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Baudelaire, "Tu mettrais"

Commentaire d'oeuvre : Baudelaire, "Tu mettrais". Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  19 Juin 2023  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 086 Mots (5 Pages)  •  177 Vues

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  • Baudelaire commence son poême de façon abrupte, en apostrophant à la deuxième personne la femme ou une femme: rien ne permet de trancher, puisque ce nom n'est pas précédé d'un déterminant ou d'un nom propre. Dans le premier cas, le poème vise une catégorie générale; dans le second, une personne en particulier et familière, puisque tutoyée. Il pourrait s'agir de Sara, une prostituée. Dans les deux cas, le mot « ruelle » prend un double sens : l'espace situé entre le lit et le mur ou une petite rue. Dans les deux cas, l'hyperbole antithétique « l'univers entier dans ta ruelle » et le verbe « mettre » supposent qu'elle a un désir insatiable (signifié aussi par le conditionnel) de posséder et même de dévorer comme on le verra dans la suite du poème. Dans la deuxième phrase, le poète en donne une explication : consommer des hommes serait une distraction. Comme Baudelaire, elle fuit lennui. Le rejet au début du deuxième vers et l'exclamation suggèrent Topprobre dont elle est l'obiet à cause de son immoralité confirmée par l'adjectif « impure ».
  • Les vers 3 et 4 confirment cela à la fois par le mot « jeu » et par la métaphore filée, qui donne une image concrète et animale de sa cruauté, « exercer tes dents » (comme le font les chiens), « un coeur au râtelier » (où le bétail vient manger son fourrage), le mot « râtelier » faisant écho à « dents » par un jeu de mots savoureux. Elle fait donc souffrir ses amants.

L'allitération en //dans ce quatrain sonne comme un grognement de cette tigresse, à moins qu'il ne soit du poète qu'elle fait enrager.

  • Sans transition, le poête passe de la description morale à la description physique : celle de ses yeux, source traditionnelle du charme (cf. « un pouvoir », v. T). Ils sont beaux et brillants (« illuminés », « flamboyants », les deux mots étant placés à la fin du premier hémistiche comme pour les rapprocher). Leur | beauté est traduite aussi par les sonorités, par l'assonance en il et lallitération en /fl, cette dernière faisant en outre entendre le souffle des flammes. Cependant la comparaison des yeux avec les « boutiques » et les « ifs » n'est pas aussi valorisante qu'il y paraît. Elle suggère le métier de celle qui se vend dans des lieux publics et qu'on appelle même « fille publique », la rime soulignant ce rapprochement. De plus, les « ifs » laissent supposer aussi que ses « appas » peuvent être empoisonnés, comme les fruits rouges ( couleur qui signale les maisons closes) de cet arbre.
  • Cependant « leur beauté » apparaît usurpée: le « pouvoir » dont ils « usent » est « emprunté », comme s'ils ne faisaient qu'imiter, et ils méconnaissent « la loi », donc ne lui obéissent pas, désobéissance qui peut aussi être signifiée par l'adverbe « insolemment ». Avec le mot « loi », Baudelaire suppose que le don de la beauté a pour contrepartie l'exercice mesuré de son pouvoir. Les yeur sont ici une synecdoque : la prostituée ou la femme séduisent en jouant la comédie de l'amour.
  • Elle est maintenant chosifiée par deux métaphores :

« machine » et « instrument » (mot qui annonce le vers 16). Par conséquent insensible: « aveugle et sourde ». Pire, elle fait « cruelle »), dont la quantité innombrable est signalée par le pluriel, par l'épithète « féconde » et par l'hyperbole « monde » et dont un exemple est donné : « buveur du sang », métaphore qui la rapproche d'engins de torture ou d'une goule.

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