Fiche de lecture-Ces émotions qui nous fabriquent, V.DESPRET

- Fiche de lecture -

Ces émotions qui nous fabriquent

Ethnopsychologie de l'authenticité

Vinciane Despret

Introduction

Les émotions sont mystérieuses et complexes à comprendre. J’ai choisi de lire cet ouvrage car j’avais soif d’en apprendre plus dans ce domaine.

Dans notre formation, je m'aperçois que les émotions seront une part importante de notre métier. Des problématiques telles que ne pas se faire submerger par la détresse de l’autre, avoir la bonne distance tout en ayant une approche bienveillante et empathique sont des thèmes souvent abordés durant les cours.

Dans un premier temps je ferai une courte présentation de l’auteur et du livre choisis. Je ferai ensuite un résumé du livre en respectant trois grands axes de pensée. Enfin, je dévoilerais ma réflexion personnelle sur le sujet.

Présentation de l’auteur et de l’oeuvre

Vinciane Despret est un psychologue et philosophe des sciences. Elle est professeure à l'université libre de Bruxelles et à l’université de Liège. Elle naît le 12 novembre 1959 à Bruxelles. Vinciane Despret reçoit une licence de philosophie avant de commencer des études de psychologie. Elle est également l'auteur de nombreux ouvrages tels que : Quand le loup habitera avec l’agneau, Au bonheur des morts ou bien Que diraient les animaux, si… on leur posait les bonnes questions ?

Ces émotions qui nous fabriquent ; Ethnopsychologie de l’authenticité, est un essai philosophique édité chez Point dans la collection Point Essais paru le 11 février 2022. Les émotions sont devenues un objet reconnu des sciences sociales. Le livre paraît pour la première fois en 1999. Aujourd’hui il est réédité en version poche.

L’objectif de cet essai est d'apporter une approche scientifique aux émotions comme le soutient le sous titre “Ethnopsychologie de l'authenticité”. Il est important d’insister sur le fait que les émotions doivent être “authentiques” pour qu’elles puissent être étudiées. En science cette authenticité est déterminée soit par les passions subies par le sujet, soit car les émotions sont sans équivoque, elles sont les effets d’un phénomène. L’auteur, grâce à ce livre, cherche à dénoncer cette posture qu’elle trouve réductrice et qui altère l'image des émotions qui, selon elle, ne sont pas que intériorité. Et si les émotions étaient plus des causes que des conséquences? Et si le sujet lui-même les avait provoquées, inspirées ou copiées?

Résumé

Je ne respecterai pas le plan de l’ouvrage. Je propose donc un parcours en trois axes. Cela me semble plus cohérent afin de respecter les grandes idées émises dans le livre et de présenter les questions fréquentes durant tout l’essai.

Dans un premier temps nous verrons que l’auteur propose un point de vue relativiste et constructiviste, qui sont deux grands concepts philosophiques. Dans un second temps nous présenterons le fait que les émotions ne sont pas que intériorité, elles peuvent traverser certaines barrières. Enfin nous verrons ce qui provoque les émotions, les causes de celles-ci.

Vinciane Despret adopte un positionnement dis constructiviste et relativiste quant aux émotions. La conception philosophique est un courant philosophique qui admet la relativité de la connaissance. En effet, elle amorce son essai en présentant le fait que “finalement personne ne sait vraiment” (p. 13) ce que sont les émotions. Elle apporte également un regard constructiviste qui est également un concept philosophique. La théorie constructiviste soutient que les activités et les capacités cognitives propres à chaque individu lui permettent d’assimiler et de connaître les réalités qui l'entourent. Grâce à cette notion l’auteur met en lumière le fait que les émotions puissent être variables selon les cultures. Elles ne seraient donc pas universelles.

Elle amène également un point de vue critique face à la façon dont les sciences construisent les émotions pour qu’elles puissent être étudiées. Vinciane Despret énonce le fait que les ethnopsychologues inventent une méthode pour accéder et traduire les émotions qui ne doivent pas être d’un “universalisme dévastateur, ni celui d’un relativisme qui nous ferait dire de tous les langages qu’ils sont intraduisibles et les émois du cœur incommunicables, puisqu’il n’existe aucun instrument de mesure commun” (p. 319). En effet, chaque méthode d’observation ou d’expérimentation est attribuée à une interprétation de l’émotion, l’auteur nomme ceci une “version” de l'émotion. Il est important de nommer les émotions comme des “versions” et non comme des “visions”, elle souligne la nuance. Pour l’auteur, une “vision” s’impose, elle exclut les autres “visions”, de plus elle peut s'imposer ou se refuser, alors qu’une “version” des émotions “se propose et se raconte » (p. 44).

Ici, l’auteur démontre qu’il existe de multiples savoir et de multiples manières d'appréhender ce sujet. Il existe des définitions contradictoires et différentes façons d’envisager le mode de fonctionnement des émotions. Cependant, elle souligne le fait que chaque version ne se valent pas forcément. En effet, dans les laboratoires, ils utilisent des méthodes pour étudier les émotions qui se base sur “la vrai nature” (titre du premier chapitre) des émotions qui seraient déclenchées dans le corps de l'individu, à son insu. Ainsi, l’émotion est vue comme une émanation subie, qui “échappe à la volonté du sujet, […] est une “réaction” et […] échappe à la raison et à la sphère de la culture” (p. 65), tout ceci par souci d’authenticité.

Cependant, cette idéologie ne prend pas en compte la dimension relationnelle et sociale des émotions, elle reste individuelle et propre

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