n’agit, que ce soit face à l’action politique ou face à Marie Arnoux. Elle apparaît comme l’écran de projection des fantasmes. De même, Deslauriers n’est qu’un Rastignac raté : à force de trop vouloir imiter les modèles, les personnages flaubertiens échouent à devenir, et à parvenir, écrasés dans la médiocrité.
Roman d’une génération qui, pétrie de sentimentalité, ne pouvait qu’assister, passive ou férocement bête aux évènements historiques contemporains.
Les personnages tendent à se confondre, à faire des virages idéologiques. Indétermination temporelle et quotidianisation des évènements construisent la chronique d’une mort annoncée : celle de l’Histoire qui meurt avec le coup d’État, restent alors l’écoulement du temps, inexorable et insensible aux soubresauts historiques.
I. Un roman de la maturité
La débalzacianisation du roman
Mythologie toute Flaubertienne des origines du roman : Flaubert aura vécu avec « l’inconnue de Trouville » sa seule passion véritable. Triangle de Maurice Schlesinger, sa femme Élisa et lui-même. Souvenir de la grande passion du jeune Gustave, à qui Elisa est apparue en 1836 sur une plage de Trouville, vient hanter la composition du roman entre 1862 et 1869. Flaubert se liera au couple et le fréquente à Paris pendant ses études de droit. Souvenirs de la grande passion de ce collégien à laquelle se rajouter une autre histoire, (la grande histoire), celle des évènements de 1848. Dans l’ES, Flaubert interroge sa génération, avec laquelle il règle quelques comptes, mais reste dans l’intime : encastrement de l’historique, du mémoriel, et de l’intime.
Roman écrit après Salammbô, il revient aux choses modernes : « l’idée de peindre des bourgeois me fait d’avance mal au cœur ». Cette fois, il écarte la province et suit l’impulsion balzacienne des Illusions perdues pour s’intéresser aux mœurs parisiennes. Il existe de nombreux points communs aux deux auteurs mais il est vrai que la critique perçoit l’ES comme les Illusions perdues selon Flaubert ou la « débalzacianisation du roman ».
Plus qu’un roman de jeunesse, c’est un roman de maturité d’une génération qui doit apprendre la quotidienneté : le romanesque s’efface au profit de la quotidienneté, avec ses répétitions, ses usures.
Intertextualités
On retrouve lien avec le Lys dans la Vallée de Balzac. La femme inaccessible, nimbée de mystère, déjà mûre et mère, représentée sous les traits de Mme de Mortsauf et Marie Arnoux. La même pudeur religieuse caractérise le sentiment que leur portent Félix et Frédéric. Tentés par un autre amour, consommé et. Incarné par une figure féminine sensuelle et tentatrice : Lady Dudley et Rosanette. Opposition entre la bourgeoise et la Lorette. Dans les deux romans, la maladie du fils est vue comme une punition du désir de la mère = avertissement de la providence. Velléités de suicide de Félix et Frédéric empêchées par un parapet.
On retrouve dans l’œuvre les deux modèles que Flaubert opposait : « les gaillards, pratiques, actifs » taillés dans le moule de Rastignac ou de Lucien de Rubempré, et les contemplatifs, type Werther. Profils que l’on retrouve dans l’ES avec le duo Deslauriers et Frédéric. Flaubert retourne 2 modèles concurrent qui saigne mutuellement dans la genèse du roman : le modèle lamartinien du grand amour et le modèle balzacien de la conquête sociale facilité par les liaisons amoureuses.
Du biographème au leitmotiv fictionnel
C’est surtout entre 1841 et 1843 que Flaubert fréquentera le couple d’Elisa et de son mari. Puis les relations sr distendent bien qu’il lui arrive de croiser Elisa.
« Ça m'a duré jusqu'à 18 ans et quand j'ai revu cette femme-là après plusieurs années, j'ai eu du mal à la reconnaître. Je la vois encore quelques fois mais rarement et je la considère avec l'étonnement que les émigrés ont dû avoir quand ils sont rentrés dans leur château délabré. »
L'éducation sentimentale a un statut particulier dans l'œuvre de Flaubert c'est un face à face avec lui même 20 ans après sur les plans intimes et collectifs. Il s'agit d'une poétique romanesque qui pousse alors limite les lois du genre celle des jeunes romantiques qui ont confondu l'art et la politique et n'ont pas su entrer dans l'histoire ».
II. Genèse d’une œuvre
Platitude des personnages
Reproches faits à Flaubert, notamment sur la platitude du personnage de Frédéric qui incarne la « passion inactive » d’une génération. Zola pense que « Frédéric est un impuissant ambitieux, un esprit indécis et faible qui a d’immenses appétits et qui est incapable de les satisfaire ». Pour Théodore de Banville, la médiocrité du personnage fait justement sa justesse et sa vérité historique.
Vulgarité de l’œuvre
Cette vulgarité tiendrait à plusieurs éléments que l’on pourrait rapprocher du réalisme. Pourtant, Flaubert ne s’en est jamais revendiqué, bien au contraire : il a souvent affirmé écrire « en haine du réalisme » (correspondance). Pourtant, la critique le taxe de matérialiste qui confinerait au nihilisme. Misanthropie, athéisme et pessismisme = trinité de reproches.
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