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Epilogue de Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce

Commentaire de texte : Epilogue de Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  19 Juin 2024  •  Commentaire de texte  •  1 657 Mots (7 Pages)  •  90 Vues

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Épilogue de JFM de JLL :

        Juste la Fin du Monde, sortie en 1990, est une pièce de théâtre autobiographique explorant les thèmes de la famille, de  la mort, mais aussi de la difficulté à communiquer, et notamment les non-dits. La pièce se termine sans que Louis puisse révéler sa mort imminente à sa famille, malgré les tensions et la rivalité fraternelle qui ressurgissent tout au long de la pièce. L'épilogue présente donc un monologue, concluant en quelque sorte la pièce, et dans lequel Louis exprime ses regrets et son désir de réconciliation, mais la tragédie reste non résolue.

        Pour commencer, le premier passage du texte est encadré par l’utilisation à deux reprises de l’adverbe circonstanciel de temps « après ».  Ce passage annonce donc une mise en abyme de la pièce, marquant la fin de celle-ci ; d’une part lorsqu’il dit « Après ce que je fais » mais d’autre part, on attend encore la fin puisqu’il dit « après j’en aurai fini ». De plus, la forte utilisation du champ lexical du temps (avec « plus jamais », « quelques mois plus tard » ou encore « une année ») marque un phénomène d’empressement d’en finir avec cette histoire.

On retrouve néanmoins, avec l’évocation d’ « une année », un écho avec le prologue qui parlait à répétition de « l’année d’après ». Ce dernier annonçait la mort à venir de Louis alors que l’épilogue nous confirme son destin inexorable. Par ailleurs, le présent de l’indicatif « je meurs quelques mois plus tard » nous plonge dans une distorsion temporelle, faisant de cette épilogue, un discours post-mortem, puisqu’il est déjà mort. Par conséquent, on ne sait ni d’où il s’exprime, ni quand il s’exprime car il est déjà mort, ce qui porte le récit dans un non-temps et un non-lieu.

        Aussi, il affirme qu’il « ne revient plus jamais » bien qu’il soit devant nous, et qu’il nous soumette un geste vers le passer. Ce que nous voyons avec l’utilisation d’un champs lexical signifiant l’évocation du passé : « se souvenir », « raconter » ou encore l’adverbe « encore ». En outre, le mélange du présent de narration (« je me souviens », « je raconte ») à celui d’énonciation (« je meurs », « je ne reviens plus ») souligne un lien étroit entre ses actions passés et ce qu’il fait en ce moment même, il actualise donc, d’une certaine manière, le passé. Dès lors, nous nous attendons à revivre en quelque sorte la pièce à laquelle nous venons d’assister car il dit « que je raconte encore », mais cette fois symboliquement.  

        Dès le début, nous nous attendons à une anecdote autobiographique de la part de JLL, puisque Louis s’apprête à évoquer un souvenir, ce qui crée un effet quelque peu comique. Effectivement, l’irruption de ce souvenir arrive juste après un passage tragique. De plus, cet effet comique est accentué par la parenthèse « (après j’en aurai fini) », comme s’il rassurait le lecteur ou les spectateurs ennuyé.s que la pièce se terminerait bientôt. Cependant, cette parenthèse a un double-sens puisqu’elle désigne aussi la mort et le retour vers une tonalité plus tragique.

        Ce deuxième mouvement est ensuite marqué par l’encadrement des deux présentatifs « c’est pendant » puis « et c’est ainsi », ce qui montre que Louis dans son épilogue, revient à un évènement antérieur à la pièce, « ces années où [il est] absent ». Comme dans toute anecdote, une abondance de compléments circonstanciels de temps et de lieu (« c’est l’été », « dans le Sud de la France », « la nuit », « la montage », etc.), lui permettent d’ancrer celle-ci dans la vraie vie, comme si Louis voulait en attester la véracité. Mais aussi, le présent de narration est utilisé par deux fois « je décide » et « je sais », ce qui plonge le lecteur dans ce récit.

        Par ailleurs et surtout, ce passage permet en quelque sorte à Louis de justifier ces choix de vie, de manière métaphorique, symbolique. Ainsi, l’opposition entre le chemin ferré et la route, quand il dit (« je décide de marcher le long de la voie ferrée. Elle m’évitera les méandres de la route »), renferme de nombreux symboles.

-D’abord, elle souligne le contraste entre la volonté intentionnelle, inchangeable de Louis (la voie ferrée) et l’indécision des inflexions, qui caractérisent son personnage. En effet, tout au long de la pièce, Louis s’est perdu dans des méandres familiaux constants mais le « chemin de fer », soit la droiture, symbolise sa volonté de résistance et de libération.

-Ensuite, la « voie ferrée » peut aussi signifier son destin inéluctable. En outre, il rajoute « le chemin sera plus court », dans le sens où sa mort est prématurée, ce qui crée une analogie avec sa vie.

-Enfin, bien que « les méandres de la route » fassent référence à la liberté, à l’errance, au temps ; il choisit « la voie ferrée » désignant l’industrie, la droiture, chemin menant plus rapidement à la fatalité.

Également, nous pouvons interpréter ce passage en tant qu’une quête d’identité, à travers divers chemin que Louis pourrait emprunter. Le chemin vers la liberté, étant la route, il choisit l’autre, sans risque de défaite, ni de se perdre. Un rapport de cause à conséquence est donc établi dans cet extrait, entre « parce que je me suis perdu » et « c’est ainsi que je me retrouvai » ; nous comprenons alors qu’il n’essayait pas de se trouver, mais de se retrouver.

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