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Commentaire composé : Pétrarque, Canzoniere, I , traduction André Rochon

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Par   •  29 Février 2024  •  Commentaire de texte  •  1 541 Mots (7 Pages)  •  99 Vues

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Commentaire composé : Pétrarque, Canzoniere, I , traduction André Rochon

Voi ch'ascoltate in rime sparse il suono

 di quei sospiri ond'io nudriva 'l core

 in sul mio primo giovenile errore

 quand'era in parte altr'uom da quel ch'i' sono,

 del vario stile in ch'io piango et ragiono       

 fra le vane speranze e 'l van dolore,

 ove sia chi per prova intenda amore,

 spero trovar pietà, nonché perdono.

Ma ben veggio or sì come al popol tutto

 favola fui gran tempo, onde sovente       1

 di me medesmo meco mi vergogno;

 et del mio vaneggiar vergogna è 'l frutto,

 e 'l pentersi, e 'l conoscer chiaramente

 che quanto piace al mondo è breve sogno.

O vous qui écoutez dans mes rimes éparses
Le son de ces soupirs dont j’ai nourri mon cœur
Au temps de ma première errance juvénile,
Quand j’étais en partie autre que je ne suis

Le style varié, en quoi je pleure et parle
Parmi les vains espoirs et la vaine douleur,
Chez qui comprend l’amour pour l’avoir éprouvé,
Trouvera, je l’espère, et pardon et pitié.

Mais je vois aujour’d’hui comment du peuple entier
Je fus longtemps la fable, en sorte que souvent
De moi-même à part moi j’éprouve de la honte,

Puisque honte est le fruit de mes délires vains,
Ainsi que repentir et claire connaissance
Que ce qui plaît au monde est un songe éphémère.

_______________________________________________

NB : Les titres des parties et des sous-parties figurent entre crochets droits pour indiquer qu’ils ne doivent normalement pas apparaître dans le commentaire qui doit être entièrement rédigé. Ces mentions ont une finalité exclusivement pédagogiques.

[Introduction] Souvent considéré comme le père de la poésie moderne autant que de la culture humaniste, Pétrarque, auteur par ailleurs d’une monumentale œuvre en latin, offre avec son Canzionere une œuvre poétique en langue vulgaire qui a exercé une influence déterminante sur la poésie amoureuse occidentale et a largement contribué à la diffusion du sonnet. La renaissance européenne sera fortement marquée par la vogue du pétrarquisme, comme en témoigne, par exemple, l’apparition dans la langue française du verbe « pétrarquiser » au milieu du XVIe siècle.

Le sonnet qui ouvre le Canzoniere a, en raison de sa position liminaire, une valeur programmatique pour le lecteur. Pourtant il s’agit d’un poème écrit tardivement, alors que le poète est déjà engagé sur la voie de la conversion. L’expérience amoureuse qui nourrit le recueil est mise à distance par une méditation nourrie du sentiment chrétien de la vanité. Nous tenterons donc de montrer comment ce sonnet oriente la lecture du recueil en tant que témoignage d’une expérience humaine propice à la méditation chrétienne.

Nous analyserons tout d’abord le jeu complexe sur la temporalité que met en valeur la structure du sonnet avant d’étudier la double figure du poète qui s’en dégage puis la manière dont ce poème s’inscrit dans la tradition de la confession littéraire qu’il renouvelle.

[I. Le jeu sur la temporalité]

L’usage de tous les temps verbaux, du passé au futur en passant par le présent, suggère d’emblée le rôle déterminant du passage du temps dans ce poème liminaire. Le jeu sur la temporalité est d’autant plus subtil que s’y croisent le temps du lecteur et celui de l’auteur.

[1. Une adresse au lecteur]

L’apostrophe du premier vers convoque d’emblée le lecteur installé dans le présent de sa lecture, ou plutôt de son écoute, le texte poétique étant supposé donner à entendre les « soupirs » de l’amoureux. C’est encore le point de vue du lecteur qui est adopté au début du deuxième quatrain, les soupirs cédant la place à une parole entrecoupée de pleurs : « où je pleure et je parle ». Mais c’est aussi l’avenir qui se dessine à la fin de ce quatrain lorsque Pétrarque évoque le jugement moral que prononcera le lecteur au fil de sa lecture : « j’espère compassion sinon pardon ».

[2. Le regard rétrospectif du poète]

À ce présent tourné vers l’avenir du lecteur qui commence la lecture du recueil s’oppose le regard rétrospectif du poète sur l’œuvre achevée et l’expérience amoureuse qui la nourrit. D’où le contraste entre le « j’étais » et le « je suis » de la fin du premier quatrain, repris en chiasme dans le premier tercet où le présent du « je vois » s’oppose au passé du « je fus ».

[3. La vérité intemporelle]

Le sonnet s’achève sur un présent qui dépasse la situation individuelle du lecteur et du poète pour atteindre une vérité intemporelle en une sentence à valeur universelle : « ce qui plaît au monde est rêve fugitif ». Ce trajet temporel du sonnet n’est pas sans rappeler celui que dessine un autre recueil de Pétrarque qui connut une très grande fortune en Europe à la Renaissance : les Triomphes. Dans ce poème allégorique qui présente, comme son titre l’indique, une succession de triomphes d’une figure allégorique sur celle qui la précède, le Temps est vaincu par l’Éternité.

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