Andromaque, Acte 3, scène 8

Andromaque acte III scène 8 1667

CÉPHISE.  Essaie de persuader Andromaque qu’elle serait

victorieuse si elle épousait Pyrrhus.

Ainsi le veut son fils, que les Grecs vous ravissent.

Pensez-vous qu'après tout ses mânes (esprit d’Hector) en rougissent ?

Qu'il méprisât, Madame, un roi victorieux

Qui vous fait remonter au rang de vos aïeux,

Qui foule aux pieds pour vous vos vainqueurs en colère,  allitération

Qui ne se souvient plus qu'Achille était son père,

Qui dément ses exploits et les rends superflus ?

 Anaphore pour insister sur les états d’âme de Pyrrhus

ANDROMAQUE.  Un devoir de mémoire

Dois-je les oublier, s'il ne s'en souvient plus ?  Litote

Dois-je oublier Hector privé de funérailles,

Et traîné sans honneur autour de nos murailles ? Questions rhétoriques

Dois-je oublier son père à mes pieds renversé, placés à la césure pour

les mettre en valeur

Ensanglantant l'autel qu'il tenait embrassé ?  Allitération une attaque

lâche , le roi était dans un lieu sacré

Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle

Qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle. Euphémisme la mort

Figure-toi Pyrrhus, les yeux étincelants, Une hypotypose 

description de l’horreur pour montrer à Céphise qu’elle ne peut

pas oublier.

Entrant à la lueur de nos palais brûlants,

Sur tous mes frères morts se faisant un passage,

Et de sang tout couvert échauffant le carnage.

Songe aux cris des vainqueurs, songe aux cris des mourants,

Dans la flamme étouffés, sous le fer expirants.

Peins-toi dans ces horreurs Andromaque éperdue :

Voilà comme Pyrrhus vint s'offrir à ma vue ;

Voilà par quels exploits il sut se couronner ;

Enfin voilà l'époux que tu me veux donner.

Non, je ne serai point complice de ses crimes ;

Qu'il nous prenne, s'il veut, pour dernières victimes.

Tous mes ressentiments lui seraient asservis.

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