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Eugène Ionesco, Rhinocéros

Dissertation : Eugène Ionesco, Rhinocéros. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  4 Avril 2023  •  Dissertation  •  706 Mots (3 Pages)  •  254 Vues

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Rhinocéros, d’Eugène Ionesco

Suites aux répercussions de la Deuxième Guerre mondiale et de la guerre froide, la littérature du début XXe siècle est marquée par un fort engagement existentialiste. En effet, la montée des régimes totalitaires est accompagnée d’un endoctrinement de l’être humain, qui commet des atrocités sur lui-même et sur les autres. Les horreurs de la guerre ont apporté un questionnement chez plusieurs auteurs, à savoir s’il y avait vraiment une raison valable à toutes ces atrocités. Ainsi, Eugène Ionesco est décrit comme un fervent représentant du théâtre de l’absurde. Il a écrit de nombreuses œuvres dont Rhinocéros, publié en 1959, une célèbre pièce de l’absurde, dans laquelle il traite du dangereux phénomène de massification dans une ville où les habitants se transforment l’un après l’autre en rhinocéros. Nous étudierons d’abord la symbolique du monstre dans la pièce Rhinocéros au travers de personnages endoctrinés ainsi qu’au travers de Bérenger, qui incarne donc un personnage en pleine crise identitaire.

D’entrée de jeu, le dramaturge nous plonge dans un environnement qu’il qualifie « d’île monstrueuse » en focussant sur les aspects monstrueux des rhinocéros. Ainsi, l’animal, autrefois humain, est représenté tout au long de la pièce avec des adjectifs qualificatifs négatifs liés à un monstre : « Un quadrupède stupide » (p.28), « féroce » (p.28), « c’est un très gros animal, vilain! » (p.65), et « ils sont ignobles! » (p.158). L’auteur fait un parallèle entre le rhinocéros et les citoyens adhérant au fascisme. Ces derniers sont perçus comme des êtres défigurés, détenant une force brute et sauvage, qui inspire la peur. Par la suite, la métamorphose des humains en rhinocéros, force du mal, se fait de façon brutale, rappelant l’aspect monstrueux et sans humanité de celui-ci. Cette déshumanisation se perçoit durant la transformation de Jean dans les didascalies : « Jean parcourt la chambre, comme une bête en cage » (p.100), « Jean, qui a la poitrine et le dos verts » (p.103). De plus, les propos tenus par Jean lors de sa transformation rappellent les idées similaires au nazisme telles que : « je suis misanthrope, misanthrope, misanthrope » (p.100). Cette répétition crée une insistance et reflète son désir d’adhérer au mouvement fasciste. Ainsi, Ionesco rappelle dans cette pièce l’époque du nazisme en créant une atmosphère monstrueuse tout en insistant sur les traits, les transformations des humains en rhinocéros.

La symbolique du monstre est également mise en évidence à travers le personnage principal, Bérenger. Ce dernier est anticonformiste et il perçoit ceux qui se métamorphosent comme des conformistes, des monstres sans humanité. Il refuse de faire partie de ce mouvement : « Je n’en aurait jamais, j’espère. Jamais » (p.114) en parlant des cornes de l’animal. Il est déterminé à rester humain : « je n’abdiquerai pas, moi, je n’abdiquerai pas. » (p.158), « Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu’au bout! Je ne capitule pas! » (p.162). L’anaphore du pronom : « je » reflète l’obsession de Bérenger à rester humain et, ne pas devenir comme la majorité. De plus, il est perçu comme un humaniste isolé, une sorte de monstre en comparaison à la majorité. On perçoit que Bérenger est en crise d’identité pris avec un sentiment de solitude, une perception monstrueuse de lui-même puisque pas conforme aux autres. Il proclame : « je suis un monstre, je suis un monstre. Hélas, jamais je ne deviendrai rhinocéros, jamais, jamais! » (p.162). Bérenger prend une tonalité tragique pour démontrer la gravité de la situation. Ionesco dénonce ici la massification du pouvoir nazi sur la Roumanie. Bref, la symbolique du monstre est aussi perçue par le personnage de Bérenger qui traverse un mal existentiel.

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