Charles Baudelaire, L’ennemi
TD : Charles Baudelaire, L’ennemi. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar bayitakati • 27 Mars 2023 • TD • 1 436 Mots (6 Pages) • 340 Vues
Lecture Analytique - L’ennemi
Charles Baudelaire est un auteur du XIXè siècle dont la vie à été chaotique et sombre à plusieurs
égards. C’est cette vie qu’il tente d’illustrer dans l’écriture de ses poèmes en vers ou en prose. En 1857, il publie un recueil poétique nommé les Fleurs du mal dans lequel il décrit le monde comme un espace où ne cessent de s’affronter le beau et le mal. Le recueil sera censuré car jugé comme immoral, il publiera alors une seconde version en 1861. Le poème étudié se trouve au début de la section “Spleen & Idéal”; la première et la plus longue section du recueil, où Baudelaire se présente comme un être déchiré entre sa soif de beauté et de pureté et son enlisement dans les tourments du quotidien dont il cherche désespérément à s’extraire. “L’ennemi” est un sonnet écrit en alexandrins, les rimes y sont croisées dans les quatrains et l’alternance des rimes féminines et masculines est respectée. Ce sonnet décrit cet enlisement à travers un réseau très dense de métaphores et Baudelaire se demande s' il peut extraire de cette boue l’or des poèmes. Le titre est effrayant car l’ennemi n’est pas nommé… Il le sera à la fin du sonnet.
[LECTURE]
Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage,
Traversé çà et là par de brillants soleils ;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
Voilà que j’ai touché l’automne des idées,
Et qu’il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l’eau creuse des trous grands comme des tombeaux.
Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?
– Ô douleur ! ô douleur ! Le Temps mange la vie,
Et l’obscur Ennemi qui nous ronge le cœur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie !
Nous nous demanderons donc comment Baudelaire met en scène, dans ce poème, la lutte contre l’enlisement dans la boue de l’existence et contre le temps. Pour répondre à cette problématique nous nous appuierons sur quatres mouvements du poèmes qui correspondent au quatres strophes du sonnet. Dans un premier temps nous analyserons les descriptions péjoratives que l’auteur nous donne de sa jeunesse et de son passage à l'âge adulte. Puis nous nous pencherons sur les doutes qu’il exprime dans le poème et pour finir nous nous intéresserons au cri de désespoir du poète.
Tout d’abord, Baudelaire nous offre un tableau sombre de sa jeunesse.
Le poème est autobiographique comme le soulignent les marques de la première personne du singulier avec les déterminants possessifs “ma jeunesse” au vers 1, “mon jardin” au vers 4. Nous retrouverons le pronom personnel “je” dans la suite du poème. La jeunesse est désignée avec la métaphore péjorative au vers 1 “un ténébreux orage”, celle-ci apparaît comme une période obscure et chaotique dans la vie du poète. La métaphore est renforcée par le développement du champ lexical de la tempête au troisième vers avec les termes “tonnerre”, “pluie” et “ravage”. La mention des “brillants soleils” qui traversent parfois le "ténébreux orage” au vers 2 donne un portrait plus nuancé de cette jeunesse qui semble allier ténèbres et lumières. Il y a également d’autres métaphores comme celle du “jardin” au vers 4 pour désigner l’existence ou l’esprit et celle des “fruits”, également au vers 4, pour désigner la pratique poétique du poète, dans le langage on parlera de fruits de l’imagination par exemple. Le poète nous donne cette impression que dès son plus jeune âge sa vie ou sa pratique poétique a été menacée.
Tout le long de la strophe, nous pouvons faire attention à une alternance à la rime de termes antithétiques; deux termes péjoratifs renvoyant à la destruction “orage”, “ravage” et deux termes mélioratifs “soleils” et “vermeils” renvoyant à l’éclat lumineux.
Nous pouvons donc apercevoir que l’auteur décrit sa jeunesse comme une période difficile de sa vie. Mais ce n’est pas pour autant qu’il nous décrit l’âge adulte avec plus euphorie, bien au contraire.
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