Rhinocéros, Eugène Ionesco, 1960
Commentaire de texte : Rhinocéros, Eugène Ionesco, 1960. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 16 Avril 2012 • Commentaire de texte • 813 Mots (4 Pages) • 3 548 Vues
6 Eugène Ionesco, Rhinocéros, 1960
p. 280-281
Objectifs : Dans Rhinocéros, Eugène Ionesco s’interroge sur la notion d’inhumanité en recourant à une allégorie : le rhinocéros. Jean et Béranger représentent deux postures contradictoires face au phénomène de la « rhinocérite ». Dès lors, un des enjeux consiste à analyser les moyens mis en œuvre par le dramaturge pour rendre sensible le processus de déshumanisation
à l’œuvre sur scène.
Face à la rhinocérite
LECTURE DU TEXTE
1. Dans ses répliques, Béranger ne cesse de mettre en valeur la supériorité de l’homme sur l’animal. La différence entre les deux espèces tient à la nature de la loi qui les régit comme l’affirme Béranger.
« Loi morale » (l. 15) « Loi de la jungle » (l. 16)
Les êtres humains adoptent des comportements régulés par un « système de valeurs » (l. 24). Comme le suggère Béranger, l’être humain doit toujours agir en conscience, de manière responsable, en reprenant les modèles légués par la tradition humaniste. « La loi de la jungle » s’applique lorsque les êtres les plus forts écrasent les plus vulnérables.
La loi naturelle dont parle Jean renvoie à cette logique de destruction. Au
lieu de construire une communauté fondée sur le respect mutuel (tradition humaniste), Jean cherche à instaurer le règne du plus fort (usage illégitime
de la violence).
2. Selon Jean, la notion d’humanisme n’a plus de raison d’être au moment où il s’exprime. En déclarant que « l’humanisme est périmé », il pré- tend saper les fondements mêmes de la civilisa- tion occidentale. Alors que l’humanisme prône la grandeur de l’être humain et les valeurs de tolérance, Jean fait montre d’une brutalité qui reflète son désir de s’émanciper de cette vieille rengaine « sentimentale ».
3. La rhinocérite est un processus de métamor- phose qui réduit progressivement la part d’hu- manité de Jean. Ce travail de sape se révèle tout au long du dialogue : alors qu’il accepte le jeu de l’échange polémique dans un premier temps (l. 1 à 22), il se met ensuite à adopter une atti- tude bestiale comme le suggèrent les didascalies (« soufflant bruyamment », l. 22 ; « il barrit presque », l. 31 ; « il barrit de nouveau », l. 34). Cette mutation se révèle plus précisément au terme de l’extrait dans la didascalie aux lignes 40 à 45. Son apparence humaine disparaît au pro- fit de celle d’un rhinocéros (« La bosse de son front est presque devenue une corne de rhinocé- ros », l. 42-43). Dernier signe avant coureur de sa mutation : la perte de tout langage articulé et cohérent (« [il] fait entendre des sons inouïs », l. 45).
4. « Le comique dans mes pièces devient de plus en plus un outil pour faire contrepoint avec le drame » explique Ionesco à propos de Rhinocéros. Dans cet extrait, plusieurs interprétations sont envisageables. D’un côté, le lecteur peut s’iden- tifier à Béranger et éprouver l’effroi suscité par la violence du discours de Jean. La folie croissante de ce personnage en mutation inspire alors la
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